Identification

Récits

ON AIR (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 14 Décembre 2023. , dans Récits, Ecriture, La Une CED

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning !

As-tu passé dix-sept heures dans un aéroport, à vider les testeurs de parfums et les échantillons de crèmes, à cent dollars les 30 ml ; deux heures, assis, dans un avion sur le tarmac pour finalement être débarqué, réembarqué sept heures plus tard, trois jours et quatre avions pour traverser les États-Unis et trois nuits en chien de fusil dans trois aéroports à réciter des mantras en élaborant des scénarios de meurtre ?

Voilà à quoi ressemble le monde merveilleux des vols intérieurs américains. Dédommagements, hébergements, bons repas, que nenni, ça, c’est si tu as le temps de faire la queue au service commercial de ladite compagnie aérienne qui pratique le débarquement, le surbooking, le burn-out, le work-more/win-less et toutes les réjouissances du low-cost. Slogan subliminal, Tu ne sais pas quand tu pars, tu ne sais pas quand tu arrives, si c’est toi ou ta valise qui part.

Chantier interdit au public (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 19 Septembre 2023. , dans Récits, Ecriture, La Une CED

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Vous aimez les petits trains ou les petites voitures, n’est-ce pas, comme celles que vous poussiez enfant, sur le tapis dans votre chambre, couleur béton, en imitant les bruits du moteur. Ou les petits camions. Les engins de chantier comme la grue, la pelleteuse, le bulldozer ou le rouleau-compresseur, pour bâtir votre petit monde à votre hauteur et en toute légalité.

Ici, à Miami, pas de petits trains. Des petites voitures, des petits camions et des borborygmes. Des machines à profusion. À Miami, c’est le terrain de jeux, taille adulte. Ou le bac à sable. Ici, les chantiers ne s’arrêtent jamais. Nuit et jour. Le béton grimpe. Les stars architectes gravent leur nom dans la pierre, l’idée n’est pas nouvelle, ils comblent les trous dans le sol et plus personne, pas même les gosses, ne jouent dedans. Ici, on fore, on drague, on ne rénove pas, on rase et on refait en mieux. Ça coûte moins cher. Investissement à moyen terme, bénéfices à court terme, le long terme, c’est bon pour le virtuel. Miami sous les eaux d’ici un demi-siècle, on modélise mais au fond personne ne veut vraiment y songer. Du rêve, du soleil, du sable et du vent. Point. Les plages seront vidées de leur sable, ratissées jusqu’à l’écorce pour bâtir les immeubles, lesquels immeubles seront rendus à Mère Nature, désagrégés dans cinquante ans. Merci. Retour à la case départ.

Aloha (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 30 Mai 2023. , dans Récits, Ecriture, La Une CED

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Je suis à peu près sûre que vous ne savez pas situer sur une carte, Kalapana, Pahoa, Big Island. Quand même ! Hawaii. Ça y est, vous y êtes ! Appelée aussi Le Nombril du Monde. Kalapana, c’est assurément le bout du monde. J’y suis allée pour écrire. Et au bout de deux jours, j’ai cherché s’il n’y avait pas un cimetière d’écrivains Français. Epitaphe : ils n’y ont pas survécu.

À l’isolement.

Davantage qu’aux coulées de lave du volcan qui, depuis trente-cinq ans, assure à Kalapana, à peu près tous les quatre à huit ans (petite prédilection à creuser pour les chiffres pairs) un spectacle pyrotechnique des plus réussis. Résultat : il faut tout reconstruire.

Testosterone Therapy (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mercredi, 23 Novembre 2022. , dans Récits, Ecriture, La Une CED

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! allez, avouez-le ! vous vous êtes inscrite sur un site pour rencontrer l’homme de votre vie, en tout cas pour combler une part de votre vie. Vous habitez Mayami, vous avez téléchargé l’appli Bumble, vous avez confié vos données bancaires, vous ne savez pas trop à qui, vous avez accepté que vos données confidentielles ne le soient plus. Vous avez complété avec application toutes les lignes de votre profil, vous êtes géniale, bien sûr. Vous avez téléchargé vos plus belles photos, juste quelques années de décalage, ça va aller, vous n’êtes pas trop décatie, les hommes prétendent même que vous êtes plutôt bien conservée et ça vous fait bondir.

Eux en revanche, ils ont morflé. Les années, l’andropause, la presbytie, la calvitie, les divorces, les gosses en garde alternée, les licenciements, le business, le sport en dents de scie, se réinventer toujours et c’est loin d’être affriolant. Quant aux autres, ils sont beaucoup plus jeunes, beaucoup trop jeunes et jouer les mamans, ce n’est plus de votre âge.

La robe panthère (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 18 Novembre 2022. , dans Récits, Ecriture, La Une CED

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Marcella a une boutique de vêtements située sur Lincoln Road, à Miami Beach, et pas seulement une boutique. Deux étages dont un consacré aux hommes qui veulent porter des robes dos nu, également un espace dédié aux Arts. Ici, vous n’achèterez pas un vêtement, vous le rencontrerez. Ici, vous écouterez un auteur, une coupe de champagne à la main, en portant un habit qui vous définira bien davantage que tous ceux qui prétendent vous connaître. Marcella est élancée, elle est généreuse, elle est fantasque. Elle est sensible, voire un peu trop, à la lumière et aux inconnus. Elle est fragile comme toutes ces femmes qui collectionnent les adjectifs. Elle fut hippie, elle fut riche, elle fut sacrée Miss Colombie. Des cheveux blonds à la Jayne Mansfield qui, paraît-il était chauve sous sa perruque, interminables à l’instar de sa carrière de mannequin. Marcella fut une des plus belles femmes au monde. Modèle dès l’âge de dix ans en Colombie, il faut dire que ses parents l’étaient, des dieux tombés du Pic Cristobal Colon.