Identification

Les Livres

Corps Texte : Esthétique de la lecture à voix haute, Caroline Girard, Franck Magloire (par Mona)

Ecrit par Mona , le Mercredi, 28 Août 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Corps Texte : Esthétique de la lecture à voix haute, Caroline Girard, Franck Magloire, Editions Le Soupirail, mai 2019, dessins Marion Dussaussois, 117 pages, 18 €

 

La lecture à voix haute, un art de funambule.

Corps Texte offre une esthétique de la lecture à voix haute à travers un dialogue concis mais très dense entre la fondatrice de La Liseuse, Caroline Girard, et l’écrivain Franck Magloire. Avec le premier mot de son titre évocateur, « Corps », on comprend d’emblée que lire à voix haute, c’est d’abord lire avec son corps, un corps-outil qui s’approprie un texte. Le lecteur engage un corps à corps avec la matière du langage. Medium, il se met aux ordres du corps pour être au service du texte, tout le texte, rien que le texte. Il travaille le souffle et le tempo non sans rappeler l’acteur-athlète évoqué par Antonin Artaud. Alors, lire à voix haute, une simple histoire d’organes ? Le propos du livre, clair et limpide, renvoie à de lancinantes questions occidentales sur l’acteur et la littérature. Entre l’école de Stanislavski qui recommande à l’acteur de puiser dans ses propres affects et la distanciation brechtienne qui met les affects entre parenthèses, le choix est clair : « il n’y a ni trace ni place pour l’émotion du lecteur » nous dit Caroline Girard.

La Terre invisible, Hubert Mingarelli (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 27 Août 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Buchet-Chastel

La Terre invisible, août 2019, 182 pages, 15 € . Ecrivain(s): Hubert Mingarelli Edition: Buchet-Chastel

 

Que dire après avoir vu ce qu’ont vu les libérateurs des camps d’extermination ? Que dire après avoir vu l’indicible ? Le narrateur de ce roman – le seul personnage à n’avoir pas même de nom – se pose la seule question possible : avons-nous vraiment vu ce que nous avons vu ?

Que dire ?

« Soudain je me penchai vers Collins et lui dis dans un demi-sommeil et sans vraiment réfléchir :

Collins, qu’est-ce que nous avons vu là-bas ? »

L’entrée dans le Camp a tous les traits d’un cauchemar debout, enfoui dans un silence effroyable. L’écriture même de Mingarelli ne trouve plus son souffle dans une interminable phrase.

Magie et Rhétorique en Grèce ancienne, Jacqueline de Romilly (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 27 Août 2019. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Les Belles Lettres

Magie et Rhétorique en Grèce ancienne, avril 2019, trad. anglais Nicolas Filicic, 160 pages, 19 € . Ecrivain(s): Jacqueline de Romilly Edition: Les Belles Lettres

 

Ces quatre conférences ont été données en avril 1974 à Harvard, dans le cadre des conférences Carl Newell Jackson et à l’invitation de Glen Bowersock, directeur du département d’études classiques. Ecrites en anglais, elles n’avaient été jusqu’à présent jamais traduites en français. Jacqueline de Romilly nous offre ici un lent et remarquable voyage dans l’art du discours tel que les Anciens le concevaient, de la magie à la logique.

La grande helléniste remarque tout d’abord que les mots « grimoire » et « grammaire », tout comme les mots « glamour » et « grammar » sont issus de la même racine : « le lexique associe donc à l’origine l’aspect magique et la dimension rationnelle du langage ». Le premier exposé concerne Gorgias et son Eloge d’Hélène, discours qui a pour but de disculper l’Hélène de la Guerre de Troie. Le sophiste Gorgias insiste sur le merveilleux pouvoir du discours, qui oscille entre poésie et magie, la poésie étant elle-même de nature magique.

Ajours, Miron-C. Izakson (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 27 Août 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Israël

Ajours, Éditions Levant, 2019, trad. Michel Eckhard Elial, Gravure Denis Zimmermann, 58 pages . Ecrivain(s): Miron-C. Izakson

 

« Voici les choses qui retournent à notre premier corps.

Main dans la main elles s’apprennent maintenant,

nous redevenons de tendres cellules

qui n’ont pas encore décidé quel organe servir. (…)

Un cri profond,

le corps d’un homme dans celui d’une femme,

griffure et cascade de pleurs sur le front d’un enfant.

Un homme sur les épaules d’un autre homme

pour franchir ensemble le feu.

Casa Bianca, Jacques de Saint Victor (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 26 Août 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Récits, Editions des Equateurs

Casa Bianca, mai 2019, 398 pages, 23 € . Ecrivain(s): Jacques de Saint Victor Edition: Editions des Equateurs

 

Ce voyage romanesque (enfin mi-romanesque mi-récit) en Apulie profonde est sans doute l’idéale lecture d’été pour le lecteur féru de dépaysement comme de culture. Ici l’esprit, la joie de raconter, l’abord de personnages attachants, les Pouilles comme vous ne les avez jamais aussi bien perçues, l’intime relation à un « paese » profond, que l’on porte, chacune, chacun en soi : tout invite à une belle lecture, apaisée et féconde.

Jacques et Michela redécouvrent dans un beau petit patelin d’Apulie, à mi-distance de Lecce et de Tarento, un couvent en ruine qu’ils s’entêtent de restaurer, à tout prix ?

De Paris, où le couple a ses activités, Jacques est professeur d’histoire, animé de l’esprit de recherche, « républicain », aux Pouilles, c’est quitter une « terre » pour en cueillir une autre, c’est aussi affronter sa propre histoire : le Français vient en Apulie se mettre à l’ombre du passé de sa compagne : Michela a reçu de ses parents cette vieille bâtisse, et tout est à refaire, et tout est à recommencer : à l’aune de la vie.