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Articles taggés avec: Dutigny/Elsa Catherine

Imprécations nocturnes, Grégory Rateau (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Jeudi, 09 Février 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Imprécations nocturnes, Grégory Rateau, Editions Conspiration, novembre 2022, 80 pages, 9 €

 

La note bleue

La nuit, l’insomnie, les cigarillos, la présence déchirante d’un Chet Baker puis quand revient le silence, du fin fond de l’obscurité, la brusque irruption des imprécations des fantômes familiers qui ne cessent de hanter le poète. La poésie peut célébrer la nature, chanter l’amour, comme elle peut explorer les ténèbres, celles que l’on porte en soi. Grégory Rateau a fait ce second choix. Mais est-ce un choix ou une nécessité vitale ? L’intensité des mots, des images, des souvenirs ébauchés, malaxés dans un maelstrom de sensations paradoxales, parfois antinomiques foudroie par l’authenticité qui s’en dégage.

Enfant de la nuit il veille

traverse la ville ivre de songes

un éclaireur pour ses frères

un maudit pour sa famille

De l’Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts, Thomas de Quincey (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 30 Novembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Iles britanniques, Gallimard

De l’Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts, Thomas de Quincey, Gallimard, Coll. L’Imaginaire, trad. anglais et préface, Pierre Leyris, 196 pages, 7,90 €

Cet essai de Thomas de Quincey fut écrit en trois fois sur des périodes différentes : une première partie publiée en 1827 dans le Blackwood’s Edimburgh Magazine, la seconde en 1839 et enfin le Post-Scriptum en 1854. Il faut sans doute situer l’époque où Thomas de Quincey écrivit ces trois articles avant d’aller plus avant. Avec un régime parlementaire le plus libéral d’Europe au XVIIIe siècle, la chrétienté anglaise a perdu de son pouvoir et a laissé une place vacante à l’art dans les occupations de la bourgeoisie britannique. Fin XVIIIe et début XIXe les ouvertures de galeries et les articles dans la presse se multiplient.

« L’art est devenu la forme suprême de l’activité humaine » déclare Tim Blanning dans son ouvrage The Romantic Revolution (Modern Library, 2011). Par ailleurs, depuis 1820 le romantisme dans la littérature anglaise a largement entamé son déclin. Pour ne citer qu’eux, Coleridge, l’un des proches de Thomas de Quincey a cessé d’écrire et Wordsworth, que l’auteur admire, est encore très connu et respecté, mais il ne produit plus de poésie ou très peu.

La vie sans histoire de James Castle, Luc Vezin (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 17 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arléa, Roman

La vie sans histoire de James Castle, Luc Vezin, éditions Arléa, août 2022, 224 pages, 19 € Edition: Arléa

 

La démarche originale d’un historien de l’art

C’est en page 39 du roman de Luc Vezin que l’on découvre ce qui aurait pu être son incipit lorsqu’il écrit à propos de son projet d’écriture et de son personnage principal, James Castle : « /…/ manipulé plus que guidé par cette ombre insaisissable et changeante, je me suis laissé entraîner au gré des écritures, de l’épopée aux confessions sordides ou pleurnichardes ; j’ai fait balbutier un mutique et écrire un illettré ; j’ai tâté du pire journalisme, de la froide documentation ; j’ai ouvert des journaux intimes et violé une correspondance imaginaire. J’ai rapporté des légendes auxquelles je ne croyais pas et cédé aux slogans mensongers des réclames. J’ai chanté faux en écorchant l’anglais. Et, pour finir en beauté, j’ai voulu faire parler les murs d’une maison vide, derrière lesquels se cachait James, avant de sombrer dans la poésie, comme d’autres dans l’alcool ou le crime. Et, après tant d’années vagabondes, moi qui, comme disait mon père, “Cherchais une histoire”, je n’ai rien trouvé d’autre à écrire que “La vie sans histoire de James Castle” ».

Le Cavalier de la nuit, Robert Penn Warren (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 09 Février 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, USA, Séguier

Le Cavalier de la nuit, Robert Penn Warren, février 2022, trad. anglais (USA) Michel Mohrt, 608 pages, 22 € . Ecrivain(s): Robert Penn Warren Edition: Séguier

 

L’origine du roman

Robert Penn Warren avait 34 ans lorsque son premier roman Night Rider (traduit et publié en France en 1951 sous le titre Le Cavalier de la nuit) fut publié en 1939 aux États-Unis. Né dans la ville de Guthrie au Kentucky, un Etat du Sud au surnom évocateur de Bluegrass state, pour ses vallées agricoles prospères, ses riches pâturages et ses plantations de tabac, il rejoint au début des années 1930 d’anciens condisciples écrivains de l’Université Vanderbilt pour fonder un groupe littéraire aux références agrariennes : les Southern Agrarians.

Des précisions biographiques qui éclairent le choix par Robert Penn Warren d’un épisode particulièrement douloureux de la vie des planteurs de tabac du Kentucky au tout début du XXème siècle, qui va servir de trame historique à son roman. C’est en effet dans les années 1904-1909 que les Etats du Kentucky et du Tennessee, premiers fournisseurs mondiaux de tabac noir, connurent une période de troubles civils et de violences, plus connue sous le nom de Black Patch Tobacco Wars.

Paris sous la terre, Pérégrinations dans le métro parisien, Solange Bied-Charreton (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 27 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Récits, Les éditions du Rocher

Paris sous la terre, Pérégrinations dans le métro parisien, octobre 2021, 192 pages, 15,90 € Edition: Les éditions du Rocher

 

Dans son essai Paris sous la terre, Solange Bied-Charreton nous livre au travers d’un petit journal de bord écrit sur un an, de l’automne 2017 à l’automne 2018, ses réflexions, impressions lors de ses pérégrinations volontaires dans le métro parisien. Elle observe, note, hume, renifle, écoute, se remémore les trajets de son enfance et de son adolescence, les compare à ce qu’elle vit, le stylo à la main, alors âgée de 35 ans. Quelques brèves notes historiques, littéraires, musicales, cinématographiques, architecturales, ponctuent ses déambulations pédestres car ces multiples parcours empruntent non seulement les diverses lignes du métropolitain mais ses innombrables couloirs, escalators, tapis roulants, escaliers aux marches bordées de métal agressif.

La marche, exercice indispensable à celle qui tisse sa toile sur un réseau aux multiples échangeurs, bifurcations insolites, nœuds ferroviaires, stations tentaculaires où viennent se croiser, se mélanger, se coudoyer, se perdre, s’ignorer, des êtres de tous horizons, de tous âges, de toutes confessions, le temps d’un trajet professionnel, d’un rendez-vous à l’autre bout de la ville, d’une partance à venir vers des lieux de vacances ainsi que leurs retours.