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Poésie

Poèmes des jours terribles et des jours suivants, Eliaz Cohen (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 30 Novembre 2018. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Israël

Poèmes des jours terribles et des jours suivants, Éditions du Levant, 4è trimestre 2018, trad. hébreu Michel Eckhard Elial, Peintures à l’huile Denis Zimmerman, 62 pages . Ecrivain(s): Eliaz Cohen

 

A la poésie, rien d’impossible, puisqu’aux problèmes insolubles, les poètes offrent des réponses insaisissables. Par exemple, comment survivre à la fin du monde ? Un vertige plus puissant que l’Apocalypse suffit !

 

« Flotter au-dessus du tourbillon

je sais

qu’après l’extinction du soleil

et la dernière étoile

je serai à nouveau emporté vers lui » (p.32)

Œuvres, Georges Perros (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 26 Novembre 2018. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Gallimard

Œuvres, Quarto, novembre 2017, 1600 pages, 32 € . Ecrivain(s): Georges Perros Edition: Gallimard

 

Georges Poulot, un jour de 1953, devint Georges Perros. Ainsi la NRF voulait-elle éviter une confusion avec les articles signés Georges Poulet, critique belge. Le comédien, ami de Gérard Philipe, et du même cours (Denis d’Inès, professeur) que Dany Robin, quittait le monde du théâtre pour entrer de plain pied en littérature, tout d’abord comme critique littéraire de la fameuse maison sise rue Bottin, ensuite, mais à son cœur défendant, en tant qu’écrivain, auteur de notes, d’aphorismes, poète. Il acceptera d’être publié en 1960 : Papiers collés. On lui proposait cela depuis 1956 : recueillir ses notes de travail, ses aphorismes. La Bretagne lui colle à la peau, la poésie aussi. Retiré en Bretagne, il y apprendra les leçons essentielles du silence et de la mer. Œuvres rassemble l’ensemble des textes critiques et poétiques de Perros, les uns édités de son vivant, les autres, posthumes, ou encore recueillis dans ses journaux, ses carnets, ses correspondances.

Thierry Gillybœuf, au-delà de sa préface, de sa biobibliographie illustrée de Georges, introduit chacune des œuvres du poète et professeur (à Brest).

Très doucement, Jacques Sojcher (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 26 Novembre 2018. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Très doucement, éditions Au coin de la rue de l’Enfer, avec cd enregistrement de Monique Dorsel, 2015 . Ecrivain(s): Jacques Sojcher

 

Ce besoin de douceur que chacun a en nous renvoie à l’origine de ce que devrait être l’Humanité, ce que tente d’initier le poète écrivant « quelques mots sur un carnet pour ne rien perdre de la perte ».

Kaléidoscope de la vie courante d’amour entre les gestes les plus quotidiens observés de manière à les laisser découvrir. Beaucoup de mots mêlés autant que « l’immense, l’immense manque ». Etrange quête à chercher entre les phrases l’instant salvateur du souvenir d’enfance : « histoire perdue, dont il ne reste que la mémoire floue ».

Poésie de situation, presque de scénario cinématographique de manière à susciter l’émotion à travers l’instant qui évoquerait le moment idéal. Quelque chose de la « madeleine de Proust » avec la religion pour témoin, ce qui sacralise l’évènement musicalisé d’anges enchanteurs, même si derrière l’ange se cache la femme idéale, recherchée, unique avec le risque trop imagé de transcender une sorte de maternité perpétuelle :

Rêves de paysages, Claudine Bertrand (par France Burghelle Rey)

Ecrit par France Burghelle Rey , le Lundi, 26 Novembre 2018. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Éditions Dumerchez

Rêves de paysages, octobre 2018, photographies de Joël Leick, 12 € . Ecrivain(s): Claudine Bertrand Edition: Éditions Dumerchez

 

Le titre du dernier recueil de Claudine Bertrand fait appel, de manière oxymorique, à la fois à l’imaginaire et à la réalité, annonçant celui de la première partie, Insolite Acadie, ainsi que le font les photographies suggestives en noir et blanc de Joël Leick.

Dès l’incipit, semblent se confondre les deux univers. N’est-ce pas là le propre même de la poésie ? Ce premier texte peut apparaître, d’ailleurs, comme une métaphore de l’écriture dans tout son potentiel :

Le ciel défait ma chevelure

délivre des sons

sur la plage offerte

Cette chevelure, l’artiste nous en offre un cliché où se trouve collé, dans un rectangle blanc et en majuscules, le mot « pluie ». L’eau lustrale évoquée par la photo permettra sans doute à la catharsis d’avoir lieu.

L’Anneau de Chillida, Marilyne Bertoncini (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 26 Novembre 2018. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

L’Anneau de Chillida, Marilyne Bertoncini, L’Atelier du Grand Tétras, mai 2018, 80 pages, 12 €

 

Traces

Le dernier livre de Marilyne Bertoncini pose une question fondamentale, au moins pour ceux qui réfléchissent sur les conditions de l’énoncé. Du reste, plus ma lecture avançait, plus je me questionnais sur le statut du langage. Or, ce statut a un rôle ambigu, à la fois de faire voir la réalité et de faire réalité en soi, par sa propre existence. Et ce recueil à mon sens interroge avec une certaine grâce le positionnement de l’écriture devant le réel. Car ici, on voit distinctement un voyage en chemin de fer, une maison où roule la lumière, des pays et des paysages du sud de l’Europe, et pour finir ou presque, l’intellection de l’auteure sur la genèse, une genèse qui s’équilibre sur l’Éden et le péché originel.

Et tout cela m’est apparu dès le titre de la première partie du livre, Le Tombeau des Danaïdes, qui sonne évidemment comme « le tonneau des Danaïdes ». Dès lors, j’ai pu commencer ma lecture sachant l’impossible blessure et le soin par là-même, d’être touché par le langage, par le trop-plein de la langue, la sorte d’eau continuellement impossible à contenir et ainsi renouveler l’effort d’exprimer jusqu’à la mort, jusqu’au tombeau, la condition d’être-là, en somme dire le Dasein.