Identification

La Une Livres

Album Shakespeare, Iconographie commentée, Denis Podalydès (La Pléiade)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 09 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Théâtre, La Pléiade Gallimard

Album Shakespeare, Iconographie commentée, Denis Podalydès, mai 2016, 256 pages, 28 € . Ecrivain(s): William Shakespeare Edition: La Pléiade Gallimard

 

 

En chaque œuvre de Shakespeare (hormis les sonnets), l’on voit éclore, grandir, puis mourir cette énergie sans pareille qu’est l’énergie théâtrale, énergie qu’il ne faut en aucun cas « saper » lorsque l’on doit traduire telle ou telle pièce du grand William, comme l’a remarqué Jean-Michel Déprats.

Cette énergie est tout. Elle est le visage de la joie (l’intrigue aurait-elle partie liée avec le malheur), comme l’a rappelé – notamment – Valérie Dréville. En 1987, elle participe à « l’aventure historique » du Soulier de satin de Claudel mis en scène par Vitez au Festival d’Avignon.

Un cheval entre dans un bar, David Grossman (2ème critique)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Jeudi, 08 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Roman, Points, Moyen Orient

Un cheval entre dans un bar, août 2015, trad. hébreu Nicolas Weill, 176 pages, 19 € . Ecrivain(s): David Grossman Edition: Points

 

Le dernier roman de David Grossman est un livre grinçant à souhait, qui cultive l’auto-dérison à la puissance dix, jusqu’à l’auto-mutilation mentale, et qui peut se lire à un double niveau.

A un premier niveau, narratif, l’humoriste Dovalé, âgé de 57 ans, se livre à un « stand up », un one-man-show, sorte de comédie où l’acteur est debout devant son public, l’apostrophe, s’oppose à lui. Il a pris soin d’inviter à sa performance un ancien camarade de classe devenu juge, Avishaï Lazar, à présent retraité, et peut-être d’autres connaissances antérieures. L’humoriste énonce de mauvaises blagues, utilisant tous les registres du comique, des blagues qui non seulement ne font pas toujours rire mais qui semblent receler de la malveillance. « Qui sait quelle partie d’échecs complexe il joue avec nous ce soir ? »

Ce soir-là, le spectacle dérape, l’humoriste va trop loin et se livre à une alternance d’humiliations publiques et de séances d’auto-flagellation. Tout participe au malaise de la soirée, non seulement la succession des scènes de comédie plus ou moins réussies, mais aussi le voyeurisme du public, confronté à « la tentation de lorgner l’enfer d’autrui », et l’incompréhension méprisante du copain d’enfance vis-à-vis du métier d’amuseur de foule :

Nos lieux communs, Chloé Thomas

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 08 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard, La rentrée littéraire

Nos lieux communs, août 2016, 173 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Chloé Thomas Edition: Gallimard

La croyance à la révolution est-elle risible et naturellement hors de propos ? Chloé Thomas, dans son premier roman, s’attache à radiographier l’histoire de Bernard et Marie, étudiants dans les années soixante-dix, partis rejoindre les ouvriers en usine. Leur fils, Pierre, élevé solitairement par Bernard que sa compagne a quitté, tente avec l’aide de Jeanne, son amie, de reconstituer l’itinéraire de ce couple, mal placé dans l’histoire, arrivant toujours après les grandes batailles déjà livrées par d’autres générations ou perdues d’avance. Il faut constater que l’auteur n’éprouve guère d’empathie à l’égard des engagements politiques et convictions de ses personnages. Ils sont dépeints comme des êtres inauthentiques, dont les choix tombent, forcément, à plat :

« Au moins, avec le temps, avaient-ils donc appris, les autres, à ne pas s’émouvoir de la beauté supposée du geste ouvrier, des grandes mains puissantes et couturées. Leur propos n’est plus esthétique. Peut-être est-ce cela, la recherche du beau et ce goût du lyrique, qui les avait perdus, eux. C’était pourtant de leur âge ».

On attend tout au long du récit un soupçon de sympathie, de tendresse, pour ce couple d’adolescents en retard d’une époque, en recherche d’une révolution introuvable. Il ne vient jamais, et c’est un véritable réquisitoire qui s’abat sur eux :

Die Giraffe auf dem Rhein, La girafe sur le Rhin, Ronja Erb et Laura Martin

, le Mercredi, 07 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue allemande, Jeunesse

Die Giraffe auf dem Rhein, La girafe sur le Rhin, Ronja Erb, Laura Martin illustration et adaptation du texte français, Éditions Les ateliers de Fara, 48 p. 12,50 € . Ecrivain(s): Ronja Erb et Laura Martin

 

 

Fara la girafe vit au zoo de Rotterdam. Elle a sept ans et n’a jamais connu d’autre lieu. Un matin, son soigneur vient à elle avec une longue lettre qu’il lui lit. Fara aime beaucoup son soigneur qui le lui rend bien, mais il lui annonce qu’elle va devoir faire un long voyage pour rejoindre deux de ses cousines dans un zoo en Suisse. Le lendemain, elle découvre donc le port de Rotterdam et embarque pour un voyage sur le Rhin, en compagnie d’un chat.

La vallée du Rhin l’émerveille. Vignes et châteaux. Deux d’entre eux s’appellent même « Chat » et « Souris », ce que le compagnon de Fara ne manque pas de lui faire remarquer, lui qui n’est certes pas un  lion comme ceux qu’elle pourrait croiser dans la jungle. Le périple continue doucement jusqu’à Strasbourg et Kehl. Le chat s’improvise guide et Fara décide d’arpenter les deux rives, pour enfin découvrir le monde. Tout lui semble  merveilleux.

Les forêts de Ravel, Michel Bernard

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mercredi, 07 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Récits, La Table Ronde

Les forêts de Ravel, janvier 2015, 176 pages, 16 € . Ecrivain(s): Michel Bernard Edition: La Table Ronde

 

Ravel, petit homme élégant et racé, a désespéré longtemps de ne pouvoir servir la France sur le front de ses guerres quand, finalement au printemps 1916, il parvient à se faire engager volontaire dans les artilleurs où il sera conducteur d’ambulance de l’armée française. Il a quarante-et-un ans.

C’est dans une prose élégante et fine que Michel Bernard retrace ce parcours des deux années de la vie du « grand » homme et musicien que l’on connaît.

« Il partit un matin d’avril 1916, au volant de sa camionnette, le casque sur la tête et le masque à gaz à portée de main, sur la route nationale de Bar-le-Duc et Verdun ».

On suit les routes et les chemins, les lieux traversés, les hommes croisés avec un Ravel non pas fasciné mais curieux de cette guerre, de ses trajectoires, courageux sans nul doute, généreux au-delà de tout avec ceux qui vont au combat, humaniste et, patient « comme un militaire », ne s’économisant jamais. Se sentir utile, il en avait besoin, en conduisant ces hommes broyés par la canonnade, lui pourtant déjà musicien célèbre.