Aurores, Résonance avec ma rivière, Françoise Sérandour (par Parme Ceriset)
Aurores, Résonance avec ma rivière, Françoise Sérandour, L’Harmattan, juin 2024, 86 pages, 12 €
Edition: L'Harmattan
Hommage à la beauté du monde, baume sur la souffrance des vivants, voilà ce qui transparaît dès les premières pages de ce recueil, à travers « la coulée de lumière » des mots dans leur « trame bleue ».
« Les ailes de l’aigrette blanche / si faites de pigments naturels / reflètent naturellement la lumière / par la magie du Ciel ».
Cette vision esthétique, contemplative de la nature est, semble-t-il, un refuge, une échappatoire à la douleur indicible de la perte des êtres chers.
L’auteure compare la « Parole poétique, abandonnée aux dieux, mais révélée hors du silence », à la Parole d’Eurydice retrouvée qu’Orphée tente de remonter des Enfers grâce au pouvoir de son chant.
Dans le cas de la poète, il semblerait qu’il s’agisse, non de remonter une femme des Enfers, mais de ressusciter le souvenir d’un être cher, en l’occurrence sa mère, avec, comme « madeleine de Proust », le parfum des violettes de l’enfance.
La spiritualité présente en trame de fond et déclinée en tankas rappelle les concepts bouddhistes d’impermanence et de méditation zen :
« Douceur aérienne », « lévitation dans un corps uni à l’esprit de la mer », ne faisant qu’un avec les vagues et se sentant en osmose avec toutes les formes de vie de l’écosystème aquatique : algue, poisson, oiseau…
Quand la mer, en résonance possible avec la mère, est absente, la rivière prend le relai et assure le même rôle d’apaisement.
D’autres courants de pensée sont mentionnés notamment des influences amérindiennes.
Si ce recueil devait être placé sous le signe d’un animal totem, il s’agirait de l’oiseau.
« “J’écris des oiseaux” / “J’écris et je couds les mots dans ma tête…/”
Les fils ne s’emmêlent plus / les oiseaux sont passés par le trou de ma rétine ».
Après une « chute, une brisure », il semblerait que les volatiles aient le pouvoir de s’introduire dans le monde imaginaire, d’y révéler la grâce d’une musique, ressuscitant la capacité d’émerveillement :
« Le cristallin clair, peint de bleu-rose poudré, mon œil voit, lit, s’extasie, pointe de son iris la minuscule coccinelle orange à points noirs sur le rebord de la fenêtre ».
« Depuis que je suis dans la lumière, le blanc brille en étincelles platine et argent / les fleurs brillent, resplendissantes ».
Et l’auteure de conclure : « Je crois en la beauté qui sauve »…
Et nous la croyons volontiers, après avoir lu cet ouvrage lumineux, mélange de délicatesse, de sensibilité et de douce résilience.
Parme Ceriset
Titulaire d’un Doctorat en Ethnologie et Sciences de l’éducation (Universités de Lille III et d’Agadir), conteuse, bibliothécaire, enseignante, Françoise Sérandour a conduit des actions de formation à l’écriture collective (Portugal, Maroc), créé de nombreux Ateliers d’écritures à Rennes : lycées, prisons, INSA/Ecole d’Ingénieurs Rennes, Maison Internationale de Rennes. Elle a publié plusieurs recueils de poésie aux éditions L’Harmattan.
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