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La Une Livres

Sade et ses femmes, Correspondance et journal, Marie-Paule Farina (2ème critique)

, le Lundi, 19 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Anthologie, Editions François Bourin

Sade et ses femmes, Correspondance et journal, juin 2016, 298 pages, 24 € . Ecrivain(s): Marie-Paule Farina Edition: Editions François Bourin

Il y a toujours une différence entre l’homme et ses écrits, et cette différence est parfois énorme. C’est ce que dit à nouveau clairement la réunion, sous le titre de Sade et ses femmes, Correspondance et journal, de Marie-Paule Farina où on trouve aussi bien les lettres de Sade à ses relations féminines que les réponses que lui adressèrent ces dernières.

Avec Marie-Paule Farina lorsque l’on quitte les écrits « canoniques » et littéraires du marquis de Sade pour entrer dans sa correspondance et son journal – enfin pour le peu qui nous en reste –, on entre vraiment dans un autre monde, celui de l’intime, découvrant l’homme qui est derrière ses écrits, l’homme véritable qui se cache derrière l’écrivain toujours hautement scandaleux.

Nombre de publications, aussi bien de la correspondance de Sade que de son journal ont déjà été effectuées. Citons notamment pour les éditions les plus récentes les Lettres inédites et documents rassemblés par Jean-Louis Debauve en 1991 (Ramsay/Pauvert), les 50 lettres du marquis de Sade à sa femme présentées par Cécile Guibert en 2009 (livre d’art Flammarion). Mais c’est peut-être la Correspondance du marquis de Sade et de ses proches (Slatkine, 1991) qui se rapproche le plus du présent ouvrage.

Casal ventoso, Fredrik Ekelund

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 17 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Pays nordiques, Roman

Casal ventoso (Casal ventoso, 2005), éd. Gaïa, 2015, trad. suédois Philippe Bouquet, 206 pages, 19 € . Ecrivain(s): Fredrik Ekelund

 

Le monde du polar est un monde très ancré dans la géographie, à chaque auteur sa ville ou son coin de pays, à chaque détective sa ville, son climat… L’édition met même en avant des « écoles » de polar en fonction de cette géographie, pas toujours très pertinente en terme de style ou de genre. Ainsi du polar américain, anglais, italien, espagnol ou scandinave. Effet de mode ou vraie identité littéraire ? Sans doute un peu des deux. En tout cas cela fonctionne bien sur les tables des libraires et dans la critique littéraire, et donc de l’édition. Depuis quelques années les pays du nord ont le vent en poupe en la matière et tout éditeur un peu important se doit d’avoir dans son catalogue son ou ses auteurs de noir du nord.

Fredrik Ekelund est un de ceux-là. Alors que la filière suédoise pouvait sembler s’épuiser, les éditions Gaïa se sont attachées à nous le faire découvrir à travers les enquêtes de l’inspecteur Hjalle Lindström et de sa co-équipière et compagne Monica Gren. Leur base est le port de Malmö, tout au sud de la Suède, à un bras de mer et un pont autoroutier du Danemark et de Copenhague. Une agglomération qui rassemble quelques 560.000 habitants…

Derrière le dos de Dieu, Lorand Gaspar

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 17 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Gallimard

Derrière le dos de Dieu, 111 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Lorand Gaspar Edition: Gallimard

 

Par le seul titre de son nouveau recueil de poèmes, qui s’inscrit dans l’œuvre complète de telle sorte qu’il semble inséparable du précédent recueil intitulé Patmos, et publié chez Gallimard en 2001, Lorand Gaspar parle tout à la fois de son goût pour Dieu et de son goût pour les voyages, l’un et l’autre se révélant inséparables.

En effet, « Derrière le dos de Dieu » est le « nom donné à cette région de la Transylvanie orientale où se situent les rudes villages des hauts plateaux des Carpates ». Les grands-parents de l’auteur viennent de cette belle région rocailleuse et inhumaine. D’où, peut-être, en partie, le goût de toujours de l’auteur pour l’austérité des déserts (la montagne et le désert étant plus proches qu’on pourrait le penser, l’un et l’autre forçant l’homme à ne s’intéresser qu’à son environnement, à cette chair de la terre qui prend soudain toute la place, physique et psychique).

Une vie en mouvement, Misty Copeland

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 17 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Récits, Christian Bourgois

Une vie en mouvement, mai 2016, 338 pages, 18 € . Ecrivain(s): Misty Copeland Edition: Christian Bourgois

 

Une vie en mouvement raconte la réussite prodigieuse de Misty Copeland, première danseuse étoile, qui tout en intégrant tardivement, à l’âge de treize ans, un petit studio de danse classique, va se révéler être un véritable prodige, d’autant plus extraordinaire qu’elle est la première jeune fille Afro-américaine à être admise à l’American Ballet Théâtre. « Le ballet fut longtemps le domaine des Blancs et des riches » dira-t-elle.

C’est au prix d’un travail acharné, en plus d’un talent indéniable et d’une réelle vocation, travaillant sans relâche sa technique, menant en parallèle une vie familiale compliquée, qu’elle deviendra par exemple la première femme noire dans le rôle emblématique du ballet de Stravinsky, où elle sera l’Oiseau de feu.

Issue d’une famille très modeste dont la mère « belle comme Mariah Carey » collectionne les amants, déménageant sans cesse, elle vit au milieu d’une fratrie nombreuse mais toujours joyeuse. Malgré la pauvreté des moyens, la joie, les cris et les rires emplissaient sa vie avant qu’on ne la révèle.

Ponce Pilate, Roger Caillois

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 16 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Gallimard, Histoire

Ponce Pilate, Roger Caillois, novembre 2015, 128 pages, 6,90 € . Ecrivain(s): Roger Caillois Edition: Gallimard

 

Roger Caillois (1913-1978) fut surréaliste, puis, une vingtaine d’années plus tard, membre de l’OuLiPo, à l’image d’un certain Raymond Queneau, par exemple. Il fut aussi éditeur de littérature sud-américaine, de retour d’exil en 1945, et permit à ce titre au public francophone de se frotter à l’œuvre protéiforme et réjouissante pour l’esprit d’un Jorge Luis Borges. Avec pareil curriculum vitae, nul ne s’étonnera qu’il ait écrit lui-même des œuvres joueues, au premier rang desquelles le présent récit, Ponce Pilate (1961), dont la dimension ludique vient de ce qu’il appartient à un genre qui, pour sérieux et sérieusement traité qu’il soit, n’en relève pas moins d’un enfantin « et si… » ludique : l’uchronie. Calqué sur le mot « utopie », ce mot désigne des récits où l’on rejoue l’Histoire, où on la réécrit à partir d’un point nodal. Ainsi parmi les plus célèbres, on en compte deux au moins imaginant l’Histoire si l’Allemagne nazie, et l’Axe en général, l’avait emporté : Le Maître du Haut Château, de Philip K. Dick, et Fatherland, de Robert Harris ; Norman Spinrad, pour sa part, imagine un Hitler émigré vers les Etats-Unis et devenu auteur de science-fiction aux thématiques douteuses, dans Rêve de Fer.