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Les Livres

Flannery O’Connor, Dieu et les gallinacés, Cécilia Dutter

Ecrit par Laurent Bettoni , le Mercredi, 30 Mars 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie

Flannery O’Connor, Dieu et les gallinacés, éd. du Cerf, mars 2016, 208 pages, 19 € . Ecrivain(s): Cécilia Dutter

 

Grande romancière et nouvelliste américaine du vieux Sud des États-Unis, Flannery O’Connor, malgré une vie brève et marquée par la maladie, a laissé une œuvre puissante, encore trop méconnue du public français, bien qu’elle ait fait l’objet d’une édition intégrale en Quarto chez Gallimard.

Cécilia Dutter se fait ici l’écho de cette voix singulière. Elle retrace avec talent et admiration l’itinéraire de la femme et de l’écrivain, dans une biographie aussi littéraire qu’intime. L’auteur s’y dévoile de temps à autre, par petites touches, derrière cette « maîtresse en littérature » qu’elle fut.

Atteinte d’un lupus érythémateux, maladie auto-immune grave qui lui valut de nombreux séjours à l’hôpital et dont elle mourut à l’âge de 39 ans, Flannery O’Connor passa l’essentiel de son existence dans son domaine de Milledgeville, en Géorgie où, entourée de ses paons et autres gallinacés, elle consacra le peu d’énergie qu’il lui restait à l’écriture.

Le Défi Charlie Les Médias à l’épreuve des attentats, sous la direction de Pierre Lefébure et Claire Sécail

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 30 Mars 2016. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Lemieux éditeur

Le Défi Charlie Les Médias à l’épreuve des attentats, janvier 2016, 381 pages, 16 € . Ecrivain(s): Pierre Lefébure et Claire Sécail Edition: Lemieux éditeur

 

Dans ce recueil d’articles, onze chercheurs en sciences sociales proposent une analyse du traitement médiatique des attentats de janvier 2015. Ils s’attachent ainsi à poser un regard critique sur des images, des messages, des discours fortement émotionnels pour nous aider à saisir leur signification et leur portée.

L’ouvrage est organisé en trois grandes parties qui correspondent à la temporalité médiatique des événements : « Le temps de l’attaque », « Le temps de la marche », « Le temps du débat ».

La première partie est composée de trois articles traitant respectivement des Unes internationales, de la réaction de certains humoristes aux attentats et de la communication de François Hollande. Ici, les chercheurs me paraissent confirmer la perception qu’un citoyen à peu près informé pouvait en avoir : uniformité relative des Unes – avec des singularités cependant relevées par la chercheuse Katharina Niemeyer – résistance par le rire des humoristes, stature présidentielle acquise par François Hollande, mais dont les bénéfices n’ont pas pu être transmis à d’autres dossiers.

Dans la neige, Arnaud Rykner

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mardi, 29 Mars 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La Brune (Le Rouergue)

Dans la neige, mars 2016, 128 pages, 13,90 € . Ecrivain(s): Arnaud Rykner Edition: La Brune (Le Rouergue)

C’est une citation de Robert Walser qui ouvre le roman singulier, Dans la neige, d’Arnaud Rykner :

« Juste devenir idiot. Il y a quelque chose de merveilleux à devenir idiot. Mais il ne faut pas le vouloir, cela vient tout seul ».

L’histoire de Joseph c’est celle d’un auteur prolifique et brillant qui a cessé d’écrire pour rejoindre la nudité du temps, la vie la plus dépouillée, la plus vidée de pensées encombrantes pour gagner la joie de seulement être là.

Tour à tour, Joseph ou Tobias (qui vous voulez), tour à tour à la première ou à la troisième personne, le récit semble polyphonique. Le narrateur, ou plutôt les narrateurs en une même personne, c’est Joseph ou Tobias ou « qui vous voulez », un être simple ? Un être tout en poésie, et en vérité, celle du vent, des oiseaux, des cailloux et des lacs, qui nous parle de ce qu’il appelle « la métaphysique du petit pois ». « Entre les ongles, les doigts poussent, la tête sort. Petit pois tombe. J’écosse des petits pois ». Sa vie à l’hospice (pas l’asile) est faite de choses simples, de mots simples, de pensées simples, d’une vie toute simple, faite de rires et de tristesse, de drames parfois et surtout avec une seule raison d’être : « Rien à faire qu’à être bien », leitmotiv lancinant, tout autant que peut l’être sa douleur dans la répétition d’un « où est Lisa ? » qui scande le récit.

La figurante, Avraham B. Yehoshua

Ecrit par Anne Morin , le Samedi, 26 Mars 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, Grasset

La figurante, février 2016, trad. hébreu Jean-Luc Allouche, 399 pages, 22 € . Ecrivain(s): Avraham B Yehoshua Edition: Grasset

 

Le retour, un retour à l’enfance, une incursion qui paraît anodine, dans le passé… revenir en arrière, c’est aussi pour Noga affronter ses démons : démons familiers – ? – de sa mère, de son frère, de son père mort, de son ex-mari, et fantômes de ce – ceux – qu’elle n’a pas su résoudre.

C’est aussi se mesurer à l’engloutissement d’un monde, d’un pays, d’une ville, grignotés de l’intérieur par les religieux qui colonisent peu à peu, quartier par quartier, la Jérusalem de son enfance et de sa jeunesse.

« – En effet, il donnait sur un magnifique paysage, et avait plusieurs fenêtres. Mais je n’ai aucun doute qu’entre-temps, à cause de la fécondité des habitants et des nouvelles constructions, ce paysage ne doit plus exister. Oui, c’était un appartement très agréable dans un quartier qui, depuis, a changé et est devenu plus noir que le noir, mais, en fait, c’est pareil chez nous… » (p.357).

Le tambour des larmes, Beyrouk

Ecrit par Theo Ananissoh , le Samedi, 26 Mars 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman, Elyzad

Le tambour des larmes, septembre 2015, 240 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Beyrouk Edition: Elyzad

 

Rayhana court. Sans s’arrêter ou presque. Par les dunes, de jour, de nuit, sous l’orage, s’abritant dans une grotte ou sous une tente de bergers charitables, échappant de justesse à un viol… Où va-t-elle ? Non. Que fuit-elle ? Les… siens. Le campement de sa naissance, sa tribu, sa mère, son oncle le Chef, ses amis d’enfance, bref tout ce qui aurait dû être son lieu de vie et de sécurité. Rayhana, belle, à peine sortie de l’adolescence, âme confiante, n’a pas vite compris son sort de femme. Elle a cru aux paroles tendres et furtives d’un jeune citadin. La voici enceinte avant d’avoir été mariée ; pire, d’un amant inconnu, nuitamment disparu comme il est apparu. Horreur ! Scandale ! Elle accouche en cachette, on lui arrache le bébé et la marie de force à un garçon naïf afin de simuler, preuve à l’appui, sa virginité. Les âmes rebelles sont en fait des esprits confiants et purs. Rayhana ne peut consentir à ce destin. Son bébé disparu la hante, ce qu’on a fait de lui la torture nuit et jour. Elle ne peut rester là, dans ce campement, dans ce monde. Elle s’en va, s’enfuit, s’évade d’eux, de tout, de tous. En emportant – geste de vengeance ? De rage ? – l’objet sacré parmi les plus sacrés de la tribu : le tambour tribal.