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Polars

Kalmann, Joachim B. Schmidt (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Vendredi, 11 Avril 2025. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Kalmann, Joachim B. Schmidt, Folio Policier, janvier 2025, trad. allemand, Barbara Fontaine, 368 pages, 9,50 € Edition: Folio (Gallimard)

Tous les romans policiers ne se ressemblent pas, a fortiori tous les romans policiers nordiques. Celui qui nous intéresse se déroule en Islande dans la ville de Raufarhöfn à deux kilomètres du cercle polaire, il s’intitule Kalmann et a été écrit par un auteur suisse. S’il a pour personnage central un cœur simple, un homme d’une trentaine d’années qui fait penser par ses réparties à Forrest Gump, héros du film éponyme, il présente quelques différences. Kalmann Óðinsson a le chef couvert d’un chapeau de cowboy, il porte une étoile de shérif américain et possède, accroché à sa ceinture, un vieux Mauser. Cette tenue qui est le seul héritage de son père d’origine américaine qu’il n’a croisé qu’une seule fois, lui vaut le surnom de « shérif de Raufarhöfn ». Kalmann est l’un des derniers pêcheurs de requin de la région et quasiment l’un des derniers pêcheurs tout court parce qu’une loi sur les quotas de pêche a été imposée dans cette région de l’océan. Avec ses poissons notre pêcheur prépare du hàkarl, du requin mariné, dont il détient la recette de son grand-père et pour lequel il revendique être le second meilleur préparateur de ce mets après son grand-père. Kalmann a une autre passion, il est chasseur. Il prétend avoir vu un ours polaire et poursuit le renard. Particulièrement un renard bleu surnommé Schwarzkopf à cause de sa tête noire comme la tête de femme qui figure sur les flacons de shampoing du même nom.

Nightmare Alley, William Lindsay Gresham (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Jeudi, 06 Mars 2025. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Nightmare Alley, William Lindsay Gresham, Folio policier, novembre 2024, trad. anglais (États-Unis), Denise Nast, Marie-Caroline Aubert, 464 pages, 10,40 €

Ce livre publié pour la première fois en 1946 a toute une histoire. Porté une première fois au cinéma en 1947, sous le titre Le Charlatan, il fut à nouveau entre les mains d’un réalisateur en 2021, et reçut un accueil chaleureux du public sous l’appellation de Nightmare Alley. Les éditions Gallimard l’ont publié une première fois dans la Série Noire sous le titre Le Charlatan, et viennent de le rééditer en Folio Policier, sous la dénomination Nightmare Alley que l’on pourra traduire par Le Passage des Cauchemars.

Dans son intéressante préface, Nick Tosches nous raconte que l’auteur, William Lindsay Gresham, s’était engagé dans les brigades internationales pour lutter contre Franco, et en attendant son embarquement pour rentrer au USA, aurait bu des verres avec un dénommé Joseph Daniel Halliday. Ce dernier lui aurait raconté l’histoire d’un type que l’on surnommait « le geek », alcoolique au dernier degré qui pour pouvoir gagner sa ration d’alcool arrachait, dans un cirque, avec ses dents, des têtes de poulets et de serpents. Cette histoire hanta Gresham, alcoolique lui-même qui dans les années 1938-1939 écrivit son livre.

Malart, Aro Sáinz de la Maza (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 05 Novembre 2024. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Actes Noirs (Actes Sud)

Malart, Aro Sáinz de la Maza, Éditions Actes noirs, avril 2024, trad. espagnol, Serge Mestre, 432 pages, 23,50 € Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Au large de Barcelone quelque chose dérive avec accrochée à sa structure un corps. La personne est vivante, le narrateur nous fait percevoir ses sensations. Goût d’eau salée, délires. Des images défilent : un tablier rouge et bleu, une patineuse… L’homme puisqu’il s’agit d’un homme, très affaibli, attaché et agrippé à une petite embarcation a le corps qui baigne dans l’eau de mer. Il boit la tasse à chaque paquet d’eau salée qui vient le recouvrir et semble drogué. Il se souvient néanmoins qu’il fait partie des forces de police. Il ne voit pas la côte, il est désespéré et toujours reviennent ces couleurs bleu et rouge et cette patineuse. C’est l’inspecteur Malart de la police de Barcelone !

Milo Malart, on en parle beaucoup au centre de police. La sous-inspectrice Mercader et ses collègues le recherchent désespérément. Ils ont 60 heures pour le retrouver. C’est un géant de deux mètres au caractère bien trempé qui n’en fait souvent qu’à sa tête. Il était parti à la poursuite de ceux qu’il pensait être les auteurs de nombreux assassinats dans la région de Barcelone, c’est sa version en tout cas.

Bois-aux-Renards, Antoine Chainas (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 27 Août 2024. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Bois-aux-Renards, Antoine Chainas, Folio policier, février 2024, 496 pages, 9,40 € Edition: Folio (Gallimard)

 

« Adiaphorie » est l’un des nombreux mots dont se sert Antoine Chainas au fil de son neuvième roman pour inciter le lecteur à interrompre le fil narratif le temps d’une plongée dans le dictionnaire. Car l’auteur dispose et use d’un riche lexique, et il en fait étalage tout au long des soixante-trois brefs (ou parfois moins brefs) chapitres de Bois-aux-Renards. On est ainsi confronté, en ouverture du quarante-cinquième d’entre eux, aux phrases suivantes : « L’aube avait une couleur de liquide amniotique. On imaginait les cellules desquamées mélangées à l’eau des altostratus, le chorion connecté aux nuées utérines et la migration des kératocytes pour combler dans les fonds lointains du ciel ». Un peu avant, concernant le petit-neveu d’Admète, personnage sur lequel on reviendra, on apprend « que le livedo sur son long nez, s’il se prolongeait, se muerait avec l’âge en thrombose ». Cela peut sembler paradoxal, à l’ère de l’appauvrissement lexical généralisé, mais la débauche lexicale à laquelle procède Chainas a le don d’agacer : c’est un peu gratuit et démonstratif. Surtout venant d’un auteur qui se fend au passage d’un joli « maître étalon »…

Les chiens de guerre, Frederick Forsyth (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 27 Mars 2024. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Les chiens de guerre, Frederick Forsyth, Folio Policier, 2023, trad. anglais, Claude et Anny Mourthé, 624 pages, 11,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

L’action se déroule dans un pays africain qui n’existe pas mais que l’on peut imaginer aisément le Zangaro. Le pays est dominé par de hautes montagnes aux ressources minières importantes. Il est par ailleurs traversé par le fleuve Zangaro. À la tête de cet Etat, le Président Jean Kimba, un mégalomane fou à lier, retranché dans son palais, entouré d’une garde personnelle imposante, composée de la presque totalité des défenses militaires du pays, gouverne d’une main de fer. La population qui se chiffre à 220.000 habitants se compose essentiellement de deux ethnies rivales ancestrales, les Vindus et les Cajas, soit respectivement 190.000 individus contre 30.000. Le désamour des uns pour les autres est savamment entretenu, pour la paix de tous. Cependant, c’est sans compter sur la présence, pour le moment très discrète, de puissances occidentales et russes. L’économie est fondée sur une agriculture de subsistance à base d’igname et de manioc. Il n’y a pas d’industrie, et les exportations de bananes et de café sont au point mort. Les enfants souffrent de malnutrition. On se déplace essentiellement sur le fleuve, il n’y a pratiquement pas de route.