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Critiques

Johannesburg, Fiona Melrose (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 06 Février 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Afrique, Roman, Quai Voltaire (La Table Ronde)

Johannesburg, Fiona Melrose, traduit de l'anglais par Cécile Arnaud, janvier 2020, 320 p. 22 € Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

Fiona Melrose signe ici un roman qui n’est pas, contrairement à d’autres auteurs sud-africains, un regard sur l’histoire de leur pays, mais bien plutôt une chronique sur sa ville natale : Johannesburg. Pourtant, cette évocation de la cité du travail du diamant, de l’or, traverse le temps, avec des retours en arrière. Le plan du roman suit les étapes d’une journée : le matin, l’après-midi, le soir, clin d’œil assumé de l’auteure à Virginia Woolf et à son roman : Mrs Dalloway, construit de la même façon.

Gin, l’héroïne principale, a prévu de visiter sa mère à Johannesburg le 6 décembre 2013, pour fêter ses quatre-vingts ans. Elle sera aidée de Mercy, employée de maison au domicile de sa maman. La cité de l’or s’éveille en apprenant le décès de Nelson Mandela, Madiba, le père de la nation arc-en-ciel. Ce n’est donc pas un simple retour que Gin va vivre, mais un passage en revue de ses souvenirs, impressions d’enfance, une élaboration d’un bilan provisoire de sa vie à ciel ouvert. Mais qu’était Johannesburg ? A l’époque où elle y vivait encore, avant de s’expatrier à New-York, elle la ressentait comme une source d’agression :

Peau d’Âne et la Princesse qui-pue-du-bec, Stéphane Botti (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Jeudi, 06 Février 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, Magnard

Peau d’Âne et la Princesse qui-pue-du-bec, Stéphane Botti, Magnard Jeunesse – Janvier 2020, 144 pages – 11,90 € Edition: Magnard

 

En reprenant les figures mythiques héritées de Grimm ou de Perrault, Stéphane Botti nous plonge dans un conte résolument moderne, aux prises avec les problématiques qui peuvent être celles des enfants du XXIème siècle. Attention, cependant : la modernité ne s’entend pas avec un iPhone. Ici, la poésie et la magie sont bien présentes, et l’humour y tient une place très grande.

Peau d’Âne se voit apprendre par sa marraine fée qu’elle a désormais l’obligation d’aller à l’école – elle qui vivait jusque-là paisiblement dans sa cabane au fond des bois. Elle rencontre alors plusieurs princesses en devenir, comme elle, et se fait rapidement des amies. L’une de ses camarades suscite l’admiration de toutes, en raison de ses talents divers et de sa beauté : Boucles-Parfaites. Mais il y a un envers au décor : Boucles-Parfaites est sans doute la plus pernicieuse aussi…

Un automne de Flaubert, Alexandre Postel (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 05 Février 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Un automne de Flaubert, Alexandre Postel, 15 € – 03-01-2020 Edition: Gallimard

 

« Il entend au-dehors la rumeur de la mer, l’appel des goélands, une toile claquant au vent et, pareil à l’écho d’une fête lointaine, le murmure des voix humaines. Il reconnaît la musique des bords de mer, étrange et familière comme un rêve qui revient ; à mesure qu’il s’en pénètre dans le demi-jour de la cabine fermée, il éprouve le besoin de respirer, de s’accorder au rythme de la mer et du vent, de rompre les digues du chagrin. »

 

Le 16 septembre 1875 au matin, Flaubert entre dans Concarneau. Lors d’un premier voyage en Bretagne, en juin 1847, il voit assez mal la ville du Finistère (Saint-Mathieu du bout du monde). Cette fois il y passe deux mois, il se promène, prend des bains, observe les pêcheurs, passe beaucoup de temps avec son ami Pouchet dans sa station de biologie marine, assiste à la mue d’un homard, et se demande s’il est encore capable d’écrire (1).

Mangrove Lucie Vérot (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 05 Février 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Théâtre, Espaces 34

Mangrove, Lucie Vérot, 2019, 70 pages, 13,80 euros. Edition: Espaces 34

 

La Guyane est un très lointain territoire français coincé entre le Brésil et le Surinam. Pays atlantique et de la forêt amazonienne. Souvenir et fantasme d'empire colonial.

La mémoire collective l'associe à son bagne de Cayenne, à la déportation terrible et inique du capitaine Dreyfus sur l'île du Diable, au site de lancement de fusées à Kourou et à la violence autour des chercheurs d'or. Elle n'a, en revanche et injustement, pas suscité l'émergence d'oeuvres littéraires importantes ou ayant retenu l'attention des lecteurs. Certes Cendrars en baroudeur et reporter a consacré un texte en 1930, Rhum, au personnage controversé de Jean Galmot, industriel, homme politique, installé en Guyane. En 2017, une série télévisée, Guyane, est diffusée sur Canal +. Ce qui, somme toute, est assez maigre. Ce pays mérite mieux.

Commencer dans le noir, Christine Sitchet (par Théo Ananissoh)

Ecrit par Theo Ananissoh , le Mardi, 04 Février 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Commencer dans le noir, Christine Sitchet, Éditions Teham, 248 pages, 15 euros, septembre 2019

 

C’est un roman qui rappelle Paris est une fête d’Ernest Hemingway. En sens inverse, de l’autre côté de l’Océan. New York. Manhattan. Harlem. Comme Hemingway, Alexandra, le personnage de Commencer dans le noir, a à peine plus de vingt ans et est journaliste. Mais arrêtons ici le parallèle afin de ne pas rater la qualité et l’originalité de ce premier roman.

« "Me voici à New York !" Je me répète cette phrase. Comme pour me rassurer et faire taire un doute. Non, je ne vais pas me réveiller à Paris. Non, ce n’est pas un rêve. Ou plutôt si : sa concrétisation. Insoutenable ébriété… »

Alexandra y arrive en janvier 2001 – année dont le mois de septembre restera mémorable à tout jamais. En attendant, avec une joie de l’esprit communicative et à travers une écriture agréablement juste, elle invite le lecteur dans sa découverte d’une ville rêvée et au partage d’une passion qui est totale.