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Recensions

Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 05 Mars 2025. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, Seuil Jeunesse

Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard, Seuil Jeunesse, Coll. Seuil’issime, janvier 2025, 64 pages, 5 € Edition: Seuil Jeunesse

 

Les léporidés qui s’habillent

Voici un nouvel album jeunesse, au format de 15x19 cm, entièrement écrit et illustré par Antonin Louchard, né en 1954 à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), auteur doté de plusieurs Prix dont le Prix Sorcières 2000. Plusieurs de ses ouvrages font partie de la Bibliothèque idéale du Centre national de la littérature pour la jeunesse (BnF). À la question Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard répond par un conte : il était une fois un jeune lapin, un lapereau (déjà sevré) affublé d’un prénom impossible à prononcer, surnommé simplement Zou.

« Le matin de notre histoire, Zou est joyeux, très joyeux même. Bien plus joyeux qu’un lapin ordinaire ». Ainsi, le héros de l’histoire s’en va musardant, chantonnant, se balader en forêt parmi les trèfles et les marguerites, cueillir des fleurs. Bref, Zou est un être champêtre. De plus il est amoureux de la jolie Betty, une demoiselle lapine aussi blanche que lui. Mais la communication s’avère difficile car la nature a ses droits et ses travers.

Ma grand-mère et le Pays de la poésie, Minh Tran Huy (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 21 Février 2025. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Récits, Flammarion

Ma grand-mère et le Pays de la poésie, Minh Tran Huy, éd. Flammarion, janvier 2025, 176 pages, 19,50 € Edition: Flammarion

L’importance du lien avec les ancêtres, le rôle des liens familiaux sont un élément essentiel de la culture vietnamienne, marquée par le bouddhisme et le confucianisme. Mais qu’en est-il lorsque de nombreux ressortissants de ce pays ont été contraints, il y a maintenant plus de cinquante ans, de fuir leur pays natal après la prise du pouvoir par les communistes de Saigon, en 1975. C’est ce que raconte Minh Tran Huy, écrivaine déjà consacrée par plusieurs Prix littéraires et autrice de neuf livres.

Le récit de Minh Tran Huy est un hommage à sa grand-mère, surnommée très affectueusement Bà, vocable utilisé dans la langue vietnamienne et se référant à la situation générationnelle d’une personne par rapport à une autre. Minh Tran Huy prend soin de tout évoquer : la vie de Bà, au Vietnam, au moment de la première guerre d’Indochine, celle menée contre les troupes du corps expéditionnaire français ; elle y décrit l’attente du retour de l’époux et du beau-père de Bà : las, ils ont été pris tous deux dans un guet-apens à l’occasion d’un simulacre de réunion, et exécutés dans la jungle parce que jugés collaborateurs en raison de leur origine bourgeoise et de leur absence d’appartenance au parti communiste vietnamien.

Le rêve du jaguar, Miguel Bonnefoy (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 20 Février 2025. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Rivages

Le rêve du jaguar, Miguel Bonnefoy, Rivages, août 2024, 304 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Miguel Bonnefoy Edition: Rivages

 

Ce roman flamboyant, baroque, touffu comme une généalogie, est un hommage rendu au Venezuela par l’un de ses fils, qui vient de là-bas.

Il est impossible de relater l’intrigue de ce livre tant il brasse nombre d’histoires, de lignées, de paysages et de faits historiques. C’est toute l’histoire d’un siècle de Venezuela, avec ses révolutions, ses dictatures, ses faits d’armes, que nous lisons, page après page.

Antonio, Ana Maria, Venezuela, Cristobal, entre autres personnages d’une véritable saga centrée autour du lac de Maracaibo, portent l’histoire complexe d’une famille. De l’abandon d’Antonio sur les marches d’une église, jusqu’au retour au pays de son petit-fils Cristobal, le roman regorge d’événements notoires : les deux premiers sont devenus médecins dans une région qui n’en avait jamais connus.

L’Oiseau rouge, Mémoires d’une femme Dakota, Zitkàla-Sà (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 14 Février 2025. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Récits

L’Oiseau rouge, Mémoires d’une femme Dakota, Zitkàla-Sà, Editions Les Prouesses, octobre 2024, trad. anglais (USA), Marie Chuvin, 128 pages, 18 €

L’autrice, une autochtone dakota née en 1876 dans une réserve sioux, met en écriture des épisodes déterminants et des anecdotes cruciales de sa vie dans ce livre qui réunit quatre récits écrits et publiés initialement séparément dans une revue américaine de gauche entre 1900 et 1902, et qui reconstitue, de façon cohérente, chronologique, un itinéraire existentiel porteur d’une évolution culturelle, psychologique et suprêmement politique.

Empreintes d’une enfance indienne :

Jusqu’à l’âge de huit ans, la narratrice vit, court, évolue en quasi totale liberté dans l’espace déjà clos mais encore relativement vaste d’une réserve indienne. L’évocation est bucolique, poétique, expression d’une existence sereine, heureuse, marquée, dans le wigwam, par la présence d’une mère aimante et aimée, et, dans le quotidien, par les rituels traditionnels, par l’apprentissage de la confection des mocassins et des travaux de perles et d’aiguilles, sous la protection du Grand Esprit, dans un environnement naturel habité et animé par le souvenir des ancêtres et par les âmes des héros tombés sous les balles des envahisseurs blancs.

Ann d’Angleterre, Julia Deck (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 12 Février 2025. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Seuil

Ann d’Angleterre, Julia Deck, Le Seuil, août 2024, 256 pages, 20 € . Ecrivain(s): Julia Deck Edition: Seuil

 

Entremêlant passé et présent d’une femme au grand âge, le roman, pour être largement autobiographique, découvre des pans entiers d’une vie qu’une fille aborde à propos de sa mère.

A 84 ans, Ann mène encore une vie autonome, faite de cours, de voyages, de lectures. Et puis, c’est l’AVC qui la rend dépendante, qui l’amène pour de longs mois à l’hôpital. Sa fille Julia se bat parce qu’elle croit intimement qu’elle va récupérer. C’est alors la litanie des passages d’une clinique l’autre, la recherche d’une maison de repos qui ne soit pas un mouroir.

A la sidération succède chez Julia, romancière, le sentiment de perdre quelqu’un qu’elle a toujours vu en grande forme.

La quête du passé très riche de la mère dévoile une personnalité féconde, intellectuelle, active. Venant d’un milieu défavorisé, Ann s’est battue elle aussi pour trouver sa place dans une société très marquée par les castes.