Il y a du Jacques-Olivier Bosco dans le personnage de Loupo, à moins que ce ne soit l’inverse. Inutile de chercher dans la biographie de l’auteur des points communs avec le parcours chaotique du héros de son dernier polar. Non, l’identification que l’on flaire à chaque page du roman ne passe ni par les origines, ni par l’enfance abandonnée, ni par un CV de bandit spécialisé dans les braquages… Si Bosco est Loupo, ou l’inverse, c’est par la sensibilité exacerbée, par l’incapacité à guérir les bleus à l’âme infligés par les injustices, par la recherche perpétuelle d’un refuge salvateur dans l’amitié virile, le credo dans des valeurs humaines qui se dressent comme autant de remparts face à la désespérance, la jouissance dans l’amour qui donne encore envie d’y croire et de s’accrocher à l’existence. Écorchés, à vif, l’un et l’autre. Parfois désabusés, mais jamais cyniques. La rage en partage, mais aussi et surtout la tendresse.
Loupo, c’est un ancien môme de l’Assistance Publique d’Évry, comme son pote Kangou, le frappé des gros cubes. « Deux loups solitaires et méfiants », 25 piges chacun et déjà à leur actif pas mal de braquages de postes et de banques sur Paris et sa banlieue et qui bénéficient des tuyaux de Le Chat, leur « prospect », au parfum des mouvements de fonds et des sécurités mises en place. Les motos volées et trafiquées pour Kangou, les décisions et les flingues pour Loupo.