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Les Livres

Frédéric Lachèvre (1855-1943), Un érudit à la découverte du XVIIe siècle libertin, Aurélie Julia (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 29 Août 2019. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Biographie, Editions Honoré Champion

Frédéric Lachèvre (1855-1943), Un érudit à la découverte du XVIIe siècle libertin, février 2019, 226 pages, 35 € . Ecrivain(s): Aurélie Julia Edition: Editions Honoré Champion

 

Il est impossible d’étudier sérieusement la poésie française du XVIIe siècle – une grande époque poétique – sans rencontrer à un moment ou à un autre le nom de Frédéric Lachèvre. Cet érudit de haut parage fut le promoteur d’une catégorie intellectuelle, le libertinage, au sens non d’une liberté de mœurs, mais de la contestation des dogmes religieux et des traditions établies. Aucune pensée n’est dissociable d’une forme et les idées libertines s’enveloppèrent souvent dans le manteau de la poésie ; mais elles demeurèrent avant tout des idées (on a pu reprocher à l’anthologie consacrée aux Libertins du XVIIe siècle dans la Bibliothèque de la Pléiade de ne pas avoir suffisamment distingué ce qui relève du libertinage de pensée et de la pornographie pure).

Mephisto, Klaus Mann (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 29 Août 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Mephisto, Klaus Mann, Grasset, Coll. Les cahiers rouges, 2006, trad. allemand Louise Servicen, Préface Michel Tournier, 415 pages, 11,40 €

 

Klaus Mann naît en 1906. Il est le fils de Thomas Mann. Il est d’abord critique de théâtre dans sa jeunesse, et participe à la vie intellectuelle de l’Allemagne de la République de Weimar, qui voit grandir inéluctablement le nazisme dans un climat d’agitation politique, sociale et culturelle, fiévreux, et où il assiste à la montée de la violence qui en 1933 fera d’Hitler le dictateur effroyable du pays.

L’écrivain témoigne dans ses œuvres romanesques d’alors d’une incroyable lucidité face à cette montée des périls et s’engage contre les nouveaux maîtres de l’Allemagne, alertant aussi les intellectuels en Europe. Il est déchu de sa nationalité en 1934. Comme son père qui rejoint la France puis la Suisse, il s’exile d’abord aux Pays-Bas où il écrira d’ailleurs Mephisto.

Il gagne Les Etats-Unis dont il devient citoyen en 1943. Après la guerre, il retourne en Allemagne où avec amertume il constate que beaucoup de « collaborateurs » du régime nazi sont toujours en place. Il se suicide en 1949 à Cannes où il est enterré. Son œuvre dense mérite d’être découverte : Klaus Mann n’est pas que le fils de Thomas Mann.

La Boussole d’Einstein, Gilles Vidal (par Fawaz Hussain)

Ecrit par Fawaz Hussain , le Mercredi, 28 Août 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La Boussole d’Einstein, éditions Zinédi, août 2019, 224 pages, 17,90 €. . Ecrivain(s): Gilles Vidal

 

Parti de chez lui à l’âge de dix-huit ans, Félix Meyer, le protagoniste de La Boussole d’Einstein, rentre au bercail après une longue absence. Il doit organiser les funérailles de sa sœur aînée, Carole, celle qui, déjà majeure à la mort des parents, s’était occupée du jeune orphelin : une très grosse dette de jeu avait valu au père d’être assassiné, l’alcool avait emporté la mère. « Pas mal de zones d’ombre » l’attendent sur place, notamment les raisons qui ont poussé le chauffard qui a renversé sa sœur à s’acharner sur son corps et à le réduire, surtout la tête, en une informe bouillie. Félix erre dans sa ville, qu’il reconnaît à peine et où il n’a désormais plus personne. Même la maison familiale n’est plus là, on l’a rasée pour faire place à une grande surface. À l’hôtel, il s’inscrit comme « consultant pour des sociétés, dans le domaine de la sécurité et du renseignement ». Solitaire et mystérieux, Félix n’a plus rien à voir avec l’adolescent fragile que le train avait autrefois amené à Paris du fond de sa province.

Et les Beatles montèrent au ciel, Valentine Del Moral (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 28 Août 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Récits, Le Mot et le Reste

Et les Beatles montèrent au ciel, juin 2019, 151 pages, 15 € . Ecrivain(s): Valentine Del Moral Edition: Le Mot et le Reste

 

Le sous-titre de l’ouvrage est explicite : Le concert du rooftop. Et la photo de couverture le confirme, il s’agit de la dernière apparition des Beatles en concert, sauf que cette der des ders aura eu une singularité, à savoir l’absence du public…

Nous sommes le 30 janvier 1969. Vers midi, par un temps maussade et venteux, les Fab Four vont effectivement donner leur dernier concert, mais ils ne le savent pas. Cela fait deux ans qu’ils ne se sont pas produits en public et ce 30 janvier sera un événement qui marquera l’histoire de la « pop music ».

Valentine Del Moral a construit son livre autour de ce « concert » devenu mythique. Elle égrène tout au long de son texte des allers-retours qui donnent à ce 30 janvier toute sa valeur. Ce sont les trajectoires des rares spectateurs présents sur le toit de l’immeuble situé au 3 Savile Row, immeuble qui appartient aux Beatles. Et c’est un certain Michael Lindsay-Hogg qui dirige les cameras chargées de filmer ce concert qui durera quarante deux minutes.

Ordesa, Manuel Vilas (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Mercredi, 28 Août 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Ordesa, Manuel Vilas, Editions du sous-sol, août 2019, trad. espagnol Isabelle Gugnon, 400 pages, 23 €

 

Un livre inclassable ? Cela est heureux en ces temps de conformité. Être un peu paumé quand on lit fait du bien.

Par quel bout le prendre pour le chroniquer ? J’ai l’impression d’une valise sans poignée.

Une valise remplie de souvenirs, même si « se souvenir, c’est brûler des neurones inutilement ». Quelques photos à l’appui et, en épilogue, onze poèmes – comme pour rehausser l’originalité du recueil.

Souvenirs réels : « Le passé, ce sont des meubles, des couloirs […] des chemises que les morts ont portées ».

Souvenirs inventés : « Je veux me rappeler qu’elle m’a dit ça, mais en réalité elle n’a pas parlé, pas prononcé la moindre syllabe ».

Un regard sur l’enfance, sur la famille, sur la mort et donc, par ricochet, sur la vie dont la mort est « une extension », « l’expression la plus aboutie du mystère de la vie ».