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Nouvelles

La belle indifférence, Sarah Hall

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 13 Mars 2013. , dans Nouvelles, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Christian Bourgois

La belle indifférence. Trad. De l’anglais Eric Chédaille Février 2013. 170 p. 15 € . Ecrivain(s): Sarah Hall Edition: Christian Bourgois

 

Sarah Hall dans ce recueil se révèle sous un jour éblouissant et encore inconnu. On savait son talent de romancière depuis au moins le « Michel-Ange électrique ». Avec ces sept nouvelles, une nouvelliste exceptionnelle nous absorbe de bout en bout.

Sept histoires. Nous sommes dans un genre très éloigné des nouvelles de Carver ou de McGregor. Chaque nouvelle est un mini-roman, avec des personnages profonds et complexes, une narration captivante, un début, une fin. Sarah Hall déploie une formidable capacité à opérer une condensation narrative stupéfiante, dans un style étincelant. Une rivière de sept diamants taillés au millimètre.

Les personnages centraux de toutes les nouvelles sont des femmes. Sarah Hall annonce la couleur : ce livre célèbre la féminité. C’est incontestablement la trace la plus forte qui reste de cette lecture. Une féminité à l’image de l’écriture de Sarah Hall : à vif, d’une nervosité haletante, vibrant à chaque instant d’une tension extrême :

Nouvelles calédoniennes, collectif, Vents d'ailleurs

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 08 Mars 2013. , dans Nouvelles, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Vents d'ailleurs

Nouvelles calédoniennes, Vents d’ailleurs/Ici & Ailleurs, 2012, 128 pages, 14,20 € Edition: Vents d'ailleurs

 

Sept auteurs, sept nouvelles, comme les sept notes de musique pour la richesse d’une mélodie, sept couleurs pour peindre l’arc-en-ciel d’une terre, celle de Nouvelle-Calédonie, terre de contraste, de métissage comme de conflits, terre d’ancêtres pour les uns, d’enracinement ou de passage pour d’autres. Sept nouvelles aussi différentes que les origines de leurs auteurs, et pourtant une terre, une seule, qui devient le lien, le creuset où se mélangent culture, rêves et parcours de chacun.

Sept nouvelles où souvenirs et fiction s’entremêlent pour tisser comme un manou, ce morceau d’étoffe à la fois utile et symbolique dans la coutume Kanak. Les Kanaks qui, ne l’oublions pas, sont le premier peuple de cette terre et on retrouvera leur souffle dans la majeure partie des nouvelles du livre, même si les auteurs sont d’origines diverses : kanak pour Waej Génin-Juni et Denis Pourawa, métisse pour Noëlla Poemate, néo-calédoniens de naissance comme Frédéric Ohlen et descendant de familles migrantes installées là depuis le XIXe siècle comme Nicolas Kurtovitch, mais aussi Française de Belfort comme Claudine Jacques, ayant pris racine là-bas à l’adolescence ou encore Bretonne partie vivre là-bas en 1989, comme Anne Bihan.

Ce qui est arrivé à M. Davison, Jon McGregor

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 07 Mars 2013. , dans Nouvelles, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Christian Bourgois

Ce qui est arrivé à M. Davison. Trad. Anglais Christine Laferrière février 2013. 295 p. 17 € . Ecrivain(s): Jon McGregor Edition: Christian Bourgois

 

Jon McGregor est définitivement de la lignée des écrivains qui se coltinent avec la langue même, la matière de l’expression. Les nouvelles qu’il nous offre dans ce recueil constituent une sorte de laboratoire d’écriture nouvelliste. Aucun des textes ne ressemble à un autre par la forme : phrases brisées, répétitions, inventaires, documents administratifs ou techniques, et même listes de noms propres, tout y passe comme dans une sorte d’exploration des canons de l’écriture. Dans la deuxième nouvelle, on a même un brouillon de poème, celui qu’est en train d’écrire l’héroïne de l’histoire : page de gauche la nouvelle et son déroulé, page de droite le poème de la femme en « work in progress »

 

« Quand vient l’aurore

Quand la première lueur pénètre depuis l’est

Le ciel est de la couleur des billes.

D’un gris médiocre et vitreux » (En hiver le ciel)

L'ange Esmeralda, Don DeLillo

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 26 Février 2013. , dans Nouvelles, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Actes Sud

L’Ange Esmeralda (The Angel Esmeralda: Nine Stories), traduit (USA) Marianne Véron, 252 p. 21,80 € . Ecrivain(s): Don DeLillo Edition: Actes Sud

 

L’Ange Esmeralda est un recueil de nouvelles écrites par Don DeLillo entre 1979 et 2011. A côté de ses romans, l’occasion nous est donnée d’apprécier une autre facette du talent de l’auteur, sur des formats courts, facette que l’on avait déjà pu découvrir avec son dernier ouvrage, Point Oméga, une novella déjà bien moins longue que ses habituels écrits.

DeLillo est aussi brillant en novelliste qu’en romancier par sa capacité à planter le décor, d’incarner des personnages, et de créer une tension avec peu d’effets.

L’Ange Esmeralda est un concentré de Don DeLillo, une sorte de miroir de son œuvre, une évocation de ses thématiques. Comme ses romans, les neuf nouvelles de ce recueil sont tantôt brillantes, ultra brillantes, avec leur écriture précise, mais tantôt aussi un peu poussives, à cause d’une certaine tendance à la pseudo philosophie, de dialogues un peu théoriques, pleins de formules, de sentences dont l’auteur a parfois tendance à abuser (mais c’est ce qui fait aussi son charme et pourquoi on l’aime).

N'en faites pas une histoire, Raymond Carver

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 14 Février 2013. , dans Nouvelles, Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, USA, Poésie, L'Olivier (Seuil)

N’en faites pas une histoire (No heroics, please, 1991) trad (USA) François Lasquin (2012) 294 p. 15 € . Ecrivain(s): Raymond Carver Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Nous avons droit dans ce 8ème opus des œuvres complètes de Raymond Carver chez l’Olivier, à des miscellanées. Un bric-à-brac littéraire étincelant, celui de l’artisan de l’écriture le plus doué de sa génération. Des nouvelles de jeunesse, stupéfiantes déjà de maîtrise narrative et qui laissent présager clairement l’économie des futures grandes nouvelles : minimalisme des moyens mis en œuvre, langue épurée et faite des mots les plus simples et les plus justes, la traque obsessionnelle de la réalité la plus banale :

 

« Il se rase. En tournant la tête, il peut voir ce qui se passe dans le séjour. Iris, de profil, assise sur le tabouret, devant la vieille coiffeuse. Il pose le rasoir, se rince le visage. Ensuite, sa main se referme à nouveau sur le manche du rasoir, et au même instant il entend les premières gouttes de pluie sur le toit … » (In « Furieuses saisons »)