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Les Livres

Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes, Catherine Balet

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 18 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes, with Ricardo Martinez Paz, Dewi Lewis Publishing Londres, 2016 . Ecrivain(s): Catherine Balet

 

 

Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes est le fruit d’une collaboration entre Catherine Balet et celui qui est devenu à la fois sa muse et son « modèle » dans l’art photographique. A travers ce jeu, la créatrice se pose la question de ce qui accorde à une photographie le statut d’icône.

Ayant rencontré il y a trois ans Ricardo Martinez Paz à Arles, elle l’a métamorphosé en renversant les rôles, une muse et son « complice ». Les deux ont revu des grands classiques de la photographie et Catherine Balet a inséré ensuite la silhouette de Ricardo sur chacun des clichés en prouvant de facto comment les techniques nouvelles modifient les données premières de la représentation. Ses clichés en deviennent la re-présentation.

Baby spot, Isabel Alba

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 17 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Espagne, La rentrée littéraire, La Contre Allée

Baby spot, août 2016, trad. espagnol Michelle Ortuno , 93 pages, 13 € . Ecrivain(s): Isabel Alba Edition: La Contre Allée

 

Si vous avez aimé… Vous aimerez… On pourrait être tenté de présenter le premier roman d’Isabel Alba de cette façon. Un roman qui précède de huit années La véritable histoire de Matias Bran, que La Contre Allée nous a fait découvrir en 2014. Si ce Baby Spot montre déjà le talent de son auteur, le projet n’en est par contre pas le même. Ici la force du récit tient à sa brièveté autant qu’à son style, travaillé dans une certaine « maladresse », qui s’impose et que l’auteur maîtrise.

Tomás. 12 ans. Tomás vit dans un monde dont l’ordinaire est le chômage, la violence, le machisme basique et « naturel ». Un père inconnu… Mais bon, il s’en fait une raison !

Je m’appelle Tomás, j’ai douze ans et je ne sais pas qui est mon père. Mais après tout, c’est banal dans la vie d’un gamin, et d’ailleurs je crois que ça n’intéresse personne, même pas moi, et puis j’en ai vraiment marre de toujours entendre la même histoire.

Nos âmes la nuit, Kent Haruf

Ecrit par Mélanie Talcott , le Lundi, 17 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Robert Laffont, La rentrée littéraire

Nos âmes la nuit, Septembre 2016, trad. anglais Anouk Neuhoff, 180 pages, 18 € . Ecrivain(s): Kent Haruf Edition: Robert Laffont

 

Nos âmes la nuit, de Kent Haruf… Elle s’appelle Addie, il s’appelle Louis. Mais, elle pourrait parfaitement s’appeler Renée et lui, Hubert. Depuis des années, « ça ne date pas d’hier », tous deux vivent dans la même ville, dans le même quartier, « à un pâté de maison l’un de l’autre », chacun chez soi, dans un pavillon classe moyenne, jardinet pelouse toujours tondue, du moins dans cette bourgade américaine du Colorado, chiens qui pissent discrètement dans les rues, enfants qui ne les empruntent sagement que pour aller à l’école, ennui qui suinte derrière les rideaux où la morale est sous surveillance. Un silence mortuaire traversé néanmoins par les fibrillations vachardes de l’espionnage entre voisins. La calomnie fait son beurre dans le qu’en dira-t-on. Cela fait un bon moment qu’Addie et Louis, tous deux septuagénaires avancés, sont veufs. En bons voisins qui se connaissent de vue, ils se saluent poliment quand ils se rencontrent, bien que l’un et l’autre sortent peu. Un jour, ne supportant plus ses insomnies qui affûtent férocement sa solitude où les heures se délitent mollement, Addie traverse la rue, sonne à la porte de Louis et lui demande s’il consentirait à « venir de temps à autre chez moi pour dormir avec moi ». Elle l’a repéré, il a l’air d’un « brave homme, d’un homme bien ».

De corps, encore, Christophe Dekerpel

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 17 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

De corps, encore, éd. Corps Puce, avril 2016, Préface de Jean-Louis Rambour, Décors de corps en agonie, 56 pages, 8 € . Ecrivain(s): Christophe Dekerpel

 

L’écriture de Christophe Dekerpel « opère tel un chirurgien », s’immisce dans les interstices où subterfuge, métamorphoses, « frelon virevoltant » dans la boîte crânienne, hallucinations, (d-)ébats dans le liquide nourricier amniotique, petites tortures et dévoration expriment la faim de corps, encore. Corps/Il-île d’élucidation et de pulsions ; corps/Elle-ailes engluées dans son cockpit charnel, affamées de cosmos & d’infini en aléas rêvés en métamorphoses (« avant (l’)ultime étape, avant cet anéantissement, il fallait (…) revenir au monde, renaître au monde dans le corps, dans la douleur, dans la douleur du corps »). Elle cogne, cette douleur, dans le ventre (au creux du ventre du cosmos-corps voué à la lumière ultime/extrême du monde galactique où la dissolution, l’extinction du corps singulier se répandra dans la matière du grand cosmos pour « devenir lumière (…), pour redevenir “hydrogène” et “hélium”, éléments numéro 1 et 2 dans le classement du tableau périodique des éléments de Mendeleiv et éléments constituant des étoiles, du soleil » (Christophe Dekerpel, in correspondance avec M.C-Demarcy, été 2016). Expansion post-mortem du corps que l’on retrouve dans le dernier texte du recueil :

Le rouge vif de la rhubarbe, Audur Ava Olafsdottir

Ecrit par Zoe Tisset , le Samedi, 15 Octobre 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, La rentrée littéraire, Zulma

Le rouge vif de la rhubarbe, septembre 2016, trad. islandais Catherine Eyjolfsson, 156 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Audur Ava Olafsdottir Edition: Zulma

 

« Dans cette position, la pluie coule directement de ses pommettes à l’intérieur de ses oreilles, muant peu à peu la résonance originelle de la nature en pression sur la tempe et bourdonnement dans le cerveau ». Agustina est une drôle de petite fille, au plus près de la nature, elle en comprend les pulsations et les couleurs. Elle sait se fondre en elle comme un animal, malgré ses deux jambes inertes. « Agustina avait mis au point une tactique pour entrer en contact intime avec la mer : comme un gymnaste au cheval d’arçon, elle se propulsait à la force des poignets par dessus les roches arrondies du rivage. Les jambes collées l’une à l’autre, telle la queue d’un petit cétacé qui laisserait son sillage sur le sable ». Agustina possède une compréhension du monde imagée qu’elle ne peut pas toujours traduire en mots. « C’est ainsi que naquirent les premières montagnes de mots, lesquelles comptaient de nombreuses strates. Celle du bas contenait le plus de mots, la suivante déjà moins et la plus haute n’en avait plus qu’un seul. Le mot culminant, le plus riche de sens, exige un temps de réflexion maximum ». A l’école, forcément, son professeur est décontenancé. Il s’en ouvre à Nina, sa mère adoptive.