Dimanche 12 novembre 2017
Vivement et joyeusement interpelée par l’appellation de certaines espèces panchroniques : les chimères, les « grenouilles violettes » (découvertes en 2003), les « oursins de cuir », le requin « lézard », le requin « lutin », les triops (dotés de trois yeux), les « vampires » des abysses… quand l’Imaginaire rejoint la nomenclature scientifique…
Rencontré encore dans la Presse généraliste l’expression de « fossile vivant », notion initialement employée par le père de la théorie de l’évolution, Darwin. Cette expression suggérait l’idée d’espèces qui n’auraient pas évolué depuis les temps fossilifères. Mais une ressemblance – par exemple l’espèce fossile du Cœlacanthe « Macropoma » et l’actuel « Latimeria » – n’induit pas une absence de changements génétiques et morphologiques au fil du temps, des générations, mais infère la marque d’adaptations similaires face à des conditions de vie similaires. D’où vient l’émergence d’une telle appellation inappropriée de « fossile vivant », qui consiste dans un oxymore (puisqu’un fossile est le reste minéralisé d’un organisme mort) et véhicule une notion de nos jours considérée comme obsolète et trompeuse (une supposée absence d’évolution) ? En fait, certains taxons, comme les cœlacanthes, furent d’abord connus par des formes apparentées fossiles avant que l’on découvre les espèces actuelles. Les scientifiques parlent aujourd’hui d’espèces « panchroniques ».