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Excursions dans la zone intérieure, Paul Auster (2ème article)

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Lundi, 02 Juin 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Biographie, Récits, Actes Sud

Excursions dans la zone intérieure, traduit (USA) par Pierre Furlan, mai 2014, 368 p. 23 € (ce livre existe en ebook, 400 p. 16,99 €) . Ecrivain(s): Paul Auster Edition: Actes Sud

 

La Littérature comme FRAGMENT introspectif, « Invue » d’une vie : « Au commencement, tout était vivant » !

Excursions dans la zone intérieure de Paul Auster s’inscrit dans le prolongement d’un dialogue entre le « je » et le « tu », entre celui qui écrit et lui-même. Non pas sur la question du corps sensoriel, des mutations liées aux expériences physiques – Chronique d’hiver paru en 2013 – mais sur la reconstruction de son esprit, dans un journal cinématographique elliptique, labyrinthique où s’incarne l’environnement socioculturel d’une Amérique de la seconde moitié du 20e siècle.

« Etre comme tout le monde » permet à Paul Auster de poser l’espace de son interrogation comme le fil entre les deux ouvrages, entre ses deux états. L’auteur dessine le paysage de son enfance, souvenir d’une tasse en porcelaine décorée de deux illustrations tirées des livres de Beatrix Potter ; dont « tu » te sers encore aujourd’hui chaque matin pour prendre le thé. Jusqu’à l’âge de cinq ou six ans, croyant que les mots anglais pour « être humain » (being human) se prononçaient de façon à signifier « haricot humain » (been human), étant le symbole de la « vie même » de part sa petite taille.

Une lampe entre les dents, Chronique athénienne, Christos Chryssopoulos

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 02 Juin 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Récits, Actes Sud

Une lampe entre les dents, Chronique athénienne, traduction du grec moderne, Anne-Laure Brisac, 2013, 122 pages, 16,80 € . Ecrivain(s): Christos Chryssopoulos Edition: Actes Sud

 

Le flâneur d’Athènes


Le texte de C. Chryssopoulos est un livre singulier : son sous-titre le considère comme une chronique, datée d’ailleurs à l’intérieur du livre (entre décembre 2011 et l’automne suivant), mais il s’affirme aussi comme journal intérieur a posteriori, celui d’un homme, d’un marcheur obsessionnel dans sa ville, qui a abandonné un soir la pièce où il écrit, ce qu’il nomme « la pièce des spectres », pour gagner les rues d’Athènes qu’il connaît parfaitement. Singularité également dans l’étroite tension qui relie le texte et les photos, la plupart prises par l’auteur et qui sont toutes en noir et blanc au format de vignettes, à l’exception de deux d’entre elles qui occupent la page (p.58, montage des magasins fermés dans le contexte de la crise économique et p.103 dans le supplément de « la Lampe », en format paysage, une série de SDF couchés sur des bancs ou sur le bitume).

La solitude est sainte, William Hazlitt

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Samedi, 31 Mai 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Iles britanniques, Quai Voltaire (La Table Ronde)

La solitude est sainte, mai 2014, 126 pages, 14 € . Ecrivain(s): William Hazlitt Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

Avant tout destiné à la peinture, William Hazlitt (1778-1830) offre dans La solitude est sainte le rythme et la coulée à la sensibilité romantique du littérateur en lui. Mais le peintre et l’écrivain s’y retrouvent, puisque tous deux exercent le goût de l’observation sur le vif ; l’œil au quotidien sans cesse aux aguets de l’environnement journalier en ses détails et sa vue panoramique ; une érudition empirique fondée sur l’expérience et l’étude de la nature qu’il importe non pas de copier mais d’exprimer (cf. Préface de Lucien d’Azay in La solitude est sainte).

Ce recueil, dont le titre est emprunté au Stello d’Alfred de Vigny, se compose de trois essais dont une sensibilité reconnaissable parcourt la teneur et la cohérence des propos sur l’art de vivre célébré. Partir en voyage ainsi rejoint Vivre à part soi dans la liberté individuelle défendue et illustrée par une solitude choisie et assumée pour mieux vivre en harmonie avec le monde extérieur observé à distance, et avec soi-même. Le goût et l’envie d’une existence itinérante va de pair chez William Hazlitt, qui a publié ces essais en 1821 et 1822, avec des départs non manqués dès que cela lui était possible et pleinement assumés en leur solitude désirée afin, justement, d’aller mieux à la rencontre de l’Autre.

La maquisarde, Nora Hamdi

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 31 Mai 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset

La maquisarde, mai 2014, 197 pages, 17 € . Ecrivain(s): Nora Hamdi Edition: Grasset

 

Peu de récits sont consacrés au rôle et à l’engagement des femmes dans les guerres, dans les mouvements de libération. Celui de Nora Hamdi, La maquisarde, a des chances de faire bonne figure dans cette catégorie. Dans ce texte, les étapes de l’engagement de la mère de Nora Hamdi sont retracées, explicitées. Nous sommes au début de la guerre d’Algérie en Kabylie, et Nora Hamdi situe d’emblée les injustices criantes dont sont victimes ceux qu’on appelle alors les « indigènes » : « Comme la plupart des enfants de mon entourage, je ne suis jamais allée à l’école. Elle n’existe pas pour les enfants de la région (…) L’école est pour les enfants de colons. Pas pour les Algériens ».

Ce qui motive la mère de Nora Hamdi, c’est également l’exemple de Déhbia, cette femme connue par l’intermédiaire de sa sœur Esma. Ce qu’elle admire chez cette femme, c’est sa pratique du métier d’aide-soignante, qui lui permet d’aider secrètement les maquisards du FLN, c’est aussi son sacrifice conjugal car son époux a rejoint le maquis et ne peut donc donner de nouvelles… Après avoir connu les camps d’internement dont elle parvient à s’évader, le choix de cette femme est irrémédiable, elle affrontera tous les risques :

La Trilogie Nostradamus, Mario Reading

Ecrit par Cathy Garcia , le Samedi, 31 Mai 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Afrique, Roman, Le Cherche-Midi

La Trilogie Nostradamus, traduit de l’anglais par Florence Mantran, T. 1, Les Prophéties perdues, septembre 2013, 576 pages, 14 € ; T. 2, L’Hérésie maya, septembre 2013, 640 p. 21 € ; T. 3, Le Troisième Antéchrist, février 2014, 592 pages, 21 € . Ecrivain(s): Mario Reading Edition: Le Cherche-Midi

 

Difficile de résumer une telle trilogie, tellement elle est dense, mais ce qui est certain c’est que le premier tome nous embarque pour une aventure des plus captivantes où se retrouvent impliqués, parfois bien malgré eux, des personnages de milieux qui a priori n’ont rien à voir entre eux. Ainsi Adam Sabir, un écrivain franco-américain, spécialiste de Nostradamus, arrive à Paris sur les traces de 52 prophéties inédites dont nul n’a eu connaissance, des prophéties perdues.

Légende ou réalité ? Toujours est-il qu’il se retrouve aussitôt mêlé à une sombre histoire de meurtre, celui d’un gitan surnommé Babel Samana qui semblait savoir quelque chose à leur propos. Adam Sabir est le principal suspect de cet assassinat plutôt sauvage. À la fois en fuite et toujours sur les traces des prophéties perdues, il a sur ses propres traces le policier Calque, qui tient plus de l’érudit fou d’histoire que du policier, et son adjoint bien moins érudit, mais plus zélé. Le tueur de Babel Samana aussi est sur ses traces, Adam Sabir n’est pas le seul à rechercher ces prophéties.