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Roman

Je vais beaucoup mieux que mes copains morts, Viviane Chocas

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 24 Janvier 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Héloïse D'Ormesson

Je vais beaucoup mieux que mes copains morts, 12 janvier 2012, 175 P. 17 € . Ecrivain(s): Viviane Chocas Edition: Héloïse D'Ormesson

Blanche est une jeune femme un peu paumée, un peu idéaliste, qui se cherche tout en cherchant le job qui lui permettra d’atteindre le but qu’elle s’est inconsciemment assigné. Ainsi se retrouve-t-elle animatrice d’un atelier d’écriture dans une maison de retraite. Elle avance à l’aveuglette, apprenant à s’adresser à ses vieux au fur et à mesure des séances. Sa première déception est le nombre de participants qu’elle espérait important (un atelier d’écriture ne peut qu’intéresser les gens, fussent-ils âgés) mais qui se réduit à neuf personnes.

Elle tâtonne, Blanche, tant dans ses attitudes que dans ses questions, et ses hésitations la renvoient à elle-même. « T’es obligée d’articuler comme une débile » se lance-t-elle, preuve qu’elle avance en terre inconnue, d’autant que les questions qu’elle pose à ses vieux créent chez eux un malaise dont elle ne sait pas bien quoi faire, des émotions qu’elle a du mal à canaliser. Les souvenirs, parfois anciens et douloureux refont surface, et Blanche veut utiliser ce matériau pour atteindre un objectif : « Les redresser, leur rendre la parole. Mais c’est sous ses pieds aujourd’hui que s’ouvre la trappe du verbe. Sous ses pauvres pieds. Pour enfin témoigner ».

Deadwood, Pete Dexter

Ecrit par Yann Suty , le Jeudi, 19 Janvier 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, USA, Folio (Gallimard)

Deadwood, Folio Policier, 610 p. 1986, traduit de l’anglais (USA) par Martine Leroy-Battistelli, 9,10 € . Ecrivain(s): Pete Dexter Edition: Folio (Gallimard)

« Cet endroit se prête aux idées noires […]. Ici, rien n’est normal, même le temps. Nulle part, il n’y a d’orages pareils. Le jour de notre arrivée, on a vu deux hommes portant une tête humaine en pleine rue. […] Un Mexicain avec celle d’un Indien, et une crapule qui louchait et qui s’appelait Boone May, avec la tête du hors-la-loi Frank Towles. Tout homme intelligent est donc obligé de réfléchir aux choses de la mort… »

Avec Deadwood, aventurez-vous dans l’Ouest américain, le vrai. Celui des cow-boys, plutôt que des indiens, mais loin des clichés hollywoodiens. Le western auquel nous convie Pete Dexter n’a rien de très glamour. Ou bien, il est ultra réaliste, c’est selon.

Tous les personnages, à l’exception d’un seul (et peut-être le plus fou de tous), ont existé et on été présents à Deadwood dans les années 1870. On retrouve des noms rendus mythiques par le cinéma : Wild Bill Hicock, Calamity Jane. Mais sous un jour beaucoup moins flatteur. Ce ne sont que des pochards, des dégueulasses qui ne se lavent qu’une fois de temps en temps, et qui n’ont pas franchement le profil de héros sauvant la veuve et l’orphelin. Au contraire.

Noces de verre, Philippe Routier

Ecrit par Paul Martell , le Dimanche, 15 Janvier 2012. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Stock

Noces de verre, janvier 2012, 224 p. 18 € . Ecrivain(s): Philippe Routier Edition: Stock

La banalité du mal.

La formule d’Hanna Arendt pourrait s’appliquer au livre de Philippe Routier, Noces de verre, qui nous propose un voyage très éprouvant pour les nerfs.

Le père de Khadija, Tareq, est épicier à Puteaux. Après la mort de sa femme, il décide de retourner au pays, à Essaouira au Maroc. Khadija a 19 ans, elle travaille dans un magasin Relay et, pour elle, ce départ est le début d’une « cruelle solitude » qui durera de longs mois. Solitude que semble briser, un an plus tard, sa rencontre avec Virgile dans une laverie automatique.

Virgile suit des études pour devenir prothésiste dentaire et il est passionné de tuning. Ce n’est pas exactement le coup de foudre entre les deux gens, mais ils vont être amenés à se fréquenter et à se plaire l’un l’autre.


« Khadija voyait en son compagnon un garçon un peu fruste au charme puissant, plein de tonus, qui aimait potasser ses cours et qui saurait se bâtir un solide avenir. Elle avait besoin de s’appuyer sur un jeune homme de cette trempe pour entamer une nouvelle vie. Cette nécessité affaiblissait son discernement et lui ôtait toute méfiance. »

Pour une vie plus douce, Philippe Routier

Ecrit par Paul Martell , le Samedi, 14 Janvier 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, J'ai lu (Flammarion)

Pour une vie plus douce, 6,10 € . Ecrivain(s): Philippe Routier Edition: J'ai lu (Flammarion)

Sorti en 2009, le livre de Philippe Routier trouve une résonnance particulière, aujourd’hui, en pleine crise économique sous fond de dettes d’Etats. Son sujet principal, le surendettement, n’est pas sans rappeler l’ouvrage d’Emmanuel Carrère, D’autres vies que la mienne. Mais à la différence de ce dernier qui avait une approche quasiment documentaire des choses, en se plaçant du côté des juges chargés de traiter ce type de cas, donc avec une certaine distance, Philippe Routier se met du côté des endettés, les suit dans leur quotidien, et donne une véritable incarnation au sujet.

Au début du livre, le père du narrateur sort de prison après y avoir passé sept ans. On apprendra plus tard que c’est parce qu’il a cherché à tuer son fils. Mais celui-ci lui a pardonné. Il attend même son père à sa sortie de prison, non pas pour régler des comptes, mais pour l’aider à reconstruire sa vie et à repartir de l’avant. « J’ai la certitude que mon père m’a toujours profondément chéri, même si, plus tard, son acte effarant […] en ferait douter un jury d’assises ».

Dès lors, Philippe Routier va s’attacher à remonter aux causes de cet emprisonnent. « Ecorché vif, mon père ne le fut jamais qu’aux coudes, pour avoir rampé vers une place au soleil qui ne cessait de reculer devant lui ». Pour se faire cette « place au soleil », le père achète, achète encore, achète toujours.

Le retour de Silas Jones, Tom Franklin

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 11 Janvier 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Albin Michel

Le retour de Silas Jones (Crooked Letter) Traduit de l’américain par Michel Lederer. 390 p. 22,90 € . Ecrivain(s): Tom Franklin Edition: Albin Michel


Bienvenue au cœur du Mississipi. Sa végétation luxuriante, sa faune de serpents et rats, et ses habitants guère plus avenants.

Le retour de Silas Jones nous plonge droit au cœur d’un pays où il ne fait pas forcément bon vivre. En tout cas où on regarde où l’on met les pieds en marchant, mais aussi en ouvrant sa boîte aux lettres. On ne sait jamais, un serpent à sonnettes pourrait y avoir été glissé…


Larry Ott a 41 ans. Depuis des années, il vit seul dans la maison de ses parents devenue la sienne. Larry est mécanicien automobile. Il a un garage, mais aucun client, sinon quelques personnes perdues en chemin. Tous les habitants du coin l’évitent. Plusieurs années plus tôt, il a été impliqué dans la disparition d’une jeune fille, Cindy. Ils étaient allés ensemble au drive-in, et à l’issue de la soirée, elle a disparu. Son corps n’ayant jamais été retrouvé, Larry n’a pu être prouvé coupable, mais pour tout le monde, il l’est. Ainsi, il est devenu « Larry le Pourri ».