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La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret 20.09.24 dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Le Livre de Poche

La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez, Le livre de poche

Ecrivain(s): Olivier Guez Edition: Le Livre de Poche

La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez (par Stéphane Bret)

 

Jusqu’où peut aller la vérité romanesque ? Doit-elle se substituer à la vérité historique, se superposer à cette dernière, ou limiter sa prétention à un rôle second ? Olivier Guez, dans La Disparition de Josef Mengele, apporte une réponse qui sera précieuse à tous ses potentiels lecteurs que nous espérons très nombreux : il franchit cet obstacle parfaitement en narrant la vie de Joseph Mengele durant l’après-guerre en Amérique Latine par l’imaginaire, bien sûr ; mais aussi en s’adossant à une solide documentation historique et livresque.

Ce qui frappe tout d’abord à la lecture de ce texte, c’est le souci constant de mise en perspective d’Olivier Guez concernant la situation de l’après-guerre. Ainsi décrit-il les lieux de Buenos Aires que Mengele fréquente : « Depuis quelques jours, il arpente Buenos Aires. La colossale avenue du 9 juillet et son obélisque ; Corrientes, ses cabarets et ses librairies ; le gratte-ciel Barolo et les cafés Art nouveau de l’avenue de Mai ».

L’auteur souligne à bon droit la convergence idéologique entre les idées des nazis et celles de certains dictateurs sud-américains tels que Perón en Argentine, ou Stroessner au Paraguay. On découvre également, en Argentine, la parution régulière d’un journal rédigé en allemand Der Weg (la voie, le chemin) animé par des anciens du IIIe Reich : Eberhard Fritsch, engagé dans les Waffen-SS, Croix de Fer première classe, affecté au bureau central du repeuplement de la race en Pologne. Toutes les relations que Mengele va nouer, dans le cercle des réfugiés nazis, seront du même calibre.

Autre mérite d’Olivier Guez : rappeler que les idées nazies de purification, de supériorité de la race aryenne, d’élimination des parasites étaient déjà présentes dans la science officielle par l’eugénisme et le darwinisme dans leurs implications les plus extrêmes : « Tout le monde voulait faire de la biologie car elle menait aux carrières les plus prestigieuses et les plus rémunératrices (…) la société allemande ne raisonnait alors qu’en termes biologiques. La race, le sang ».

Olivier Guez parvient à accéder à une dimension historique affirmée tout au long de ce qui n’est pas, et ne peut pas être, un récit exclusivement romancé, par respect pour les victimes et pour l’Histoire. Il s’appuie sur les témoignages, cités à plusieurs reprises dans son livre, de Miklós Nyiszli, médecin légiste à Auschwitz, forcé d’exécuter les ordres du docteur Mengele et auteur de Médecin à Auschwitz ; et aussi sur celui de Johann Chapoutot, La Loi du sang, qui a permis à l’auteur de mieux restituer la vision nazie.

Le quotidien de Josef Mengele, ses fréquentations, ses relations familiales épistolaires ou directes, sont également évoquées avec une grande vraisemblance. Faut-il comme le dit l’auteur « se méfier des hommes » ? Olivier Guez réussit avec beaucoup de talent et de force de conviction à nous faire toucher du doigt cet aspect effrayant de l’histoire : l’impunité d’un criminel contre l’humanité.

 

Stéphane Bret

 

Romancier, essayiste, ancien journaliste, Olivier Guez est notamment l’auteur de La Disparition de Josef Mengele (Grasset 2017, Prix Renaudot), et a reçu le César allemand du meilleur scénario pour le film Fritz Bauer, un héros allemand. Il vit à Rome.



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A propos de l'écrivain

Olivier Guez

 

Journaliste et écrivain, Olivier Guez assure la correspondance de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, pour la culture à Paris

 

A propos du rédacteur

Stéphane Bret

 

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63 ans, réside actuellement à Boulogne-Billancourt, et s’intéresse de longue date à beaucoup  de domaines de la vie culturelle, dont bien sûr la littérature.

Auteurs favoris : Virginia Woolf, Thomas Mann, Joseph Conrad, William Faulkner, Aragon, Drieu La Rochelle, et bien d’autres impossibles à mentionner intégralement.

Centres d’intérêt : Littérature, cinéma, théâtre, expositions (peintures, photographies), voyages.

Orientations : la réhabilitation du rôle du savoir comme vecteur d’émancipation, de la culture vraiment générale pour l’exercice du libre arbitre, la perpétuation de l’esprit critique comme source de liberté authentique."

 

REFERENCES EDITORIALES :

Quatre livres publiés :

POUR DES MILLIONS DE VOIX -EDITIONS MON PETIT EDITEUR 
LE VIADUC DE LA VIOLENCE -EDITIONS EDILIVRE A PARIS
AMERE MATURITE -EDITIONS DEDICACES 
L'EMBELLIE - EDITIONS EDILIVRE A PARIS