« La Mer dans la littérature française n’est pas une anthologie. C’est une mythologie » (Simon Leys ou la loi de la mer, Olivier Frébourg).
« Le matelot ne sait où la mort le surprendra, à quel bord il laissera sa vie : peut-être, quand il aura mêlé au vent son dernier soupir, sera-t-il lancé au sein des flots, attaché aux avirons, pour continuer son voyage ; peut-être sera-t-il enterré dans un îlot désert que l’on ne retrouvera jamais, ainsi qu’il a dormi isolé dans son hamac, au milieu de l’océan » (François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe).
Simon Leys était un marin, il savait naviguer, des Glénans au paquebot le Vietnam – destination Hong Kong puis l’île de Formose – Incontestablement, Leys est l’homme des bateaux et non des avions. Un écrivain au long cours, avançant à son rythme naturel, et non un homme pressé (1), de la mer de Chine à l’Australie, où mouillait son voilier, le Fouscheng (La vie flottante) (1). Il savait aussi tirer des bords au cœur des tempêtes politiques chinoises, des crimes et de la dictature – Les Habits neufs du président Mao (2) –, et remonter au près dans les eaux non moins agitées de la littérature du Monde. S’il savait naviguer, comme Conrad, il savait écrire (3), et décrire, il savait ouvrir les coffres, et découvrir des îles vierges.