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Seuil

Les Éditions du Seuil sont une maison d'édition française créée en 1935.

Maison très respectée dans le milieu de l'édition, entretient de bons rapports avec ses auteurs. Elle a notamment publié les œuvres de Jacques LacanRoland BarthesPhilippe Sollers (première période) ou plus tard Edgar MorinMaurice Genevoix ou Pierre Bourdieu.

Un été sans alcool, Bernard Thomasson

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 14 Juin 2014. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Un été sans alcool, mai 2014, 264 pages, 18,00 € . Ecrivain(s): Bernard Thomasson Edition: Seuil

 

« Je m’appelle Charles. J’ai soixante-neuf ans la semaine prochaine. Et je me suis lancé à la conquête de l’identité de mon père. Je sais que c’était un résistant. Je connais son prénom, Pierre. Personne ne m’a révélé son vrai nom. Il faut avouer que je ne l’ai jamais cherché.

Jusqu’à cet été ».

Roman de l’origine, et origine du roman, c’est le principe actif d’Un été sans alcool. Son terrain d’expérimentation : celui des eaux troubles de l’occupation et de la résistance, de ce qui a été dit et donc caché. Celui de la mémoire partielle, des affirmations et des rumeurs. Roman français, s’il en est. Sans identité, sans trace, sans visage, sans mémoire, point de récit national, et par extension point de récit particulier et romanesque. Un été sans alcool est le roman de la recherche de l’identité et de l’histoire du père du narrateur, mais aussi de sa mère.

Le temps est venu d’en savoir plus et de ne plus se contenter de ce qui s’est colporté. Le temps de Charles est compté, alors il se plonge dans ce qui a fondé son existence, sa naissance, au cœur de la guerre, de l’occupation et du maquis.

Une disparition inquiétante, Dror Mishani

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 23 Mai 2014. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

Une disparition inquiétante, traduit de l’Hébreu par Laurence Sendrowicz, mars 2014, 321 pages, 21 € . Ecrivain(s): Dror Mishani Edition: Seuil

 

Le mystère autour d’Ofer Sharabi


Il est mercredi soir et le commandant Avraham Avraham vient de passer une rude journée. Il voudrait rentrer chez lui. Cependant, une mère l’attend dans son bureau. Madame Sharabi vient avertir la police de la disparition de son fils Ofer Sharabi. Elle est inquiète car son fils ne s’est pas rendu à l’école ce matin et il n’est toujours pas rentré à la maison. Le commandant, patient, l’écoute et observe cette mère fatiguée et qui semble être de surcroît une femme résignée. Pour la calmer, il la presse de rentrer chez elle tout en la rassurant : « (…) la probabilité qu’il soit arrivé quelque chose de grave à votre fils est infime (…) Votre fils rentrera à la maison dans une, deux ou trois heures, au pire demain matin, je vous le garantis ».

Une terre d’ombre, Ron Rash

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mercredi, 08 Janvier 2014. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Une terre d’ombre, traduit de l’Anglais (USA) par Isabelle Reinharez, 2 janvier 2014, 243 pages, 20 € . Ecrivain(s): Ron Rash Edition: Seuil

Une ballade pour Laurel


Dans les années 60, un homme est mandaté de façon officielle pour se rendre dans une région isolée de la Caroline. Sa mission est de submerger la ville Mars Hill pour en faire un lac artificiel. L’hostilité des habitants et la découverte d’un cadavre dans un vieux puits ramènent à la surface une histoire tragique qui s’y était déroulée au moment de la Première Guerre Mondiale.

L’habileté du Prologue permet à l’auteur d’introduire son histoire et de braquer la lumière sur deux êtres à part. Il s’agit de Hank Shelton et surtout de Laurel, sa sœur. En effet, victime d’une marque de naissance et de la superstition des habitants, elle est rejetée par ce lieu qui la voit comme une sorcière et une damnée. Laurel est alors pourchassée, humiliée et voit son avenir compromis puisque les pressions de la communauté sont telles qu’elle a dû quitter l’école à regret. Sa vie se passe loin des regards dans une profonde solitude. De surcroît, sa demeure est une vieille maison nichée au creux d’un vallon maudit :

Marguerite Duras, La passion suspendue, entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 11 Décembre 2013. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Marguerite Duras, La passion suspendue, entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre, traduit de l’italien et annoté par René de Ceccatty, janvier 2013, 187 pages, 17 € . Ecrivain(s): Marguerite Duras Edition: Seuil

 

 

Leopoldina Pallotta della Torre est face à Duras. Elle l’écoute. Elle est là pour qu’elle lui parle. Elle est là pour que naisse La passione sospesa. « Je l’écoutais se souvenir, réfléchir, se laisser aller, abandonner peu à peu sa méfiance naturelle : égocentrique, vaniteuse, obstinée, volubile. Et tout de même capable, à certains moments, de douceurs et d’élans, de timidités, de rires retenus ou éclatants. Elle semblait soudain animée d’une curiosité irrésistible, vorace et presque enfantine ».

Ce livre d’entretiens est commodément divisé en sections, dont le titre seul dit tout : Une enfance, Les années parisiennes, Le parcours d’une écriture, Pour une analyse du texte, La littérature, La critique, Une galerie de personnages, Le cinéma, Le théâtre, La passion, Une femme, Les lieux.

Vies pøtentielles, Camille de Toledo

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 17 Septembre 2013. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Vies pøtentielles, Editions Seuil, 336 p. 19 € . Ecrivain(s): Camille de Toledo Edition: Seuil

 

Qu’est-ce qui, à la lecture d’un livre, fait mouche à la surface de la psyché ? Qu’est-ce qui nous interroge et nous touche en profondeur sans que nous le réalisions dans l’instant ? Sans la brillante communication de Claude Burgelin, au colloque sur « L’écriture de soi, l’écriture des limites » qui a eu lieu cet été à Cerisy, je n’aurais jamais découvert le roman Vies pøtentielles de Camille de Toledo. Et je n’y serais certainement pas entrée de la même manière. À mon retour, je l’ai lu d’une traite comme on boit un bon vin et en ayant fait abstraction de ce qui en avait été dit. Je l’ai ensuite relu pour analyser les raisons qui ont provoqué en moi un choc.

Dès la première page, Abraham Illitch, qui est à la fois narrateur, exégète et double de l’auteur, nous informe : « Ce livre est composé de trois strates de textes : les histoires, les exégèses, un chant ». L’exergue nous avertit. Camille de Toledo se fait dans ce roman « Collectionneur de gens fêlés pour créer la première galerie de notre orphelinat : une généalogie sans racines, sans lignée ». Ces personnages sont des marginaux aux vies cassées, fracassées, aux désirs effondrés, des « handicapés de la vie qui tentent de survivre ». L’auteur coud autour d’eux une toile qui relie ces destins en morceaux. La quête existentielle de l’auteur tourne autour de plusieurs axes. « Qu’est-ce qu’être père et qu’est-ce qu’être fils ? Que transmet-on de sa lignée ? Que transmet-on de son époque ? »