Trois voix de femme(s) qui viennent se briser et se relancer autour d’un homme-rocher débonnaire, Raphaël (« Dieu guérit »), beau-fils, époux et père. Ce n’est pas à lui qu’elles se content, mais il est là pour filmer, l’accessoiriste, mais aussi en grande partie le révélateur, le signifiant. A-t-on le choix ? A-t-on le droit de choisir ? En a-t-on la réelle possibilité ?
Véra, qui revient en compagnie de sa fille, Nina, de sa petite-fille, Guili, et de son beau-fils, Raphaël, sur l’île pénitentiaire où elle a été captive pendant deux ans et demi, n’a aucun doute à ce sujet : il n’y a pas de place, pas la moindre, pour le regret, pas de place pour un soupçon de doute : il n’y avait rien d’autre à faire, à dire. Elle n’a pas le plus petit regret, d’ailleurs sait-elle ce que c’est ? de n’avoir pas tenté, essayé… de permettre à sa fille, alors âgée de six ans, de vivre avec elle, ailleurs. Il n’est pas impossible de faire le choix – ou de croire qu’on l’a – de trahir son mari mort ou sa fille vivante, ce choix n’est pas nié, tout simplement pour Véra, il n’existe pas, il n’est pas.