La malédiction est enfin levée sur Le Devoir de violence de Yambo Ouologuem
La première fois que je lisais Yambo Ouologuem, c’était une retranscription d’un entretien où il tente d’expliquer son processus d’écriture : « Je crois que la plume est à l’écrivain ce qu’est à l’aveugle son bâton. C’est-à-dire qu’un objet inerte devient un instrument opératoire dans lequel vient se loger la sensibilité qui s’y prolonge. De même que l’aveugle qui marche à tâtons sait où il va, en gros, dans son idée, mais ne sait pas les embûches qu’il va trouver. De même, je pense qu’il y a une loi de l’écriture qui fait que l’on sent confusément en soi des zones de ténèbres épaisses que l’on voudrait, non pas élucider, mais pénétrer, à travers lesquelles on voudrait se frayer une voie… ».
Intriguée par son approche à l’écriture, je voulais immédiatement le lire. Seulement, impossible de le trouver en librairie alors. Je peux enfin le lire en cette année 2018 car son chef-d’œuvre, Le Devoir de violence, a été réédité par Le Seuil au mois de mai. C’est que ce roman et son auteur ont été frappés d’une malédiction cinquante ans durant. Avec cette réédition, nous pouvons enfin relire Le Devoir de violence et lui redonner toutes ses lettres de noblesse comme l’un des romans phares de la littérature africaine.