« La vue m’est venue avant la parole, avant toute autre chose. Elle est mon premier effleurement du monde. Vivre, dès lors, c’est ne plus interrompre mon regard, être dans l’incapacité de redevenir aveugle ».
L’écrivain ne fait pas que regarder les toiles, les dessins, les gravures, les ardoises, les aquarelles, les vitraux, il les voit, c’est alors qu’il peut écrire. La Peinture et son Ombre est un livre de voyant – Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant (1) –, de l’œil à la langue, il y a un livre et des peintres. La littérature et son Ombre, la peinture et sa Lumière, le bel agencement des mots est là pour vérifier tout cela.
« Je l’ai longtemps regardée, cette gravure : sinuosité de la ligne qui creuse le relief des nuées, hachures obliques de la pluie, l’eau recueille la lumière, l’humanise après l’orage qui s’éloigne, mais cruelle demeure la blancheur au-dessus des trois arbres ».