Identification

Anthologie

Œuvres complètes, Louis-René des Forêts

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 05 Février 2016. , dans Anthologie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Œuvres complètes, Louis-René des Forêts, Gallimard, coll. Quarto, juin 2015, présentation de Dominique Rabaté, 1344 pages, 28 € . Ecrivain(s): Louis-René des Forêts Edition: Gallimard

 

Le style est-il façon qu’a un écrivain d’exhausser le sens, en permettant à ce dernier d’arriver, par ce biais, par ce tour de force, à maturation, en lui permettant d’être et senti et cueilli et goûté, et goûté et cueilli et senti et ressenti ? Le style est-il cette force par quoi un propos d’intelligibilité devient nécessité ? Nécessité rudoyant les convenances, les topoï, tant il est vrai que tout style piétine (mais avec la précision que vit un danseur en dansant), piétine et saccage, doctement saccage ce qui devrait être, ce qui doit être. Les horizons d’attente, les dogmes, les schèmes…

Le style, c’est cette sauvagerie-là, superbe dans sa tenue, maintenue qu’elle est loin des broussailles des heurts propres aux affects ? Oui, répond Louis-René des Forêts, en chacun de ses livres. Et il ajoute : le style est ce par quoi l’homme est homme, en se hissant à hauteur de son humanité, qui est précision extrême du souffle autant que rythmique savante propre au regard, qui est tendresse exigeante du ressenti autant que violence virtuose du souvenir. Le style est cette humanité atteinte par quoi l’homme est, devient.

Pages Rosses Craductions, Bruno Fern, Typhaine Garnier, Christian Prigent

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 03 Septembre 2015. , dans Anthologie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Pages Rosses Craductions, Les Impressions Nouvelles, avril 2015, 96 pages, 9 € . Ecrivain(s): Bruno Fern, Typhaine Garnier, Christian Prigent

 

 

« De visu : Saint Thomas »

« Si vis pacem, para bellum : Si tu veux te pacser, fais-toi beau »

« Casus belli : Place réservée aux bellâtres »

« Ab absurdo : Répète, j’suis sourd ! »

« Ipso facto : En fait, c’est un alcoolique »

Jardins de papier. De Rousseau à Modiano, Évelyne Bloch-Dano

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Samedi, 11 Juillet 2015. , dans Anthologie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Stock

Jardins de papier. De Rousseau à Modiano, Évelyne Bloch-Dano, avril 2015, 250 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Évelyne Bloch-Dano Edition: Stock

Qu’est-ce qu’un jardin ? Le lexique ouvrant la première partie de Jardins de papier. De Rousseau à Modiano, égrène le vocabulaire : clos, parc, verger et même paradis, tous ces lieux expriment à la fois la nature originelle de l’homme et son inépuisable capacité à la dépasser. L’auteur invite donc d’abord à une excursion dans le temps, de la préhistoire jusqu’aux jardins à l’anglaise en vogue à partir du XVIII° siècle, car la première culture pratiquée par l’homme fut celle de la terre, et les civilisations peuvent se comprendre à partir de leur façon particulière de faire fructifier celle-ci.

Mais la culture, c’est aussi l’art et la littérature. Alors les « jardins de papier » – objet de la seconde et principale partie du livre – sont le décor parfois primordial, parfois en arrière-plan mais jamais anodin de scènes de romans. Parterres fleuris, haies, tonnelles et autres compositions végétales racontent des jeux de rencontres et d’évitement, de confidences murmurées et de secrets préservés, enfin se font coquins comme dans Le Lys dans la vallée où Balzac, à propos d’un bouquet, ne lésine pas sur les connotations érotiques : « du sein de ce prolixe torrent d’amour qui déborde s’élance un magnifique double pavot rouge accompagné de ses glands prêts à s’ouvrir ». Dans Le ravissement de Lol V. Stein de Marguerite Duras, la façon dont Lol et Tatiana ont dessiné, chacune, allées et massifs, nous en apprend plus sur leur psychologie qu’une analyse verbale car les jardins sont « des révélateurs, des projections de notre moi dans l’espace ».

Anthologie de la poésie chinoise en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 25 Juin 2015. , dans Anthologie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Anthologie de la poésie chinoise, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, numéro 602, 19 février 2015, 1600 pages, 104 x 169 mm, relié peau Edition: La Pléiade Gallimard

 

Souci d’exhaustivité et impératif du fragment ont été conjugués en cette anthologie, où sont représentées l’Antiquité (la dynastie des Zhou, les deux dynasties des Han, ~XIe s.-~IIe s.), les Six Dynasties et les Sui (de la fin des Han à la fin des Sui, 196-618), la dynastie des Tang (618-907), les Cinq Dynasties (907-960) et les Song (960-1279), la dynastie des Yuan (Mongols, 1279-1368), la dynastie des Ming (1368-1644), la dynastie des Qing (Mandchous, 1644-1911), les époques moderne et contemporaine.

Lisant, se recueillant, lisant, se recueillant, l’on devient pierre calcaire en contact avec l’eau de la beauté, née du sacré et du silence.

Il nous est permis de mesurer, au contact de certains poètes chinois, à quel point doit être servie – dans l’acte d’hospitalité qu’est la traduction – la frugalité avec laquelle, pour approcher au plus près le mouvement bref de l’âme dans l’eau du trouble, se confond la parole poétique.

Dictionnaire amoureux de la Méditerranée, Richard Millet

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 17 Juin 2015. , dans Anthologie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Plon

Dictionnaire amoureux de la Méditerranée, mars 2015, 800 pages, 25 € . Ecrivain(s): Richard Millet Edition: Plon

 

« C’est la lumière qui unifie la Méditerranée ».

« Retournons vers ces espaces où sont nés le monothéisme et la philosophie. Retournons la leçon de la nouvelle alliance entre l’Orient et l’Occident. Contemplons. Méditons. Vivons » (Contemplation).

Qui mieux que Richard Millet pour nous offrir ce Dictionnaire amoureux de la Méditerranée ? La question posée ne résiste pas longtemps à la lecture vagabonde de cet éblouissant et réjouissant dictionnaire. D’Abraham à Istanbul, en passant par Dalida et Homère, sans oublier Durrell, Hérodote, Lampedusa, saint Paul, l’Art Roman et Port Royal. Justesse du choix des entrées, pensées vives du jeune Français devenu Libanais le temps de l’enfance et de la guerre, éclats et éblouissements de l’écrivain au cœur parfois tendu comme un arc. Le chrétien corrézien baigné de patois limousin, s’ancre avec l’élégance et la force du vicomte de Chateaubriand dans la langue de Giono, René Char, Casanova et Valéry. Question de style et de manière, mais aussi de matière, l’écrivain sait où il met les pieds, il sait la nature des sols, leurs tremblements, leurs forces intérieures et l’éblouissante douceur des arbres qui s’y accrochent, oliviers, platanes et cyprès, arbres méditerranéens, arbres qui s’accordent au ciel et s’accrochent aux regards des hommes.