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Roman

Puta Madre, Patrick Besson

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Samedi, 21 Février 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Table Ronde

Puta Madre, octobre 2014, 192 pages, 7,10 € . Ecrivain(s): Patrick Besson Edition: La Table Ronde

 

Polar écrit au rythme soutenu d’un roman qui vous emporte, Puta Madre laisse un bonheur de lecture inaltérable. Le style & le rythme de l’écrivain captivent le lecteur. Patrick Besson a un style personnel dont le rythme marque par sa fluidité et ses rebondissements, sa concision, sa vitesse de F1 jouant avec brio avec le sens de la formule.

Les passages ne manquent pas où l’humour décalé refait le monde, dans le récit, dans la voix de l’auteur, dans les répliques (plus que des dialogues) et les pensées des personnages :

« – En ce moment, vous êtes marié ou divorcé ? – Il faudrait que je consulte mon avocat afin de ne pas dire de bêtises » / « Notre histoire d’amour aura duré six ans, ce n’est pas si mal. C’est deux fois plus que dans le film de Beigbeder ».

Les personnages séduisent par l’immaturité de leur comportement (« Il la prit dans un demi-sommeil béat, puis elle alluma une cigarette. Les ados fument pour être adultes et on reconnaît les adultes restés ados à ce qu’ils fument » ; aussi par leur humour (rehaussant la beauté comme presque poétique de certaines phrases : « Le champagne n’est pas de l’alcool, c’est de l’eau avec un sourire à l’intérieur »).

Autopsie sentimentale, Véronique Brésil

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 20 Février 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Ipagination

Autopsie sentimentale, septembre 2014, 178 pages, 12 € . Ecrivain(s): Véronique Brésil Edition: Ipagination

 

Existe-t-il, l’amour heureux ? Aragon répond :

Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur

Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri

Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri

Ce premier roman de Véronique Brésil, qui a débuté sa carrière littéraire en publiant des nouvelles chez iPagination, en est une dramatique illustration. Les noces semblent toujours être le début d’une vie conjugale faite d’entente et de bonheur, la source d’un « long fleuve tranquille ». C’est sous ce bel augure, par la cérémonie de mariage de l’héroïne, que commence la première partie du livre.

Ce jour-là, nous avions convié le bonheur à notre table. Et le bonheur avait répondu présent.

Les druzes de Belgrade, Rabee Jaber

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 17 Février 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays arabes, Gallimard, Moyen Orient

Les druzes de Belgrade, janvier 2015, traduit de l’Arabe (Liban) par Simon Corthay et Charlotte Woillez, 340 pages, 22,90 € . Ecrivain(s): Rabee Jaber Edition: Gallimard

 

Le temps de l’exil

Pour comprendre ce magnifique roman, il faut se replonger dans l’Histoire du Liban du 19e siècle lors des affrontements entre les Chrétiens Maronites et les Druzes. Ces derniers sont des Arabes dont la population vit aussi bien en Syrie, en Galilée, en Jordanie qu’au Liban. Les Druzes sont des musulmans qui appartiennent à une branche dérivée de l’Islam : l’Ismaélisme.

Le roman prend naissance dans les conflits préexistants avant le massacre des chrétiens par les Druzes en 1860, année à laquelle Hannan Jaacoub, le protagoniste de l’histoire, sera déporté vers les Balkans. En effet, les révoltes successives des paysans druzes du Mont-Liban contre les abus du gouverneur maronite entraînent les tueries des chrétiens à Damas où on comptait presque 5000 victimes dans la seule journée du 9 juillet 1860. Le roman s’y intéresse et l’auteur évoque effectivement cette tragédie dans les premières pages de son roman :

Philida, André Brink

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 16 Février 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Actes Sud

Philida, septembre 2014, traduit de l’anglais (Afrique du sud) par Bernard Turle, 371 pages, 23 € . Ecrivain(s): André Brink Edition: Actes Sud

 

Toute notre jeunesse, nos engagements, nos espoirs ; on est tous dans les livres d'André Brink, qui vient de refermer la porte...

 

André Brink – plus quelques autres ! – c’est pour nous tous, l’apartheid, ses sombres pages, et, un jour, la sortie de l’enfer. Mais, avant l’apartheid, nous dit Brink dans ce livre, il y a eu dans la lumière des terres, qui aujourd’hui s’appellent l’Afrique du Sud, l’esclavage. Et dans cet esclavage – fascinantes poupées gigognes – une Philida qui fut – mi-XIXème autant dire hier – l’ancêtre de l’écrivain qui retrouve avec elle comme un chaînon manquant de sa longue histoire.

Tous les livres d’André Brink sont littérature d’exception ; cris au-delà des malheurs, pour réunir les hommes. Celui-ci, particulièrement : tous les talents de l’écrivain, dans un des plus beaux portraits de femme que porte la littérature, et le vrai de l’Histoire.

Querelle autour d’un petit cochon italianissime à San Salvario, Amara Lakhous

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 14 Février 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud, Italie

Querelle autour d’un petit cochon italianissime à San Salvario (Contesa per un maialino italianissimo a San Salvario) octobre 2014, traduit de l’italien par Elise Gruau, 208 pages, 20 € . Ecrivain(s): Amara Lakhous Edition: Actes Sud

 

« E la nave va »

Enzo est journaliste. Il travaille sans réel enthousiasme pour un quotidien de Turin, songeant souvent à quitter le métier sans vraiment y parvenir. Enzo habite, comme l’auteur, dans le quartier de San Salvario où les populations de toutes origines se mêlent, non sans quelques frottements qui irritent vite et pourraient ruiner la relative paix sociale qui s’est installée entre ses habitants.

L’histoire de Gino, le petit cochon purement italien, supporter de la Juventus que Joseph élève sur son balcon, pourrait bien mettre le feu aux poudres depuis qu’il a été filmé se promenant tranquillement dans la mosquée du quartier. Qui est responsable de cette mise en scène et de sa diffusion ? Joseph s’est-il fait piégé ? En tout cas, l’évènement ne laisse indifférent personne, des musulmans qui fréquentent la mosquée aux xénophobes qui entendent bien défendre jusqu’au bout Gino, symbole des symboles d’une vraie italianité, en passant par les défenseurs des animaux et du bien-être animal.