Le manteau de Proust, Lorenza Foschini
Le manteau de Proust, La Petite Vermillon, traduit de l’italien par Danièle Valin, 144 pages, 5,90 €
Ecrivain(s): Lorenza Foschini Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon
L’essai de Lorenza Foschini illustre, sans jeu de mots, un pan entier de la vie de Proust et de son cher manteau mondain. Comme il révèle l’engouement de Jacques Guérin, amateur proustien des premières heures et collectionneur de tout ce qui touche à cet univers aussi mystérieux qu’intrigant.
Ce livre, donc, n’est pas seulement une enquête minutieuse quasi ethnographique sur le destin de cette pelisse proustienne, retrouvée au Musée Carnavalet, et de tout ce qui entoure cette découverte.
A l’origine, bien sûr, il est cette relation particulière qu’un proustien, Guérin, a réussi à nouer avec la belle-sœur et légataire de Marcel Proust, Madame Robert Proust, qui, d’abord réticente, permit à Jacques Guérin de retrouver certains manuscrits et autres objets des dernières heures de l’illustre écrivain.
Cette relation découvre aussi le mépris dans lequel Marthe, la belle-sœur, tenait l’œuvre de Marcel. Elle consentit cependant à laisser filer quelques traces ; elle en perdit beaucoup, puisqu’elle brûla nombre de papiers et d’écrits.
Foschini a l’art de s’immiscer dans les vies intimes de ce personnage secondaire et de témoins souvent ignorés. Le mérite de Guérin est d’avoir sauvé de multiples pièces et d’en avoir dressé un inventaire dans son immeuble. Il reconstitua ainsi le bureau de Proust.
Le livre de Foschini recèle d’autres découvertes : on voit, sous un angle nouveau, les liens fraternels entre Marcel et Robert ; la vie de ces années perdues brille d’un nouvel éclat. L’essayiste décrit admirablement le contexte de quête éperdue, chez certains amateurs, des pépites de l’auteur de La Recherche. Certes, cette passion bibliophile n’a pas perdu de terrain, preuve qu’on lit cet essai éclairant.
Quelques photos, en noir et blanc, ajoutent à l’intérêt de ce livre, qui a le talent de poser de nouvelles vérités proustiennes, à l’heure où l’on croit tout connaître de ce génie insurpassable du début du XXe siècle.
Comme nous l’avons vu au début de ce récit, le manteau repose, entre des feuilles de papier de soie, dans une longue boîte en carton au sein des réserves du musée (p.132).
Philippe Leuckx
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