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Critiques

La fiancée des corbeaux, René Frégni (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 15 Mars 2011. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Biographie, Gallimard

La fiancée des corbeaux, Gallimard, février 2011, 15 euros. . Ecrivain(s): René Frégni Edition: Gallimard

René Frégni nous offre son journal. On pourrait penser qu’écrire sur la quotidienneté ne présenterait que peu d’occasions d’envolées vers la lumière, par le style, et la qualité du regard posé sur les choses, mais c’est tout le contraire.

Ecrire sur la quotidienneté se révèle l’occasion d’un voyage. Un voyage à jamais commencé dans la blancheur de l’appartement, dans la solitude, et à jamais continué dans la blancheur de l’appartement. Un voyage sur place. Mais un voyage qui fait se mêler le présent tissé d’impalpable et de gestes souvent infimes, dérisoires, répétés, sans poésie évidente, et la mémoire, plurielle, tout à la fois enracinée dans le vécu et dans les lectures, mémoire mettant en somme sur le même plan les êtres rencontrés dans la vie ou sur le papier, car c’est ça aussi la magie de la littérature, ouvrir encore un peu plus grand les portes de nos vies pour accueillir le plus possible de monde, des gens avec leurs destins singuliers, leurs secrets à raconter, fussent-elles des créatures de papier.

Coco givrée, Nadine Monfils

, le Samedi, 05 Mars 2011. , dans Critiques, Belfond

Coco givrée. 2010, 259 p. 18,50 € . Ecrivain(s): Nadine Monfils Edition: Belfond

Nadine Monfils fait partie des figures les plus attachantes des Lettres belges contemporaines. Depuis près de trente ans, celle qui compta jadis André Pieyre de Mandiargues, Leonor Fini et Thomas Owen parmi ses amitiés littéraires et artistiques, explore un imaginaire exubérant, entre candeur et perversité. Nourri aussi bien de peinture et de cinéma que de littérature, l’univers de l’écrivaine se donne à lire dans de savoureux contes érotiques et cruels[1], mais également dans des pièces de théâtre ou des romans.

C’est dans ce dernier genre que Nadine Monfils s’est acquise un large et fidèle public, grâce surtout à sa série mettant en scène le commissaire Léon, « le flic qui tricote »[2]. C’est également dans le roman qu’elle a offert quelques-unes de ses œuvres les plus marquantes. Parmi celles-ci, on se bornera à rappeler Rouge fou[3], un très beau conte d’initiation féerique et érotique digne des grandes réussites de la surréaliste Lise Deharme, ainsi que deux inoubliables romans noirs, Une petite douceur meurtrière[4] et Monsieur Émile[5], résolument hors normes. Évoquant le premier, le critique et collagiste proche du surréalisme André Stas, a pu admirer dans ce livre un « polar bizarroïde, mâtiné de conte grand-guignolesque[6] ».