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Recensions

Un secret, Magdalena, Elsa Oriol (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 17 Septembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse

Un secret, Magdalena, Elsa Oriol, éditions L’Étagère du bas, septembre 2021, 32 pages, 14 €

 

Le pot-aux-roses

Dès l’ouverture de ce remarquable album jeunesse, riche de 32 pages, aux dimensions de 24,5 cm x 30,5 cm, le mot secret s’affiche sur la 2ème et la 3ème de couverture, sous forme de messages confidentiels, dépliés et froissés, assez nombreux (plus de 40). Ces bouts de papier relatent un morceau d’histoire de Paul et de Laura, les deux principaux protagonistes. L’on peut y lire Journal secret intime, ou pitié dis-moi ton secret, tu sais pas garder un secret, etc., griffonnés avec une écriture enfantine et colorée. La graphiste et illustratrice Elsa Oriol brosse de véritables tableaux, à la peinture à l’huile, ce qui est assez rare. L’on peut voir le jus de la matière pour le motif des cheveux, par exemple, le grattage du fond (des sols), le tout assorti de tons poudreux, mats, bistres, rehaussés de bleus ciel, de jaunes paille.

Le temps appris, Patrick Devaux (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 15 Septembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Le Coudrier

Le temps appris, Patrick Devaux, mai 2021, 67 pages, 16 € Edition: Le Coudrier

 

Le temps appris, recueil de poésie de Patrick Devaux, illustré par de magnifiques aquarelles de Catherine Berael, est une immersion poétique au cœur du thème du souvenir, des mots adressés aux disparus. Au-delà de l’absence, du temps écoulé, le poète a la conviction qu’il demeure quelque chose des aimés, de l’amie disparue devenue « ange » : « Il est tard / mais je la sais / vivante / entre les mots du sommeil ».

Dans la continuité de Rimbaud et de sa célèbre « mer allée avec le soleil », le ciel et les oiseaux offrent à l’auteur une porte d’accès vers l’éternité. Au souvenir de la mystérieuse défunte, il dédie « des milliers de mots que jamais elle n’aura lus ».

Il y a également, en toile de fond, une réflexion philosophique passionnante sur le temps qui passe. Le temps est cet ennemi, cet assassin insidieux contre lequel nul ne peut lutter : « L’abeille /à / la fenêtre / ne sait rien /du / temps appris / qui /malgré / sa transparence / va /lui briser les ailes ». Le poète s’interroge sur la toute-puissance du temps qui a malheureusement le pouvoir de tout détruire : « Le temps / n’a pas bien / compris / des dieux /les ailes / qu’il avait / reçues ».

Avant que le monde ne se ferme, Alain Mascaro (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 14 Septembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Autrement

Avant que le monde ne se ferme, Alain Mascaro, août 2021, 245 pages, 17,90 € Edition: Autrement

 

Tout aura commencé dans la steppe kirghize, au sein de la « kumpania » dans laquelle Anton Torvath va croître. Né au début du « siècle des génocides », Anton va acquérir ses armes de circassien dans un cirque composé de jongleurs, de trapézistes, de dompteurs. Il sera lui-même dompteur de chevaux. Anton Torvath est tzigane, et ce « fils du vent » va devoir voyager pour rencontrer le pire dans une Europe « où le bruit des bottes écrase tout ».

« Les années s’égrenaient doucement au rythme des spectacles : monter, démonter la toile, atteler les chevaux, tracer la route… Des enfants naissaient ; d’autres étaient en âge d’intégrer la parade ou de présenter un numéro. Ils s’essayaient à tout, même à ce qu’ils n’aimaient pas a priori, c’était la règle du cirque Torvath. C’était ainsi que naissaient les vocations, ainsi qu’arrivaient les accidents ». Anton va aimer les chevaux et les chevaux vont l’aimer, depuis l’enfance, après qu’un accident l’aura fortuitement dirigé vers les équidés qui ne cesseront d’importer dans son périple.

L’Affaire Pavel Stein, Gérald Tenenbaum (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 14 Septembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres

L’Affaire Pavel Stein, Gérald Tenenbaum, Cohen & Cohen éditeurs, août 2021, 146 pages, 17 €

 

Enseigner les mathématiques dans une université de bon niveau (ou dans un autre établissement) ne prédestine pas à occuper une place, quelle qu’elle soit, dans la littérature. Or, Gérald Tenenbaum, professeur de mathématiques à l’université de Lorraine, auteur d’une Introduction à la théorie analytique et probabiliste des nombres (omise à la rubrique « Du même auteur »), a également composé plusieurs romans qui ne se réduisent pas à une succession chronologique de titres, mais forment à présent cet ensemble organique qu’on appelle une œuvre, où chaque nouvel ouvrage prend place naturellement, non sans modifier la physionomie du tout. L’ensemble dépasse la somme des parties (peut-être y a-t-il une manière mathématique de formuler plus adéquatement cette idée). De même qu’il existe une relation entre l’unité que constitue le roman isolé et le tout que forme l’œuvre, une autre relation apparaît, entre l’œuvre et la tradition dont elle relève. La littérature française est, depuis Montaigne, une littérature de moralistes, ce qui n’implique pas une vision étriquée de la réalité, mais une volonté d’explorer les ressorts cachés des actions humaines (les maximes de La Rochefoucauld ont la rigueur, la transparence et l’inexorabilité des postulats géométriques).

L’Œil immuable, Oskar Kokoschka (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 13 Septembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Langue allemande, Arts, L'Atelier Contemporain

L’Œil immuable (Articles, conférences et essais sur l’art), Oskar Kokoschka, avril 2021, trad. allemand, Régis Quatresous, 456 pages, 25 € Edition: L'Atelier Contemporain

A l’école de la peinture

C’est un plaisir étrange que de fréquenter les œuvres des grands peintres. On y découvre toutes sortes d’univers, des créations marquées par un tempérament, ou encore des visions du monde où le regard joue un rôle essentiel. On apprend, avec eux, à voir ce qui nous entoure, nous qui sommes si souvent borgnes ou franchement aveugles en ce monde. C’est une riche école où il est question de formes et de vibrations, de lumières, de contrastes ou du feu intérieur des couleurs. Les peintres savent nous suggérer l’impalpable, l’intelligible ou le presque rien. Nous avons beaucoup à apprendre d’eux.

C’est ce à quoi l’on pense en lisant la publication des éditions L’Atelier contemporain, L’Œil immuable, ouvrage qui réunit des textes d’Oskar Kokoschka parus entre 1910 et les années 60. On y découvre que le grand artiste autrichien ne fut pas simplement peintre, contemporain de Klimt, acteur de l’expressionnisme naissant dans la Vienne du début du XXème, mais qu’on lui doit aussi une œuvre littéraire assez fournie. Des récits autobiographiques, des textes purement littéraires (poèmes et drames), des écrits politiques et des essais sur l’art. Ce sont ces derniers que rassemble l’ouvrage L’Œil immuable.