Une phrase revient comme un leitmotiv dans le roman de Gaëlle Bélem : « C’est comme ça, un point c’est tout ». C’est la toute dernière du récit, répétée par la narratrice comme par les autres personnages du roman. Cette phrase énonce un fatum têtu qui tient tout un clan, assurément le clan le plus maudit de l’île de La Réunion : Les Dessaintes. Pourtant ce n’est pas la concurrence au destin le plus funeste qui manque dans une île aux mélanges sociaux et raciaux souterrainement volcaniques, de toute évidence.
« Tout cela se passait à Sainte-Marie puis Bras-Panon, tout près de Millemogom qu’on appelle parfois Paniandy. Mais, ç’aurait pu être n’importe où ailleurs, dans les Hauts de Libéria ou à Dioré, du côté de Saint-Leu et même Villèle. Le lieu n’avait guère d’importance ; les personnes non plus ; sur cette île, à l’époque, les Noirs, les petits Blancs dits Yab, les Malbars dont les ancêtres venaient entre autres de Calcutta, tous souffraient pareillement de toute façon ».