Libéré de l’espoir… non, le petit Jon est trop jeune pour penser cela, penser que c’est cela qui s’installe dans sa tête quand il se couche, au seuil de sa porte, dans la nuit glaciale : il aura neuf ans le lendemain.
Il en a rêvé, de ce train électrique pour son anniversaire, ce train qui siffle dans son esprit et qui les emporte, Vibeke, sa mère et lui. Loin d’ici, dans cet endroit reculé de Norvège où l’on dirait que l’hiver et la nuit ne finiront jamais… Vibeke, sa mère, il ne l’appelle pas autrement, ne pense à elle que sous ce prénom. Une seule fois, vers la fin, il pensera « maman ». Ces deux-là ne se sont pas trouvés, ne se retrouvent pas. Leurs routes se croisent, à un moment, mais implacable, le destin les trace et les traque.
Le fil du récit passe de la mère au fils, enchevêtrant leur soirée d’abord légèrement, puis effroyablement. On assiste, impuissant, à l’inéluctable.