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Les Livres

Rendez-vous à Crawfish Creek, Nickolas Butler

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 24 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Autrement

Rendez-vous à Crawfish Creek, octobre 2015, trad. anglais (USA) Mireille Vignol, 313 pages, 19 € . Ecrivain(s): Nickolas Butler Edition: Autrement

 

Nickolas Butler (1979) a gagné ses lettres de noblesse littéraires auprès de tous les amateurs d’americana avec Retour à Little Wing (2014, réédité cet automne dans la collection Points), un grand, très grand roman sur l’Amérique profonde chérie de Springsteen, Mellencamp ou Jurado, pas celle des cinglés de la gâchette persuadés que quiconque ne bâfre pas ses trois livres de viande par jour et n’a pas un flingue dans chaque pièce de la maison est un barbare à civiliser ou éradiquer. Ce roman est, au même titre que les meilleures des chansons des trois musiciens cités en comparaison, une sorte de flambeau qui peut accompagner longtemps qui s’y est attaché.

Cet automne, l’actualité de Nickolas Butler est double. Outre la réédition en collection de poche de Retour à Little Wing (on ne le dira jamais assez : un roman à lire et chérir), il y a la publication de son premier recueil de nouvelles, Rendez-vous à Crawfish Creek. Soit dit en passant, on peut remarquer la confiance, voire la foi de l’éditeur français en ce jeune auteur américain, puisque ce recueil est traduit environ cinq mois après sa publication en anglais.

Jean-Jacques Schuhl, Du dandysme en littérature, Guillaume Basquin (2nde critique)

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 22 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Biographie, La rentrée littéraire, Editions Honoré Champion

Jean-Jacques Schuhl, Du dandysme en littérature, septembre 2016, préface Philippe Forest, 200 pages, 30 € . Ecrivain(s): Guillaume Basquin Edition: Editions Honoré Champion

« C’est un styliste. Haute couture ! Vous qui aimez le prêt-à-porter, laissez tomber. Schuhl accélère jouant sans cesse avec les réminiscences du lecteur. A quelle vitesse lisez-vous ? A quelle vitesse écrivez-vous en lisant ? A quelle vitesse comprenez-vous ce que vous venez de lire ? »

Partons d’un principe, on écrit une biographie pour poursuivre son propre travail d’écrivain, son aventure romanesque, pour écrire un nouveau roman sous l’éclairage d’un écrivain complice, ou pour le moins rêvé ainsi. Les exemples ne manquent pas : La vie de Racine de François Mauriac, Francis Ponge de Philippe Sollers, Lautréamont de Marcelin Pleynet, Cours, Hölderlin ! de Jacques Teboul, Dante écrivain de Jacqueline Risset et quelques autres. Reste que pour savoir écrire une biographie, il convient de savoir lire et de savoir écrire (1), de se glisser avec légèreté dans une œuvre – sans oublier de s’y confronter, parfois même de croiser de fer –, savoir lire, pour bien savoir écrire, l’inverse est aussi nécessaire. Guillaume Basquin qui est un styliste s’est déjà attaché à l’œuvre de Jacques Henric, un autre styliste, il y a des parentés qui naissent dans les livres, qui naissent des livres, des communautés de goûts et de manières, des amitiés sélectives.

Le manteau de Proust, Lorenza Foschini

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 22 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Italie, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Le manteau de Proust, La Petite Vermillon, traduit de l’italien par Danièle Valin, 144 pages, 5,90 € . Ecrivain(s): Lorenza Foschini Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

L’essai de Lorenza Foschini illustre, sans jeu de mots, un pan entier de la vie de Proust et de son cher manteau mondain. Comme il révèle l’engouement de Jacques Guérin, amateur proustien des premières heures et collectionneur de tout ce qui touche à cet univers aussi mystérieux qu’intrigant.

Ce livre, donc, n’est pas seulement une enquête minutieuse quasi ethnographique sur le destin de cette pelisse proustienne, retrouvée au Musée Carnavalet, et de tout ce qui entoure cette découverte.

A l’origine, bien sûr, il est cette relation particulière qu’un proustien, Guérin, a réussi à nouer avec la belle-sœur et légataire de Marcel Proust, Madame Robert Proust, qui, d’abord réticente, permit à Jacques Guérin de retrouver certains manuscrits et autres objets des dernières heures de l’illustre écrivain.

Cette relation découvre aussi le mépris dans lequel Marthe, la belle-sœur, tenait l’œuvre de Marcel. Elle consentit cependant à laisser filer quelques traces ; elle en perdit beaucoup, puisqu’elle brûla nombre de papiers et d’écrits.

Le Garçon Scènes de la vie provinciale, Olivia Resenterra

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 21 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Serge Safran éditeur

Le Garçon Scènes de la vie provinciale, août 2016, 144 pages, 15,90 € . Ecrivain(s): Olivia Resenterra Edition: Serge Safran éditeur

 

Le projet d’écrire sur le rien est-il réalisable ? Est-il possible d’écrire sur la platitude, l’inconsistance, la petitesse, l’immobilité du quotidien, sur la routine des heures qui défilent ? Oui, dans le roman Le garçon Scènes de la vie provinciale, l’auteur, Olivia Resenterra, réussit parfaitement cette prouesse. Ce roman est hors temps, hors sol. Nous ne saurons pas dans quel lieu il se déroule. Nous saurons juste que les jours y défilent dans la même monotonie, la même inertie. En effet, l’intrigue de ce court récit est très mince, resserrée autour de deux personnages, une mère et sa fille, dont l’existence est d’une banalité affligeante.

Une violence sourde émerge de cette relation glaciale et glacée. L’auteur montre, avec une précision chirurgicale, la grisaille de l’existence provinciale. Ces deux personnages qui vivent dans une fusion-confusion où chacun ne sait plus qui est qui et finissent lentement par se détruire mutuellement. Entre elles deux et avec les autres la haine et la rancœur dominent. Le corps devient inexistant, meurtri. Peu à peu elles se détruisent mutuellement. Leur vie se passe à regarder la télévision et à commenter les commérages du village. Et à les alimenter.

Les poétiques de l’épopée en France au XVIIe siècle, textes choisis, présentés et annotés par Giorgetto Giorgi

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 21 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Anthologie, Editions Honoré Champion

Les poétiques de l’épopée en France au XVIIe siècle, textes choisis, août 2016, 578 pages, 95 € . Ecrivain(s): Giorgetto Giorgi Edition: Editions Honoré Champion

L’épopée, les doctes français de la Renaissance ont voulu, du fait de leur goût profond pour l’antiquité classique, la voir revivre et l’ont placée, à la suite des théoriciens italiens, au sommet de la hiérarchie des genres. Et si ce genre a connu un « épanouissement considérable » durant le Grand Siècle, c’est également du fait de la profonde influence qu’a exercée le Tasse, lequel a « codifié le poème héroïque chrétien et illustré cette codification dans la Jérusalem libérée, dont la fortune a été remarquable, du moins jusqu’à L’Art poétique de Boileau » (qui contient une sévère condamnation de la poésie chrétienne). En s’inspirant de la Jérusalem libérée, bien des théoriciens et/ou poètes ont donné une interprétation allégorique du récit épique, le but de l’épopée, selon la quasi-totalité des poétologues du Grand Siècle, étant « d’instruire et d’édifier ».

Ainsi, il faut signaler que la riche production, en France, durant le dix-septième siècle, de poèmes héroïques (très majoritairement écrits en alexandrins à rimes plates) a été accompagnée d’une « importante réflexion poétologique sur ce genre narratif (élaborée soit par les auteurs des poèmes, soit par des théoriciens de la littérature, dont certains ont écrit en latin), sans conteste incomparablement plus vaste que celle qui a été conduite, à la même époque, dans les autres pays européens ».