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Les Livres

Le sérieux bienveillant des platanes, Christian Laborde

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 21 Septembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Les éditions du Rocher

Le sérieux bienveillant des platanes, août 2016, 132 pages, 14 € . Ecrivain(s): Christian Laborde Edition: Les éditions du Rocher

« Le “Tarbais” c’est la Rolls du haricot, enfant d’une terre limoneuse, caillouteuse à souhait, juste ce qu’il faut d’argile. Si la terre avait été trop argileuse, la peau du haricot eût été plus épaisse, sa chair plus farineuse. Rien de tout ça, il est parfait, le haricot tarbais. Et s’il est si fondant, c’est parce qu’il n’a jamais cessé, en grandissant, d’avoir chaud au cul. Il a profité à fond, en effet, de la tiédeur des galets du gave ».

Le sérieux bienveillant des platanes ressemble au délicieux haricot « Tarbais », caillouteux à souhait, fondant comme l’accent qui l’habite. Un accent qui vient des cols pyrénéens où se postait l’écrivain pour voir passer avec son père les héros du Tour de France. Un roman qui a profité de la douceur des galets qui roulent sous sa langue, un roman qui a chaud au verbe. Roman « slamé », que l’on lit, comme l’on écoute les chansons gasconnes de Bernard Lubat, ou que l’on fredonne celles de Claude Nougaro, le boxeur troubadour de Toulouse. Le sérieux bienveillant des platanes est un roman du retour aux sources, au village, à Paulhac. Tom y vient pour enterrer son grand-père, son Pépé – un mot sans électricité, sans chahut, sans violence, un mot doux, une caresse –, sous les yeux et les mots de la douce Joy, sa princesse, clandestine, libre de faire ce qu’elle souhaite et de faire corps avec Tom. Un retour, et un passage dans l’accélérateur à particules des souvenirs, où les mots valsent en trois temps, les trois temps du roman.

Terre, David Brin

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 21 Septembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, USA, Roman

Terre, éd. Milady, janvier 2016, trad. anglais (USA) Michel Demuth, revu et corrigé par Tom Clegg, 920 pages, 12,90 € . Ecrivain(s): David Brin

 

Lire de la science-fiction dans sa variante anticipation proche, quand on s’intéresse à l’histoire du genre, revient dans les faits et la plupart du temps à lire des uchronies : l’an 2000 dans la science-fiction des années cinquante ou soixante est ainsi plutôt éloigné de ce que l’on a pu vivre ou vit encore aujourd’hui. Mais ça fait partie des charmes du genre, et tant pis si en 2001 aucune mission spatiale n’est partie à la rencontre d’un parallélépipède noir absorbant la lumière du côté de Jupiter… Donc, on (déc)ouvre Terre, le septième roman de l’auteur et scientifique américain David Brin (1950), publié en 1990, avec une relative appréhension : sa vision de 2038 est-elle encore plausible aujourd’hui, le lecteur ne risque-t-il pas de se lasser de l’histoire parce que les innovations proposées lui semblent tout à fait erronées voire dépassées (ou tellement farfelues qu’elles feraient rire aux éclats – ça arrive, et nous tairons les titres par charité) ? Globalement, la réponse est négative, tout reste plausible dans ce roman, malgré quelques exagérations que l’auteur lui-même revendique dans une postface intelligente ; ainsi, la montée du niveau des mers due au réchauffement climatique a été amplement exagérée – mais cela sert le propos narratif, nous y reviendrons.

Les Parisiens, Olivier Py

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 20 Septembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud, La rentrée littéraire

Les Parisiens, août 2016, 544 pages, 22,80 € . Ecrivain(s): Olivier Py Edition: Actes Sud

 

Le roman d’Olivier Py est construit, un peu à la manière de scènes de théâtre, sous forme de tableaux, lieux géographiques (Le château, L’église…) ou thématiques (La guerre, Deux femmes…), coups de projecteur sur des rencontres, des conversations, des pensées intérieures.

Deux personnages, Aurélien et Lucas, jeunes Rastignac du XXIe siècle, incarnent les deux tendances antagonistes mais réductibles d’Olivier Py : le libertaire et le sacré. L’une comme l’autre transcendent la mort et se rejoignent dans l’Art, le théâtre, la musique, la poésie : « Oublier la mort, oublier que l’on va mourir, vaincre, triompher […] croire à son destin et ridiculiser la mort ». Aurélien le solaire, tourné vers la vie, le plaisir et la fête, s’oppose à Lucas l’ombrageux, qui lutte et se débat contre des forces obscures.

Autour d’Aurélien, deux univers gravitent et se mêlent par épisodes : d’une part, le milieu de la politique et de la culture, où se cotoient les pires stratèges et les coteries qui s’opposent, se méprisent et se livrent une guerre sans merci ; d’autre part, une joyeuse bande de révolutionnaires, transsexuels, homos, lesbiennes, qui défendent, en mots et en actes, les droits et la liberté des « travailleuses du sexe » et inventent le terme de « putitude ».

Paula T. une femme allemande, Christoph Hein

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 20 Septembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Métailié

Paula T. une femme allemande, trad. allemand Nicole Bary, 487 pages, 12 € . Ecrivain(s): Christoph Hein Edition: Métailié

 

 

Le titre du roman de Christoph Hein est éponyme de celui du film de Fassbinder, Lola une femme allemande. Paula Trousseau, c’est son nom, est une femme qui tombe très tôt victime de l’autoritarisme familial, en proie à un père épouvantable, violent qui ne laisse guère la voix au chapitre dans le cadre étouffant du giron familial. Elle perçoit, très vite, les pires inconvénients du mariage et entrevoit ses conséquences comme un abandon, comme l’entrée dans une prison dont les clés ne se rouvriront pas de sitôt :

« Avec le mariage, j’allais être à nouveau enfermée dans une maison et la seule chose que je serais en droit d’espérer serait le quotidien de la vie conjugale, les enfants, et pour finir la vieillesse et la mort ».

Notre quelque part, Nii Ayikwei Parkes

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 19 Septembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Iles britanniques, Roman, Zulma

Notre quelque part (Tail of the blue bird), mars 2016, trad. anglais Ghana, Sika Fakambi, 270 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Nii Ayikwei Parkes Edition: Zulma

 

Une ténébreuse histoire…

Cela se passe au Ghana.

Kayo Dwoda, revenu au pays, après avoir achevé ses études en Angleterre, avec le titre de médecin légiste, ne se voit proposer qu’un médiocre et ennuyeux poste de préposé à la gestion des stocks de produits dans un laboratoire d’analyse biochimique d’Accra.

« Son existence lui donnait mal au crâne. Travailler dans un laboratoire d’analyse biochimique n’était pas exactement ce qu’il avait projeté de faire de sa vie et, presque un an plus tard, tout cela commençait à le miner sérieusement ».

A des lieues de là, un village qui vivait paisiblement depuis toujours sa vie de village africain protégé des nuisances de la modernité par son isolement se retrouve malencontreusement au bord d’une grand-route nouvellement construite, ce qui donne à la maîtresse favorite d’un ministre, qui passait par là, l’idée d’ordonner à son chauffeur d’y faire une petite halte.