Le joli titre ! Carte postale idéale en cette fin d’hiver ; la Mer Égée, et là-haut, pas loin des côtes turques, une île grecque comme on en voit dans « Thalassa » ; on entendrait presque la musique du générique… Et, de se dire, parce qu’on se souvient de son écriture fine et sensible, et de ses histoires plutôt charpentées – ce genre guide bleu ? Antoine Silber ? Serait-ce un leurre ?
Et nous, de lire, en regardant de plus près ce livre-vie, bien plutôt que livre-balade, qui nous emmène, « empruntant le vieux ferry, tout blanc, qui se traîne, qui part du Pirée à trois heures de l’après-midi et arrive à Patmos à onze heures du soir ». Petit, le bouquin, et simple : le couple Silber achète sur l’île un « spitaki », micro-maison, « un rêve de maison ». Trois bouts de murs chaulés, posés au milieu d’un jardin-fourre-tout : « là-haut, il y a un à-plat, on voit toutes les îles, les cailloux, autour de Patmos, et la Turquie, l’Asie… ». Le contexte est posé – ce n’est pas le moindre intérêt du récit : la Grèce des années-crise, de la débrouillardise au bord du gouffre, ferraillant avec une Europe pas généreuse d’emblée. « Kostas n’avait pas été payé depuis deux ans ; il ne roulait plus en voiture et n’allait plus manger à la taverne ».