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Les Livres

La Peinture et son Ombre, Jean-Claude Schneider

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 30 Avril 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Arts, L'Atelier Contemporain

La Peinture et son Ombre, mars 2015, 208 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Schneider Edition: L'Atelier Contemporain

 

« La vue m’est venue avant la parole, avant toute autre chose. Elle est mon premier effleurement du monde. Vivre, dès lors, c’est ne plus interrompre mon regard, être dans l’incapacité de redevenir aveugle ».

L’écrivain ne fait pas que regarder les toiles, les dessins, les gravures, les ardoises, les aquarelles, les vitraux, il les voit, c’est alors qu’il peut écrire. La Peinture et son Ombre est un livre de voyant – Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant (1) –, de l’œil à la langue, il y a un livre et des peintres. La littérature et son Ombre, la peinture et sa Lumière, le bel agencement des mots est là pour vérifier tout cela.

« Je l’ai longtemps regardée, cette gravure : sinuosité de la ligne qui creuse le relief des nuées, hachures obliques de la pluie, l’eau recueille la lumière, l’humanise après l’orage qui s’éloigne, mais cruelle demeure la blancheur au-dessus des trois arbres ».

L’œuvre poétique, Giorgio Caproni

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Jeudi, 30 Avril 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Galaade éditions, Italie

L’œuvre poétique, trad. de l’italien par Isabelle Lavergne, Jean-Yves Masson, Philippe Renard, Bernard Simeone, 1024 pages, 45 € . Ecrivain(s): Giorgio Caproni Edition: Galaade éditions

 

« Tout dit le renoncement qui conduit vers le Même. Le renoncement ne prend pas, mais il donne. Il donne la force inépuisable du Simple. Par l’appel, en une lointaine Origine, une terre natale nous est rendue ».

Martin Heidegger, Le Chemin de campagne, in. Questions III et IV

 

Le Poème de Caproni est un Homme qui doute de sa propre histoire, une « pOeuvretique » (contraction de L’œuvre poétique), un esprit, une parole athéologie, condition nécessaire du vide pour vivre son humanité et entièrement placée sous le signe de l’adieu, non pas à Dieu, mais de la non-existence de Dieu, puisqu’il n’est plus !

Tous les hommes sont des causes perdues, Mabrouck Rachedi

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 29 Avril 2015. , dans Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Roman, L'Âge d'Homme

Tous les hommes sont des causes perdues, mars 2015, 228 pages, 19 € . Ecrivain(s): Mabrouck Rachedi Edition: L'Âge d'Homme

 

C’est la chanson de Christophe, Les mots bleus, qui sert d’exergue au nouveau roman de Mabrouck Rachedi, Tous les hommes sont des causes perdues. Cela paraît tout à fait pertinent. Mais les paroles d’une autre chanson celle de Cora Vaucaire peuvent nous revenir en tête lancinantes : « Plus je repense à nos amours/ A ses bonheurs et à ses peines/ Plus je me dis que tu avais/ Le génie de la mise en scène/ Comme au théâtre/ Comme au théâtre. Comme au théâtre, comme au théâtre ».

En effet c’est une pièce de théâtre qui se déroule devant nos yeux dès que nous ouvrons ce roman. Une pièce en quatre actes. L’intrigue prend son envol juste avant l’engagement définitif des deux amoureux. Le premier acte est un court prologue qui met en place la situation. Deux personnages, Adam et Sofia, s’aiment et sont à deux jours de leur mariage. Le deuxième acte est un long monologue où Adam se raconte et raconte à la première personne tous les prémisses de cette histoire. Le troisième acte Sofia, à son tour, déroule sa vision de la vie et de l’amour. En quelques pages, le quatrième acte conduit au dénouent où l’auteur dévoile le fin mot de ce récit.

N’appelle pas à la maison, Carlos Zanón

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 29 Avril 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Espagne, Asphalte éditions

N’appelle pas à la maison (No llames a casa), avril 2014, traduit de l’espagnol par Adrien Bagarry, 284 pages, 22 € . Ecrivain(s): Carlos Zanon Edition: Asphalte éditions

 

 

L’important dans ce roman de Carlos Zanón, ce n’est pas tant la ville, « ce désert sans foi ni loi qu’est Barcelone », mais ce que vivent ceux qui y vivent ou y survivent, dans un réel parfois irréel, peuplé de rêves et de souvenirs. Qu’il s’agisse de Cristian, Raquel ou Bruno, de Max, Merche ou Gero, ils cherchent tous quelque chose, quelque chose à fuir ou à atteindre. « A les écouter, ils ont tous connu un passé mythique, merveilleux, et seules la malchance, la méchanceté et la drogue les ont conduits là où ils en sont. Tout est mensonge, tout est vérité ». Cela vaut pour les premiers qui squattent où ils peuvent et vivent de petits chantages, flambant leurs bénéfices en grands seigneurs, mais aussi pour les seconds qui vivent déchirés entre la tentation d’une vie tiède et bien réglée et le romantisme possessif de leurs rêves d’amour et d’absolu.

Amour, Colère et Folie, Marie Vieux-Chauvet

, le Samedi, 25 Avril 2015. , dans Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Roman, Zulma

Amour, Colère et Folie, avril 2015 (initialement paru en 1968), 492 pages, 11,20 € . Ecrivain(s): Marie Vieux-Chauvet Edition: Zulma

 

Maison assiégée


Les trois récits qui composent le roman de Marie Vieux-Chauvet ont été composés en Haïti et publiés en 1968, valant à son auteur l’exil au cours de la dictature de Duvalier, Papa Doc – qui n’est jamais nommé, et pourtant dont la terreur qui imprègne les récits est omniprésente. Jusque-là, Marie Vieux-Chauvet, auteur secondaire de nouvelles essentiellement, apparaissait comme représentative de la bourgeoisie mulâtresse de l’île, acquérant avec Amour, Colère et Folie, véritable brûlot contre la dictature et son cortège de violences et d’injustices, le statut d’écrivain majeur. Car ces trois récits, apparemment indépendants les uns des autres, révèlent avec une justesse de ton terrible l’horreur qui baigne le pays.

 

La maison, la femme et la famille