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Critiques

Fauré et l’inexprimable, Vladimir Jankélévitch (par Augustin Talbourdel)

Ecrit par Augustin Talbourdel , le Mardi, 11 Février 2020. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Arts, Plon

Fauré et l’inexprimable, Vladimir Jankélévitch, 2019, 348 pages, 21 euros. Edition: Plon

 

Il n’y a rien de moins fauréen qu’un livre sur Fauré : Jankélévitch est le premier à l’admettre. La musique et l’ineffable n’en était pas un, bien que Fauré ait soufflé au philosophe la plupart de ses théories musicales, notamment celle de « l’expressivo inexpressif ». « Faire sans dire », telle serait la devise de Fauré dont la musique échappe généralement à toute analyse et ne demande qu’à être jouée. S’il n’y a pas d’esthétique fauréenne, si son art est « sans arrière-pensées métaphysiques », il y a néanmoins un « je-ne-sais-quoi » fauréen que Jankélévitch aborde dans le dernier texte et qu’il attribue au charme de sa musique.

Jankélévitch a toujours eu une prédilection pour les compositeurs français - et pas seulement - héritiers du romantisme : Debussy, Fauré, Ravel, Chausson, Duparc etc. Comme Barthes, il s’est particulièrement intéressé aux romantiques allemands, en particulier à Liszt, tandis que Barthes a davantage écrit sur Schumann. On pourrait d’ailleurs mêler la musique de Fauré à « l’orage romantique » qui, selon l’expression du philosophe, balaie le clavier à la recherche du nouveau.

Reportage, Henri Thomas (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 10 Février 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Fata Morgana

Henri Thomas, "Reportage", préface de Jacques Réda, 2020, 256 p.26 E.. Edition: Fata Morgana

 

Henri Thomas, proche de Gide et de la NRF, publie au début des années 40 son premier roman "Le seau à charbon" et son premier recueil poétique,"Travaux d’aveugle". Ayant quitté la France il y revient et reçoit en 1960 pour "John Perkins" le prix Médicis puis en 1961 le prix Femina pour "Le promontoire". La notoriété lui sourit mais suite à la mort de sa femme il ne publie que quelques plaquettes de poésie avant de reprendre son activité littéraire de plus belle au milieu des années 80.

Dans cette période de disette et plus précisément entre 1978 et 1982 il fit néanmoins paraître lors de sa période grise, quarante-deux "Reportages" à la NRF. Pour la première fois ces textes sont enfin rassemblés. S'y retrouvent tout ce qui fait le sel de l'oeuvre de celui qui navigue "entre l’émerveillement d’une présence au monde et l’inquiétude à habiter une existence ordinaire" (Réda)..

Morceaux cassés d’une chose, Oscar Coop-Phane (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 07 Février 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Grasset

Morceaux cassés d’une chose, Oscar Coop-Phane, janvier 2020, 160 pages, 16€50 Edition: Grasset

 

Rousseau en miettes

 

La vie tombe, se brise, tout s’écroule. Il reste alors les « morceaux cassés » d’un passé, d’une mémoire, d’une existence (cette courte « chose » – l’auteur a trente-deux ans) étalés sur le sol. On pourrait vouloir tout réparer, reconstruire à l’identique, reconstituer dans l’ordre le flot du vécu, lui donner un sens pour se donner un but. Oscar Coop-Phane contemple lui le désastre et pique dans cette « matière romanesque » qu’est la vie selon les bons vouloirs du vent des réminiscences et de là où il porte sa plume. Ainsi, dans ces Morceaux cassés d’une chose, pas de chronologie, les instants de vie semblent écrits comme ils resurgissent à la mémoire. Peu importe l’ordre, tant qu’on a l’ivresse.

Le Berger de l’Avent, Gunnar Gunnarsson (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Vendredi, 07 Février 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Zulma

Le Berger de l’Avent, Gunnar Gunnarsson, novembre 2019, 87 pages, 6,95 € Edition: Zulma

 

 

Un cœur simple

C’est une histoire très mince. C’est à peine une histoire. C’est une histoire pourtant, à laquelle rien ne manque – et où rien n’est de trop.

Comme chaque année depuis vingt-sept ans, le premier dimanche de l’Avent, Benedikt se met en route avec Léo, son chien, et Roc, son bélier. Il s’est donné pour mission de ramener les moutons égarés dans les montagnes, ceux qui se sont égaillés lors des rassemblements d’automne, pour les sauver. Lestée de provisions, de vêtements et de matériel, la « trinité » se met en marche, sous un ciel menaçant qui rendra son expédition plus périlleuse que de coutume.

En vol, Alan Tennant (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Vendredi, 07 Février 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Gallmeister

En vol – Traduit par Jacques Mailhos – 480 p. – 11,70€. Edition: Gallmeister

 

Au milieu des années 1980, Alan Tennant, naturaliste, observateur d’oiseaux depuis son plus jeune âge et auteur d’ouvrages d’herpétologie, participe à une étude sur le faucon pèlerin arctique, Falco Peregrinus Tundrius. La base de départ se trouve à Padre Island, le banc de sable le plus long du monde situé sur la côte de la région du sud Texas où 380 espèces d’oiseaux ont été documentées. Le programme est pris en charge par l’armée dans le cadre de recherches sur la guerre chimique et le Centre de Cancérologie M.D. Anderson de l’Université du Texas, grâce auquel Tennant est invité. Il s’agit pour l’Université d’étudier « les traces de pesticides organochlorés (DDT…) et de composés cancérigènes, diffusés et répandus par voies naturelles, susceptibles d’affecter notre existence tout autant que celle de ces faucons » dont la réceptivité à ces substances est très grande puisque la coquille de leurs oeufs devient fragile au point d’empêcher toute reproduction. L’équipe d’observateurs se compose, outre de Tennant, de George Vos, ancien de la seconde guerre mondiale aux commandes de son Cessna Skyhawk, et de Janis Chase attachée militaire chargé du suivi radio des oiseaux jusqu’à leur vecteur de migration.