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Recensions

La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 20 Septembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Le Livre de Poche

La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez, Le livre de poche . Ecrivain(s): Olivier Guez Edition: Le Livre de Poche

 

Jusqu’où peut aller la vérité romanesque ? Doit-elle se substituer à la vérité historique, se superposer à cette dernière, ou limiter sa prétention à un rôle second ? Olivier Guez, dans La Disparition de Josef Mengele, apporte une réponse qui sera précieuse à tous ses potentiels lecteurs que nous espérons très nombreux : il franchit cet obstacle parfaitement en narrant la vie de Joseph Mengele durant l’après-guerre en Amérique Latine par l’imaginaire, bien sûr ; mais aussi en s’adossant à une solide documentation historique et livresque.

Ce qui frappe tout d’abord à la lecture de ce texte, c’est le souci constant de mise en perspective d’Olivier Guez concernant la situation de l’après-guerre. Ainsi décrit-il les lieux de Buenos Aires que Mengele fréquente : « Depuis quelques jours, il arpente Buenos Aires. La colossale avenue du 9 juillet et son obélisque ; Corrientes, ses cabarets et ses librairies ; le gratte-ciel Barolo et les cafés Art nouveau de l’avenue de Mai ».

Mirouault les murs seuls nous écrivent, Serge Prioul (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 19 Septembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Mirouault les murs seuls nous écrivent, Serge Prioul, Editions La Plume de Léonie, mai 2024, 90 pages, 10 €

 

Né à Fougères en 1955, Serge Prioul a travaillé dans le textile et a deux passions, la pierre et le poème. Poète-maçon, maçon-poète, il s’inscrit dans les pas fervents du « manœuvre » que fut le grand poète Thierry Metz.

A l’occasion de travaux de maçonnerie à Mirouault, le poète a alterné les ciseaux et la truelle, la plume et le ciment, la taille et la pierre, l’écriture des murs et celle des mots.

Sans un mot de trop, comme une pierre s’enchâsse, le poème déroule sa fatigue, sa précision d’orfèvre, le coup d’œil de l’artisan, la griffe du poète.

Pas de graisse entre les mots. Pas de surplus de colle ou de ciment entre les pierres. L’esthétique de notre poète sent l’économie et la justesse. Au fil des travaux, les poèmes viennent, le soir après travail, ou durant la journée, sur un bord de bétonneuse.

L’Âge de l’innocence, Edith Wharton (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 17 Septembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Les Belles Lettres

L’Âge de l’innocence, Edith Wharton, Les Belles Lettres, 2019, trad. anglais (Etats-Unis) Sarah Fosse, 453 pages, 15,50 € . Ecrivain(s): Edith Wharton Edition: Les Belles Lettres

 

C’est en 1920 que paraît ce roman qui obtient le Prix Pulitzer en 1921. L’autrice, Edith Wharton, entend répondre à son mentor, Henry James, qui lui enjoignait de dépeindre New York, avec ce roman qui se situe donc dans le New York de la seconde moitié du 19ème siècle.

C’est plus précisément au début des années 1870 que se situe le roman, dans le milieu très fermé de la bonne société new-yorkaise, milieu élitiste dans lequel l’étiquette a ses exigences auxquelles on ne saurait se soustraire. Tout y est codifié, s’agissant du langage, du vêtement (on se change pour le dîner…), du maintien corporel ou des interactions dans une société qui règle les parcours, qui ne tolère aucun écart quant aux codes en vigueur et où les unions ne sont pas nécessairement liées au transport amoureux.

As-tu rejoint l’île ?, Jeanine Salesse (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 13 Septembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

As-tu rejoint l’île ?, Jeanine Salesse, éditions Pétra, juin 2024, 86 pages, photographies de l’auteure, 16 €

 

D’une Jeanine l’autre ou le journal tenu par l’amie à propos des derniers mois de vie de Jeanine Baude, poète, éditrice chez Pétra, amoureuse de l’Océan et de l’île d’Ouessant. Le livre accompagne l’amie, chez elle, à Ouessant, à l’hôpital où elle est soignée pour un cancer.

Les 71 poèmes tracent, entre souvenir et déploration, le portrait d’une femme qui aimait la vie, les autres, la poésie, l’amitié. Mais comment rejoindre la disparue ? Sinon par les poèmes, sinon par la ferveur de l’amitié. Comme dans le beau livre de René de Ceccatty, L’accompagnement, Jeanine Salesse honore la mémoire toute proche d’une sœur d’écriture :

« Cantate de la remémoration

Quelle joie de retrouver ta maison après un séjour à l’hôpital ! » (p.21).

Aurores, Résonance avec ma rivière, Françoise Sérandour (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 12 Septembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, L'Harmattan

Aurores, Résonance avec ma rivière, Françoise Sérandour, L’Harmattan, juin 2024, 86 pages, 12 € Edition: L'Harmattan

 

Hommage à la beauté du monde, baume sur la souffrance des vivants, voilà ce qui transparaît dès les premières pages de ce recueil, à travers « la coulée de lumière » des mots dans leur « trame bleue ».

« Les ailes de l’aigrette blanche / si faites de pigments naturels / reflètent naturellement la lumière / par la magie du Ciel ».

Cette vision esthétique, contemplative de la nature est, semble-t-il, un refuge, une échappatoire à la douleur indicible de la perte des êtres chers.

L’auteure compare la « Parole poétique, abandonnée aux dieux, mais révélée hors du silence », à la Parole d’Eurydice retrouvée qu’Orphée tente de remonter des Enfers grâce au pouvoir de son chant.

Dans le cas de la poète, il semblerait qu’il s’agisse, non de remonter une femme des Enfers, mais de ressusciter le souvenir d’un être cher, en l’occurrence sa mère, avec, comme « madeleine de Proust », le parfum des violettes de l’enfance.