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Recensions

Le sang des fleurs, Johanna Sinisalo

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 25 Juin 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Actes Sud

Le sang des fleurs, traduit du finnois par Anne Colin Du Terrail, mai 2013, 285 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Johanna Sinisalo Edition: Actes Sud

 

 

Jamais avant le coucher du soleil et le magique Oiseau de malheur, qu’on avait adorés, font qu’on sait dans quel rayon on va se trouver, avec Sinisalo – une des plus belles plumes du Nord. On s’y précipite, comme un enfant dans le magasin de jouets : on piaffe un peu ; on veut « le même » en tout neuf, avec quelques fonctions en plus. Du fantastique, du rêve – dangereusement pastel, un réel qui fait peur : l’avenir écologique du monde… Un roman de Sinisalo, c’est toutes ces saveurs, à lire au coin du feu, ou en parcourant de grandes landes désertes. C’est souvent, ne pas lâcher le livre, tant l’émotion est prenante, l’atmosphère unique. Bref, la lire, la grande dame Finlandaise, c’est un sacré menu.

Alors, d’où vient que son Sang des fleurs donne par moments l’impression de marcher à côté ? Peut-être par son sujet trop ciblé, trop connu, trop – hélas – réel : le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, appelé par les Américains, terriblement touchés depuis quelques décennies, le CCD (colony colapse disorder).

Infid'elles, Catherine Van Zeeland

, le Mardi, 25 Juin 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman

Infid’elles, Editions Avant-propos, mai 2013, 144 pages, 16,95 € . Ecrivain(s): Catherine Van Zeeland

 

COSI FAN TUTTE


Rien de plus banal : marié à Sophie, André est tombé amoureux de Julie. Infid’elles raconte cette histoire universelle, commune et déchirante. L’auteur, Catherine van Zeeland, qui se cache derrière ses trois personnages tenant la plume à tour de rôle, prévient d’ailleurs : « Tout a été dit et écrit mille fois. Mais pas par moi ».

Sophie n’a plus d’illusions « l’amour c’est l’art de s’exposer à la trahison et le mariage l’art de le faire constamment ». D’ailleurs « les histoires d’amour commencent dans le manoir du Grand Meaulnes et se terminent dans l’impossibilité même de choisir à deux une lampe dans un catalogue Ikea ». On pourrait discuter ce dernier point de vue : quand on s’aime est-ce qu’on achète une lampe Ikea avec une ampoule blafarde qui a des relents de poisson fumé ? Mais c’est assez bien vu.

Fille de la campagne, Edna O'Brien

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 25 Juin 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Biographie, Récits, Sabine Wespieser

Fille de la campagne - mémoires (Country Girl) Trad. Anglais (Irlande) Pierre-Emmanuel Dauzat mars 2013. 474 p. 25 € . Ecrivain(s): Edna O'Brien Edition: Sabine Wespieser

 

Le titre de ce livre révèle déjà l’une de ses dimensions fondatrices : l’ironie. C’est le sceau de ce merveilleux livre de mémoires. De fait le titre du livre (Fille de la campagne/Country Girl) est en lui-même doublement ironique : - d’une part parce qu’il reprend presque à la lettre le titre de la grande œuvre initiale d’Edna O’Brien (Les Filles de la Campagne/ Country Girls) alors que les deux livres sont aussi éloignés que possible et par leur forme et par leur style. - D’autre part parce que dans ce titre (déjà) Edna O’Brien s’amuse de nous ! Si on attend l’histoire d’une pastorale irlandaise, d’une femme un peu bouseuse, provinciale, rustique, pataude eh bien sachez que ce livre est en fait une véritable biographie d’une mondaine des lettres, avec une dimension « literary people » éberluante.

Rendez-vous compte : on va croiser, sur les pas de cette « Wild Goose »* qu’est Mrs O’Brien, rien moins que le gratin de la littérature et du cinéma du milieu du XXème siècle. Il serait très difficile de faire ici la liste des invités (invités dans tous les sens du terme, aussi bien de ce livre que dans la vie car tous dînaient chez Edna O’Brien dans son séjour de Putney ou l’invitaient à dîner avec eux).

Sans rémission, Justine Jotham

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 25 Juin 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman

Sans rémission, Airvey Editions, mars 2013, 73 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Justine Jotham

 

Sans rémission est un court roman au rythme rapide au fil duquel l’auteure imagine les dix derniers jours du monde avant la fin annoncée de notre planète.

La chronique de ces dix jours d’avant l’apocalypse est faite par le personnage narrateur, Phil, qui, cancéreux, condamné par ses médecins, n’ayant plus que quelques jours à vivre, a fui son lit d’hôpital avec la complicité d’une infirmière dès que la nouvelle de la date de l’explosion finale a été diffusée par les médias.

De J-10 à J, Phil, désabusé, observe ce qui se passe dans sa rue et dans son quartier, parfois en les parcourant, le plus souvent de la fenêtre de son petit appartement.

« Moi, je continue comme si de rien n’était. Je ne suis qu’un vulgaire spectateur du cataclysme, je ne fais qu’observer et écouter, je ne participe pas à l’angoisse environnante… »

Il y eut un jour et il y eut une nuit, Abdijamil Nourpeissov

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 21 Juin 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Russie, Roman, L'Âge d'Homme

Il y eut un jour et il y eut une nuit, traduit du russe par Athanase Vantchev de Thracy, janvier 2013, 530 pages, 25 € . Ecrivain(s): Abdijamil Nourpeissov Edition: L'Âge d'Homme

 

Entre l’odyssée et la fresque élégiaque

 

Ce magnifique roman est scindé en deux parties narratives. L’auteur évoque dans la première séquence intitulée « Il y eut un jour » la relation difficile et conflictuelle entre Jadiguer, « Un homme de haute taille, au visage basané » et « au caractère de chien », et son épouse Bakizat, qui s’est mariée par dépit après avoir été rejetée par Azim, l’ami commun des deux. Tout au long de cette partie, le lecteur sent monter la tension dramatique et tragique. Quelque chose gronde, les blocs de glace vont forcément se fissurer sous les pieds de nos protagonistes.

L’écriture est dense et introspective. En effet, Abdijamil emploie le deuxième pronom personnel du singulier lorsqu’il s’apprête à « entrer » dans la tête du personnage intéressé pour restituer sa pensée au lecteur. Ce procédé façonne toute la grammaire du roman. C’est sa liturgie.