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Les Livres

Un si fragile vernis d’humanité, Banalité du mal, banalité du bien, Michel Terestchenko

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 01 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, La Découverte

Un si fragile vernis d’humanité, Banalité du mal, banalité du bien, 308 pages, 12 € . Ecrivain(s): Michel Terestchenko Edition: La Découverte

 

C’est à la littérature, à la fiction, que l’on attribue en général la capacité de nous émouvoir, les essais, eux, étant le lieu de la rationalité, de la raison qui sait tenir à distance ce qui lui serait étranger. Il est pourtant, parfois, des essais qui nous émeuvent et nous marquent profondément parce qu’ils touchent autant notre raison que nos sentiments, nos émotions. Un si fragile vernis d’humanité est un de ceux-là, tout simplement. On ne peut dire pour autant que l’auteur y fasse « de la littérature », qu’il tire sur une corde qui serait forcément sensible (et « rentable »). C’est bien plus simplement et fortement par les récits qu’il reprend qu’il nous touche, par l’importance morale et éthique des questions qu’il aborde. Des questions qui touchent à des notions aussi simples et difficiles (car rien n’est sans doute aussi difficile que ce qui est simple, la complexité étant à la portée de chacun), aussi fondamentale que le bien et le mal.

Rendez-vous à Biarritz, Mary Heuze-Bern

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 01 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Louise Bottu

Rendez-vous à Biarritz, juin 2016, 36 pages, 4,50 € . Ecrivain(s): Mary Heuze-Bern Edition: Editions Louise Bottu

 

« Dans les brumes d’Ilbarritz tout se dégrade, de l’océan au ciel en passant par ces monts vagabonds, de France, de Navarre ou d’ailleurs, on ne sait plus, ce méli-mélo sans frontières il l’a déjà vu chez Turner. La Côte des Basques, ses rubans il les suit à la trace, bleus capricieux, verts mouvants, bandes rivales évadées d’un De Staël ».

Rendez-vous à Biarritz détonne dans l’univers policier de la littérature, ou s’il l’on préfère dans la littérature policière. Matière romanesque française depuis que Marcel Duhamel lui a offert une esthétique et une éthique au cœur du paquebot Gallimard, ce qui fut une belle révolution littéraire. Aujourd’hui cette littérature, qui n’est plus de gare – c’était pourtant une bien belle définition, qui répondait aussi à l’économie du genre, de petit livres, peu chers, et Louise Bottu renoue avec ce principe économique –, s’impose partout. Elle a gagné en renommée, certains diraient qu’elle y a perdu son âme. Elle est née d’une rencontre entre un voyou charmeur, un flic charmé, et un écrivain se rêvant, l’un ou l’autre, d’une enquête bâclée, d’une question souvent sans réponse, d’un doute mis en lumière, de traits et de hasards. Elle a pour théâtre des opérations, une série de meurtres inexpliqués et de disparitions, quelques trafics d’influence bien rémunérés, souvent dangereux, et un lecteur curieux et parfois pressé, elle offre cette palette de styles, comme on le dirait de crimes et de mobiles.

Histoires de fantômes indiens, Rabindranath Tagore

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Samedi, 01 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Contes, Arléa

Histoires de fantômes indiens, trad. bengali Ketaki Dutt-Paul, Emmanuel Pierrat, 205 pages, 9 € . Ecrivain(s): Rabindranath Tagore Edition: Arléa

 

« Je n’ai jamais compris pourquoi certains mots

vous arrachent des larmes quand vous les lisez,

et pourquoi les mêmes, prononcés à haute voix,

deviennent sujet à plaisanterie » (1)

 

Même si elles ne constituent pas la part la plus aboutie de l’œuvre de Rabindranath Tagore (2), ces Histoires de fantômes indiens nous ramènent à une Inde de la fin du XIXè siècle moins stéréotypée que celle décrite dans les romans occidentaux de la même époque mais tout aussi chatoyante et elles laissent entrevoir comment Tagore est devenu le poète de cette civilisation.

De nos frères blessés, Joseph Andras

Ecrit par Mélanie Talcott , le Vendredi, 30 Septembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Roman, Actes Sud

De nos frères blessés, mai 2016, 144 pages, 17 € . Ecrivain(s): Joseph Andras Edition: Actes Sud

 

Lettre posthume imaginaire de Fernand Iveton ou Le soleil oublie parfois de donner le change :

« Quand la Justice s’est montrée indigne, la littérature peut demander réparation » peut-on lire sur la quatrième de couverture (Actes Sud) de Nos frères blessés, titre de l’ouvrage que Joseph Andras a magistralement consacré à ma vie et à toutes ces années que la France m’a volées, celles avec mon amour, Hélène, « un sacré bout de dame… Belle, belle à se crever les yeux de crainte de la voir s’en aller, se perdre, filer dans d’autres bras », et avec mon fils adoptif, Jean-Claude. Elle ne figurait pas sur l’édition algérienne (Barzakh). Mes frères algériens, mes compagnons de lutte ne se la seraient jamais posée. J’en ai souri tristement. Ce qu’ils ont subi dans leur chair avant et durant la guerre pour notre indépendance ne peut s’effacer par un trait de plume de la mémoire, la leur et la collective, bien que depuis ces événements dramatiques, gouvernement après gouvernement, le mensonge hypocrite soit présenté comme une vérité historique. Circulez, il n’y a rien ni à reconnaître ni à dire.

Chemins ouvrant, Yves Bonnefoy, Gérard Titus-Carmel

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 30 Septembre 2016. , dans Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Essais, La Une Livres, L'Atelier Contemporain

Chemins ouvrant, Yves Bonnefoy, Gérard Titus-Carmel, préface de Marik Froidefond, 152 pages, 20 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

« Je ne peins pas l’arbre qui se trouve devant moi mais seulement l’espace qui me sépare de lui », Claude Monet

 

Ce très bel ouvrage propose un dialogue entre Gérard Titus-Carmel et Yves Bonnefoy, présenté en préface par Marik Froidefond. Il contient également quelques reproductions ; les textes qui se croisent témoignent de la grande et profonde amitié qui unissaient les deux hommes. Dès sa première visite en 2003, Yves Bonnefoy écrira de très belles pages sur l’œuvre de Titus-Carmel.

« Selon Bonnefoy, écrit Marik Froidefond dans une préface qui tient la moitié de l’ouvrage ici, l’œuvre de Titus-Carmel s’ancre dans l’expérience première d’un désarroi radical que l’artiste partage avec quelques grands esprits du siècle – Giacometti, Beckett, Bataille, Freud, Kafka et d’autres encore, comme lui témoins du “négatif”, grevés du “sentiment de n’être plus”, dans l’espace du langage, que les visiteurs désemparés d’une maison désertée […] dont les portes béantes donnent sur le vent et la nuit ».