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La Une Livres

Yeux, Michel Serres

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Lundi, 05 Janvier 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Le Pommier éditions

Yeux, octobre 2014, 192 pages, 39 € . Ecrivain(s): Michel Serres Edition: Le Pommier éditions

 

« L’amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l’âme »

William Shakespeare

 

Michel Serres, philosophe, historien des sciences, publie un nouvel ouvrage, Yeux (éditions Le Pommier). Il y développe une contradiction de la « vision », de la représentation, dans l’espace du voir, du vu et de l’invu. Il y interroge tous les regards, dans notre société qui pense tout voir et avoir tout vu ! A ce titre, son livre est un Panoptès idéal, classique, dans l’espace et le temps, d’un musée idéal de celui qui regarde. Car, nous qui regardons, nous sommes aussi observés par tous et partout ! Or, Michel Serres sait habilement nous prévenir du caractère énigmatique de l’ouvrage, entre échec et réussite. Il tente de poser à côté des images une typographie soignée, à l’image du poème Pour faire le portrait d’un oiseau de Jacques Prévert, tout en posant cette question : qu’est-ce que la littérature ?

Des hommes et leurs mondes, Nadia Agsous, Entretiens avec Smaïn Laacher, Sociologue

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 20 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Des hommes et leurs mondes, Entretiens avec Smaïn Laacher, Sociologue, Editions Dalimen, novembre 2014, 212 pages . Ecrivain(s): Nadia Agsous

Croisement de deux grands regards sur le monde de l’émigration ; celui du sociologue, professeur à l’Université de Strasbourg, et membre du Centre d’études des mouvements sociaux, Smaïn Laacher, et de Nadia Agsous, journaliste, écrivain. Celle-là, pose les questions qu’il faut – une mine en soi – au spécialiste des migrants, pour permettre, en quelques chapitres, riches et fouillés, de dresser, non le point exhaustif, mais un tableau honnête, sur l’école des émigrés, les femmes et la violence, les clandestins, ou, les sans-papiers. Commençant cet ouvrage d’entretiens, une question : « Immigration, une présence provisoire ? » et le terminant, un inventaire fourmillant d’interrogations : « Insurrections arabes, penser la démocratie ».

Tout dans ce livre provoque intérêt et fixe l’attention, sur des sujets que chacun, à son aulne, s’il se veut citoyen, doit maîtriser, au-delà de ces discussions entre collègues, ou, pire, de comptoirs, où « on sait », on « a la solution »… que ce soit dans la sympathie, ou le rejet. Sus aux idées reçues, et leur poison socialement mortel ; voilà probablement une des raisons d’exister de cet ouvrage. Quel sujet porte, en effet, autant de poncifs, a priori, représentations à redresser ou à changer, que « l’Émigration » ?

Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur, Luis Sepúlveda

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Samedi, 20 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Métailié, Contes

Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur, dessins Joëlle Jolivet, octobre 2014, traduit de l’espagnol (Chili) par Anne-Marie Métailié 96 pages, 12,50 € (existe aussi en ebook, 9,99 €) . Ecrivain(s): Luis Sepulveda Edition: Métailié

 

De l’urgence de la lenteur, Il faut retrouver son escargot intérieur !

Luis Sepúlveda est né le 4 octobre 1949 à Ovalle, dans le nord du Chili. Il a reçu, entre autres, le prix de poésie Gabriela Mistral en 1976, le prix Casa de las Americas en 1979, le prix international de Radio-théâtre de la Radio espagnole en 1990, le prix du court-métrage de télévision de TV-Espagne en 1991. Il est en outre le fondateur du Salon du Livre ibéro-américain de Gijón (Espagne) destiné à promouvoir la rencontre entre les auteurs, les éditeurs et les libraires latino-américains et leurs homologues européens.

Cette Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur est son deuxième ouvrage publié avec l’illustratrice Joëlle Jolivet, le premier étant Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis, une histoire d’animaux encore, tout comme son Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler écrit en 2004 et Le Monde du bout du monde, illustré par Miles Hyman en 1993, tous parus aux éditions Métailié.

Faux Partir, Patrice Maltaverne

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Samedi, 20 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Faux Partir, Recueil de poèmes, éd. Le Manège du Cochon Seul [Nevers], septembre 2014, 60 pages, 9 € . Ecrivain(s): Patrice Maltaverne

 

Rien ne sert de courir : il Faux Partir. A point, mais Partir.

Par quelles voies, par quels chemins ? Suivant quelles voix ?

Si un recueil de Patrice Maltaverne s’annonce comme une invitation à un voyager vrai (cf. Préface Pierre Bastide pour Faux Partir) c’est que l’on sait que ses poèmes sont bons compagnons de voyage. Et si Faux Partir résonne – avec son titre comme d’injonction – avec une poésie particulière, c’est que l’on sait que celle de Maltaverne tient la route et que le recueil ne manquera pas de dépaysements.

Dépaysements salvateurs ou salutaires, avec bien des retours, de beaux arrêts sur images, moteur puissant en marche, et pour notre bel enthousiasme reconduit, le transport poétique garanti ! Grâce au poète passeur qui nous ouvre dans ce Faux Partir des chemins poursuivis en quatre-quatre (suite de poèmes composés pour chacun de 4 quatrains), ouverts sur l’inconnu après que la voie droite a été perdue,

Avec vous ce jour-là/Lettre au poète Allen Ginsberg, Sabine Huynh

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 19 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Poésie, Correspondance, Recours au poème Editeur

Avec vous ce jour-là/Lettre au poète Allen Ginsberg, Sabine Huynh, novembre 2014, 87 pages, 7 € . Ecrivain(s): Sabine Huynh Edition: Recours au poème Editeur

C’est une longue lettre datée du 1er juillet 2014 que Sabine Huynh adresse à Allen Ginsberg. Une lettre à un destinataire qu’elle a eu la chance de rencontrer quatre ans avant sa disparition. Ce n’est pas une lettre ordinaire. Ce texte, comme elle le dit elle-même, est une « lettre-essai-confession-commentaire », mais elle est bien plus que ça, on s’en rend très vite compte. C’est une lettre écrite pour être donnée au monde, lancée dans l’univers avec amour, admiration et le profond besoin de partager ce sentiment d’appartenir à une même communauté d’âme, qui d’emblée s’ouvre sur ces mots : Cher Allen Ginsberg. Merci d’avoir écrit et se termine sur les mêmes. Une lettre qui peut se lire comme une déclaration d’amour et qui prouve s’il fallait encore le redire combien l’écriture se transporte au-delà de nos vies et de celles de nos auteurs disparus, qui rappelle combien les mots peuvent être salvateurs, comment l’écriture, la poésie, la littérature, nourrissent et guérissent parfois. Et, c’est bien de cela qu’il s’agit, Sabine Huynh réussissant ainsi à relier Allen Ginsberg à tous ceux qui ont été un jour transportés comme elle par l’œuvre de ce grand poète « juif, américain, homosexuel, russe… athée, pacifiste, bouddhiste, chanteur, musicien et davantage… Abondance de talents, personnalité multitudinaire, homme extraordinaire… » et tous les autres qui le découvriront.