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L'éclat d'obus, Maurice Leblanc

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 28 Août 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Petite bibliothèque Payot, Roman

L’Éclat d’obus, préface de Jean-Luc Fidel, avril 2013, 316 pages, 8,65 € . Ecrivain(s): Maurice Leblanc Edition: Petite bibliothèque Payot

 

Été 1914. Paul Delroze et sa jeune épouse Élisabeth d’Andeville arrivent au château d’Ornequin, propriété de la famille de la jeune femme, mais laissée à l’abandon depuis la mort de sa mère. Dans ce château lorrain à deux pas de la frontière, au moment même où la guerre est déclarée, une soudaine révélation dresse brutalement l’un contre l’autre les deux amants. Paul, désespéré, se jette à corps perdu dans les combats. Mais très vite, l’affrontement avec l’Allemagne devient pour lui une quête personnelle de vérité – et le moyen d’assouvir sa vengeance.

Publiée en feuilleton dans Le Journal entre septembre et novembre 1915, puis paru en volume en 1916, L’Éclat d’obus est un roman patriotique où la représentation caricaturale des Allemands vient servir la légitimation des combats. Cependant, il ne s’agit pas là véritablement d’un roman de guerre. Ce n’est qu’en apparence que la haine de Paul pour une Allemande incarne la lutte des deux pays : la guerre n’est finalement qu’une toile de fond, riche en péripéties et en événements dramatiques, pour un roman de mystère et de vengeance, qui évoque de près les aventures d’Arsène Lupin.

American Gothic, Xavier Maumejean

Ecrit par Ivanne Rialland , le Samedi, 18 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Alma Editeur, Roman

American Gothic, Avril 2013, 408 p., 22 € . Ecrivain(s): Xavier Mauméjean Edition: Alma Editeur

Au moment où la sortie du film Le Monde fantastique d’Oz rappelle aux Français l’existence du Lyman Frank Baum, dont le roman Le Magicien d’Oz a été rendu célèbre par l’adaptation de Victor Fleming en 1939, le roman de Xavier Mauméjean lui invente un rival, Daryl Leyland (1893-1953), à qui il attribue un recueil de poèmes, de contes et de légendes urbaines : Ma mère l’Oie. Ce recueil concentrerait l’essence de l’imaginaire américain, ce qu’exprime le titre American Gothic repris au tableau de Grant Wood dont les deux paysans à la mine sévère traduisent sa défense de l’Amérique rurale et de sa culture. Mais le livre de Xavier Mauméjean s’attache moins à Ma mère l’Oie, dont il invente cependant des extraits, qu’à la figure de Daryl Leyland, qui constitue le fil directeur d’un roman à la narration éclatée. American Gothic se donne comme l’œuvre du traducteur français de Ma mère l’Oie, qui reproduit les documents liés à une adaptation avortée de l’ouvrage par le producteur Jack L. Warner dans les années cinquante. À cette occasion, la Warner lance sur les traces de Leyland le scénariste Jack Sawyer, auteur d’un mémoire sur Leyland, chargé de vérifier que la biographie de Leyland n’expose pas le studio aux foudres de la sous-commission d’enquête au Sénat présidée par McCarthy. Le roman est ainsi composé pour l’essentiel des rapports de Jack Sawyer, mais aussi d’analyses de l’œuvre ou de la vie de Leyland par un universitaire, de différents témoignages, dont ceux des éditeurs de Leyland, d’extraits de Ma mère l’Oie et d’interventions du traducteur.

Le linguiste était presque parfait, David Carkeet

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 02 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, USA, Monsieur Toussaint Louverture

Le linguiste était presque parfait (titre original : Double negative), traduit de l’anglais (USA) par Nicolas Richard, 3 mai 2013, 288 pages, 19 € . Ecrivain(s): David Carkeet Edition: Monsieur Toussaint Louverture

 

Qui a tué Arthur Stiph ? Ce serait là l’argument d’un classique whodunnit s’il ne se doublait pas d’autres questions, tout aussi obsédantes pour le personnage principal, le linguiste Jeremy Cook : qui donc a pu le qualifier de « parfait trou du cul » devant la ravissante Paula ? Et que signifie m’boui dans la bouche de Wally Woeps, seize mois ?

Le genre du roman policier adopté par David Carkeet pour son premier roman, paru en 1980, est manié avec aisance et distance, pour bâtir une intrigue qui, sans se réduire à un prétexte, est subordonnée à la fantaisie d’un auteur soucieux avant tout de nous faire rire.

L’institut Wabash, spécialisé dans l’étude de l’acquisition du langage, est le cadre pittoresque de ce mixte entre David Lodge et Agatha Christie. Perdu au fin fond de l’Indiana, le centre de linguistique réunit une poignée de linguistes plongés dans l’étude des babillages des bébés d’une crèche placée au milieu d’un espace circulaire évoquant irrésistiblement le panoptique de Jeremy Bentham.

De l'érotisme, Robert Desnos

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mardi, 16 Avril 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Poésie, Gallimard

De l’érotisme, et Voici l’amour du fin fond des ténèbres, Annie Le Brun, février 2013, 116 p. 6,90 € . Ecrivain(s): Robert Desnos Edition: Gallimard

Gallimard propose sous la couverture de la collection « L’imaginaire » la réunion d’un texte de Desnos paru dans le recueil Nouvelles Hébrides et autres textes (1922-1933) édité chez Gallimard par Marie-Claire Dumas (dont les notes sont reprises ici), et de l’article publié par Annie Le Brun en 2011 dans le n°3 de la revue L’Étoile de mer (nouvelle série), cahiers de l’Association des Amis de Robert Desnos.

Le texte de Desnos, écrit à la demande du mécène Jacques Doucet en 1923, constitue une brève histoire de la littérature érotique de l’Antiquité à Guillaume Apollinaire. Cette histoire est partielle, et forcément partiale, puisque, comme l’explique Desnos dans un chapitre préliminaire, « l’érotique est une science individuelle ». La place laissée à Sade n’est cependant guère contestable, et Desnos bâtit entièrement son texte autour de son œuvre. Elle est en effet à ses yeux un ferment essentiel de l’esprit moderne, et cela bien au-delà du seul érotisme. Desnos distingue ensuite l’œuvre de Sacher-Masoch, le masochisme étant « la seule forme d’amour qui se soit développée depuis Sade ». S’il salue chez Apollinaire « le rôle essentiellement moderne du fouet », le lecteur ne peut s’empêcher d’évoquer la grande scène de flagellation du pensionnat d’Humming-Bird, dans La liberté ou l’amour !qui cristallise soudainement un fantasme érotique que Desnos place au cœur des « mystérieuses arcanes de [s]on érotique imagination » (La liberté ou l’amour, ch. X « Le pensionnat d’Humming-Bird Garden »).

Sayonara Gangsters, Genichiro Takahashi

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mardi, 09 Avril 2013. , dans La Une Livres, Japon, Les Livres, Recensions, Roman

Sayonara Gangsters, Books éditions, 20 mars 2013, traduit de l’anglais Jean-François Chaix, d’après la traduction du japonais de Michael Emmerich, 223 p., 18 € . Ecrivain(s): Genichiro Takahashi

 

 

Vieille dame, quintuplés, habitant de Jupiter, « chose incompréhensible », et même Virgile transformé en frigo, tout le monde défile dans la classe de poésie du narrateur, dans un monde où les gangsters font la loi, où l’on apprend sa mort par un faire-part envoyé par la mairie et où les rivières peuvent couler au 6ème étage des immeubles.

On pourrait placer ce roman sous l’égide des Métamorphoses d’Ovide, un Ovide en exil, aussi saoul qu’il l’est dans le roman, où il fait une apparition dans le récit du réfrigérateur Virgile. La fantaisie débridée du roman invite à l’énumération d’éléments incongrus plutôt qu’au résumé, mais il y a bien là cependant une histoire, discrète, celle des amours de Sayonara Gangsters, le narrateur, qui encadrent de leur tendresse et de leur mélancolie le défilé cocasse des aspirants poètes.