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Seuil

Les Éditions du Seuil sont une maison d'édition française créée en 1935.

Maison très respectée dans le milieu de l'édition, entretient de bons rapports avec ses auteurs. Elle a notamment publié les œuvres de Jacques LacanRoland BarthesPhilippe Sollers (première période) ou plus tard Edgar MorinMaurice Genevoix ou Pierre Bourdieu.

Les coqs cubains chantent à minuit, Tierno Monénembo

Ecrit par Theo Ananissoh , le Samedi, 14 Mars 2015. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman

Les coqs cubains chantent à minuit, janvier 2015, 188 pages, 17 € . Ecrivain(s): Tierno Monénembo Edition: Seuil

Comment dire cela d’une manière simple et claire ? Il y a comme une double nature à ce onzième roman de l’écrivain guinéen Tierno Monénembo. C’est une lettre – pas un roman sous la forme imitée d’une lettre, non, c’est un récit romanesque pour ainsi dire classique, une longue narration qu’un Cubain nommé Ignacio Rodríguez Aponte, paumé et enfermé dans son île, adresse à un « ami » guinéen installé à Paris, du nom de Tierno Alfredo Diallovogui. Le récit est donc à la deuxième personne du singulier.

« Dans quel état seras-tu quand tu auras fini de lire cette lettre ? Prostré, hébété, hystérique ? Non, non… Plutôt muet, plutôt absent, perdu dans des pensées profondes et graves ; hiératique, marmoréen (une vraie statue maya) alors qu’un feu intérieur et vorace te dévore, viscères et âme. Granit angoissé, va ! »

De bout en bout, nous entendons la voix d’Ignacio et le silence de Tierno, et imaginons celui-ci tête penchée sur ce qu’il lit. A coup sûr, une lecture attentive, prenante, pensive car c’est rien de moins que l’élucidation du mystère qui recouvre les toutes premières années (décisives, comme on sait)  de sa vie et du sort de sa mère évaporée alors qu’il n’avait que cinq ans qui lui est livrée dans ces près de deux cents pages.

Hokusai, le vieux fou d’architecture, sous la direction de Jean-Sébastien Cluzel

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 13 Mars 2015. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

Hokusai, le vieux fou d’architecture, Coédition Seuil/BnF, 280 pages, septembre 2014, 29 € Edition: Seuil

En 1816, Katsushika Hokusai (1760-1849), le célèbre maître de l’estampe japonaise, consacre le cinquième volume de sa Manga à l’architecture. Vingt ans plus tard, il reprend ce thème dans un nouveau manuel de dessins, Livre de dessins pour artisans. Nouveaux modèles, publié en 1836 (Shoshoku ehon. Shin-hinagata en VO). Par la variété de leurs gravures et de leurs utilisations commerciales, on peut rapprocher ces deux livres des grands traités d’architecture d’Europe tels que par exemple Le Vignole moderne ou traité élémentaire d’architecture par J.B. de Vignole (1773) : ouvrage de vulgarisation dont l’objectif était d’exposer les principes de composition de l’architecture à travers ce que l’on nommait la théorie des Ordres.

Le Livre de dessins pour artisans. Nouveaux modèles est l’un des très rares livres illustrés dont la matrice originale nous soit parvenue dans leur intégralité. Malgré les changements d’éditeurs, les matrices pour les impressions des couleurs furent regravées au cours du temps. Faire de l’architecture le sujet d’un livre illustré était inédit au Japon, et jamais un recueil de gravures sur bois n’avait rendu des bâtiments avec autant de clarté, pour placer cet art à l’avant-garde de la pensée architecturale nipponne moderne.

Mémorial du génocide des Arméniens, Raymond H. Kévorkian, Yves Ternon

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 18 Février 2015. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Mémorial du génocide des Arméniens, novembre 2014, 496 pages, 30 € . Ecrivain(s): Raymond H. Kévorkian et Yves Ternon Edition: Seuil

 

L’année 2015 marque le centenaire du début du génocide des Arméniens, perpétré par le gouvernement turc de l’époque, Talaat Pacha, ancien ministre de l’intérieur, étant alors le maître d’œuvre des opérations. Ce fut tout d’abord l’arrestation, à Istanbul, le 24 avril 1915, de 600 intellectuels arméniens qui furent conduits à l’écart de la ville et qu’on ne revit jamais. Ce fut ensuite l’organisation méthodique de la déportation de toutes les populations arméniennes du pays, tant en convois ferroviaires, dans des wagons à bestiaux (déjà !) qu’en colonnes de déportés à pied. Dans tous les cas, la destination, pour ceux, peu nombreux, qui en réchappaient, en raison des attaques dont ils étaient victimes par les bandes kurdes sous l’œil bienveillant des soldats turcs, ou par les populations turques à qui on autorisait tout, moyennant parfois quelque argent, était le désert du nord de la Syrie, Der El Zor. Les survivants y étaient exécutés massivement, et ce lieu est devenu pour chaque Arménien de la diaspora ou d’Arménie un lieu sacré où la mémoire se fixe.

La rage est mon énergie, John Lydon alias Johnny Rotten, Andrew Perry

Ecrit par Guy Donikian , le Samedi, 10 Janvier 2015. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie

La rage est mon énergie, John Lydon alias Johnny Rotten, octobre 2014, traduit de l’anglais Marie-Mathilde Burdeau et Marc Saint-Upéry, 711 pages, 25 € . Ecrivain(s): Andrew Perry Edition: Seuil

 

Voila encore quelqu’un qui aura fait noircir des pages et des pages (ici plus de 700) à des fins pécuniaires ou pour affirmer de façon livresque une notoriété qui serait plutôt mal en point, diront certains. N’en déplaise aux grincheux, cet homme-là, malgré quelques carences qui lui font admirer le foot comme un supporter inconditionnel, a de quoi surprendre quand on le découvre aux antipodes de ce qu’une certaine presse laissait bêtement supposer : qu’on se le dise, le chanteur des Sex Pistols, groupe punk des années 70, ne fut pas cette bête hurlante, ornée d’épingles à nourrice comme seuls attributs distinctifs, outre les fameux tee-shirts à l’effigie de la reine quelque peu « chopperisée ».

Qu’on se souvienne, donc. Musicalement, le rock et la pop s’enlisent, à la fin des seventies, dans des discours qui traînent en longueur, donnant des plages interminables à l’instar de groupes comme Yes, qui ont cependant commis quelques titres emblématiques. Mais la tendance du moment favorisait les démonstrations techniques au détriment d’une efficacité dont se réclamaient les groupes-phare de l’époque.

Le clan du sorgho rouge, Mo Yan

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 09 Janvier 2015. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman

Le clan du sorgho rouge, septembre 2014, traduit du chinois par Sylvie Gentil, 444 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Mo Yan Edition: Seuil

 

Phénoménal roman de bruit et de fureur, Le clan du sorgho rouge entraîne le lecteur dans la Chine profonde, rurale, aux traditions ancestrales, du milieu du XXe siècle, à partir de l’occupation de la Chine par les armées japonaises, et le plonge dans une série d’événements chaotiques faits de guérilla contre l’envahisseur, de brigandage de grand chemin, et de guerre civile permanente entre de puissantes bandes de fripouilles, des partisans du Kuomintang, des clans villageois et des maquisards du Parti Communiste Chinois.

En toile de fond permanente, les champs de sorgho rouge.

Entre ces multiples bandes armées se font et se défont alliances et contre-alliances, défections et trahisons, au milieu de ces champs de sorgho qui constituent un élément fort, en quelque sorte un personnage immanquablement présent, doué de sentiment, dont la vie et les humeurs saisonnières accompagnent les épisodes guerriers et les entractes romantiques, ceux-ci étant d’ailleurs souvent aussi empreints de violence que ceux-là.