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Recensions

Conversations avec les choses muettes, Jean Galard (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 22 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

Conversations avec les choses muettes, Jean Galard, L’Atelier contemporain, Coll. Essais sur l’art, février 2023, 192 pages, 20 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Jean Galard, ancien directeur des services culturels du Musée du Louvre, met sa très grande érudition au service d’une question épineuse : dans quelle mesure le savoir sur l’art éclaire-t-il la contemplation des œuvres ? Et il s’agit bien de mesure, dans cet essai limpide. On y sent l’ironie de Jean Galard face aux contempteurs des cartels, de qui l’œil éduqué, affiné par la fréquentation des œuvres et des livres, n’a besoin en effet d’aucun accompagnement pour goûter le plaisir esthétique. Mais Jean Galard ne propose pas non plus un plaidoyer pour l’histoire de l’art. De court chapitre en court chapitre, à partir d’œuvres d’art variées dont on a en général la reproduction sous les yeux, il interroge la nécessité de connaître l’artiste, sa vie, le titre de l’œuvre, l’identité des personnages représentés, sans asséner de vérités générales qui vaudraient pour n’importe quelle œuvre, n’importe quelle information, exprimée de n’importe quelle manière.

Haut-Karabakh, Le livre noir, Eric Denécé, Tigrane Yégavian (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 21 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Histoire

Haut-Karabakh, Le livre noir, Eric Denécé, Tigrane Yégavian, CF2R, Centre Français de Recherche sur le Renseignement, éditions Ellipses, août 2022, 408 pages, 28 €


Une trentaine de personnalités reconnues répondent dans cet ouvrage au silence « assourdissant » de l’absence médiatique et internationale qui maintient une méconnaissance de la guerre qui a sévi au Haut-Karabakh, et du blocus actuel maintenu par l’Azerbaïdjan. Ce sont des comédiens, des essayistes, des universitaires, des religieux qui s’expriment pour s’indigner et alerter une opinion mondiale bien frileuse quant à ce désastre humanitaire, culturel… Si toutes les guerres sont « sales », certaines le sont d’autant plus qu’elles se font dans une indifférence coupable.

Anesthésie générale, Jerry Stahl (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 19 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, Polars, La Une Livres, USA, Rivages/noir

Anesthésie générale, Jerry Stahl, Rivages-Noir, janvier 2023, trad. anglais (USA) Alexis Nolent, 608 pages, 11,50 € Edition: Rivages/noir

 

Manny Rupert, ex-flic désormais à son compte, traverse une période comme il en a l’habitude, fauché, déprimé, cabossé par la vie, il est maintenant à deux doigts de se faire virer de son logement. Il lui reste cependant une minuscule planche de salut que, inconscient comme il l’est, il va emprunter pour continuer à marcher sur le fil du rasoir. Manny va se faire enfermer, à la demande « aimable » d’un client, Harry Zell, qui le coince dans un déambulateur, dans la pire des prisons de Californie, celle de San Quentin. Sa mission, animer des ateliers sur l’addiction auprès des prisonniers pour pouvoir approcher l’un deux, un vieillard de 97 ans aux limites de la schizophrénie, afin de découvrir comme il le prétend s’il est Joseph Mengele, l’Ange de la mort d’Auschwitz qui selon la version officielle serait mort noyé en se baignant dans la ville côtière de Bertioga (Brésil) le 7 février 1979. Stahl prend la direction de San Quentin avec un exemplaire de La Prison pour les nuls et un faux certificat d’État prouvant son statut d’expert patenté auprès de l’Institut Steinheim en matière d’addiction de drogue et d’alcool.

Les ébouriffés, Anne Cortey, Thomas Baas (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 16 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Grasset, Jeunesse

Les ébouriffés, Anne Cortey, Thomas Baas, Grasset Jeunesse, Coll. Lecteurs en herbe, avril 2023, 32 pages, 16,90 € Edition: Grasset

La traversée des nuages

Anne Cortey (née en 1966 à Avignon, devenue auteure et illustratrice après une maîtrise d’histoire de l’art), a écrit le texte de ce bel album jeunesse que Thomas Baas (né en 1975 à Strasbourg, diplômé des Arts décoratifs de Strasbourg) a richement illustré. Le livre aux dimensions de 30x20 cm, à la couverture reliée, fort de 32 pages, se présente aux jeunes lectrices et lecteurs en format paysage, ce qui est inhabituel et donc original.

Deux couleurs prédominent, complémentaires : le vert – vert émeraude, vert olive –, et des gammes d’orange – mat ou carotte – et de rose fuchsia. Les éléments du paysage, liquides et solides, les différentes espèces animalières entourent une cabane solitaire en bordure de lac. Dès le lever, les ébouriffés, en compagnie de leur chien, court sur pattes, vont faire fi de la pluie pour s’élancer joyeusement vers la cime des arbres. Et une aventure va commencer : la traversée des nuages. Et cela de l’aube à minuit… « La tête et les bras levés vers l’océan, / les ébouriffés se tiennent debout / sur l’herbe encore humide ». Les voilà partis très loin !

En bleu adorable, Carnets 2019-2022, Pascal Boulanger (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 16 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Tinbad

En bleu adorable, Carnets 2019-2022, Pascal Boulanger, Éd. Tinbad, avril 2023, 90 pages, 15 €

L’écriture poétique, inactuelle : atemporelle, et intempestive, peut-elle rendre compte du tohu-bohu et des aléas du monde qui nous entoure ? Joseph Delteil n’écrivait-il pas que le poète existe « à contre-temps » ? Autrement dit que faute d’occuper un monde habitable, le poète habite un autre monde, toujours à l’écoute de celui qu’il ne peut changer mais à l’écart, depuis un éloignement choisi d’où son regard observera canalisera exprimera par la transfiguration ou la figuration poétique des mots. Pascal Boulanger reprend, dès la première page, cette assertion éloquente de Claude Minière : « Quand vous êtes un poète, vous êtes fixé là, dans l’éloignement ». Cet éloignement, peut se demander le lecteur lambda, légitimise-t-il le fait que le poète puisse rendre compte du réel pragmatique de la vie journalière ? Oui, si l’on postule que tout poète est nécessairement au monde, que son état civil l’érige en citoyen du monde comme tout individu acté dans la société, et qu’écrire, en l’occurrence écrire de la poésie, incite à une mise à distance de la réalité propice à l’interprétation objective du réel environnant et de l’état du monde dans lequel le poète se positionne. Pascal Boulanger, poète et critique littéraire, atteste d’ailleurs par son parcours que l’écriture poétique peut chez un même auteur se pratiquer dans l’espace scriptural, simultanément à l’art poétique, lequel peut induire une vision éthique et politique que souhaitera, ou non, rendre publique le poète en question.