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L’équation du nénuphar, Pascale Petit

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 20 Janvier 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Editions Louise Bottu

L’équation du nénuphar, octobre 2015, 126 pages, 14 € . Ecrivain(s): Pascale Petit Edition: Editions Louise Bottu

« comme si d’emblée on connaissait la fin et qu’on faisait semblant de se concentrer sur le comment le pourquoi

un scénario si impeccablement logique qu’ils n’en ont plus eux-mêmes le véritable usage

aucun mobile »

Les équations comme les romans recèlent des inconnues, des variables, et le lecteur se doit de tenter de résoudre, de se prêter à ce réjouissant jeu littéraire. Pascale Petit s’emploie tout d’abord à brouiller les règles de la ponctuation, de la composition littéraire, point de virgule, ni de point-virgule, perdus les points qu’ils soient uniques ou de suspension, point de point pour fragmenter le roman, pour le relancer, pour qu’il se pose, qu’il retrouve des forces. Seuls perdurent parfois quelques exclamations ! Cette équation introuvable et inachevée, enquête sur la narration, sur la naissance du roman, sur l’auteur et ses propres équations impossibles, sur ses hésitations, ses doutes, ses rêves et ses envies. Les phrases de cette équation du roman s’allongent comme les vagues d’un dialogue, échange d’associations et de mots que l’on aurait pu entendre dans un film romanesque de Jean-Luc Godard, ou sur la scène d’un théâtre. Un roman dialogué sur le fil du rasoir, sur le fil de la rencontre amoureuse, de l’image, de la perte et du saisissement.

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, Stefan Zweig

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 20 Janvier 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue allemande, Nouvelles, Folio (Gallimard)

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme (Vierundzwanzig Stunden aus dem Leben einer Frau), février 2015, Edition bilingue (allemand/français) annotée par Jean-Pierre Lefebvre, trad. français Olivier Le Lay, 201 pages, 4,10 . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: Folio (Gallimard)

 

Toujours doublement précieuses sont les éditions bilingues des grands textes littéraires. Le lecteur français germanophone et le lecteur allemand francophone apprécieront certainement celle-ci en particulier, mais nulle nécessité d’être bilingue pour se laisser prendre aux qualités intrinsèques du récit, qui bénéficie de l’excellente traduction d’Olivier Le Lay.

La scène a pour cadre, au début des années 30, une pension hôtelière bourgeoise de la Riviera, où se côtoient les membres d’une société à la Somerset Maugham, à la Maupassant, où chacun observe chacun, où chacun commente, critique, juge et sanctionne les gestes et les paroles de chacun, au nom d’une morale étriquée appliquée de manière immédiate et arbitraire au vu de la seule superficialité des faits.

L’avenir des Anciens, Oser lire les Grecs et les Latins, Pierre Judet de La Combe

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mercredi, 20 Janvier 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Albin Michel

L’avenir des Anciens, Oser lire les Grecs et les Latins, décembre 2015, 208 pages, 18 € . Ecrivain(s): Pierre Judet de La Combe Edition: Albin Michel

 

A l’heure où les récents programmes du collège, applicables à la rentrée scolaire 2016, viennent de porter un coup à l’enseignement des langues anciennes, l’ouvrage de Pierre Judet de La Combe prend la forme d’un plaidoyer raisonné en faveur de la lecture des textes des Grecs anciens et des Romains, si possible dans leur langue, et donc de l’apprentissage des langues anciennes, latin et grec, dans l’enseignement secondaire.

Il s’agit tout d’abord de combattre la thèse rebattue que l’apprentissage des langues anciennes est une manifestation d’élitisme et sert surtout la progression des bons élèves. Au contraire, dit Pierre Judet de La Combe, « savoir lire, bien lire, est un droit démocratique, comme il y a le droit à la langue, à savoir le droit de comprendre ce qui est dit et écrit et de se faire comprendre ». Les langues anciennes, comme les langues vivantes d’ailleurs ou la syntaxe du français, « n’accentuent pas le clivage entre les classes sociales. Ce sont d’extraordinaires moyens de promotion » dans les zones dites sensibles du territoire. Leur apprentissage nécessite rigueur et persévérance, deux qualités qui sont au fondement des savoirs, lentement acquis et construits au fil du temps.

Corps Conducteurs, Sean Michaels

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 19 Janvier 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Canada anglophone, Rivages

Corps Conducteurs, janvier 2016, trad. anglais (Canada) Catherine Leroux, 448 pages, 22 € . Ecrivain(s): Sean Michaels Edition: Rivages

 

Sean Michaels (1982) est un Canadien multi-talentueux : créateur du très influent blog Said The Gramophone, il a écrit sur la musique, ainsi que sur les voyages et la culture, dans nombre de médias importants, de Pitchfork au Guardian en passant par The Wire. Dans toutes ces publications, il a pu exercer sa plume et se montrer fin et sensible observateur (il fait partie des premiers journalistes à avoir repéré Arcade Fire entre autres). Il est donc peu surprenant que son premier roman ait pour thème un musicien, ou du moins un inventeur ayant donné son nom à un instrument de musique, Léon Thérémine (1896-1993, en russe : Lev Sergueïevitch Termen) et soit un bijou d’écriture sensible, finement ciselé.

Corps Conducteurs se présente comme une autobiographie, une réflexion sur la propre histoire de son narrateur, ainsi que l’indique la première phrase : « J’étais Léon Termen avant d’être le docteur Thérémine, et avant d’être Léon, j’étais Lev Sergueïevitch ». Mais l’auteur prévient en note : « Ce livre est un ouvrage de fiction rempli de distorsions, d’élisions, d’omissions et de mensonges. […] Quiconque souhaite connaître la véritable histoire de Termen devrait lire Theremin : Ether Music and Espionage, d’Albert Glinsky, un volume méticuleusement documenté auquel ce roman est grandement redevable ».

Zaï Zaï Zaï Zaï, un road movie de Fabcaro

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 18 Janvier 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Albums, Bandes Dessinées

Zaï Zaï Zaï Zaï un Road-Movie de Fabcaro, éd. 6 pieds sous terre, janvier 2016, 72 pages, 13 € . Ecrivain(s): Fabcaro

 

Allons bon ! Voilà que l’on se met à causer Bande dessinée sur La Cause. BD. Une BD qui plus est dans le registre comique. Bidonnant même. Qui plus est, comme si cela ne suffisait pas à discréditer le rédacteur et le comité de rédaction, une BD écrite et dessinée par un auteur. « Comment ça un auteur ? » pourraient être tentés de répliquer les amateurs de littérature « sérieuse ». Pardon de Littérature. Bon un auteur de BD, c’est vrai. Mais pas sûr que ça arrange les choses… Même si la génération Pilote (matin, quel journal !) a depuis longtemps gagné toute la respectabilité souhaitable (souhaitable ?) en certains lieux, tel qu’Angoulême, la BD reste un art ou un genre que seuls les « grands enfants » prennent au sérieux, non ? Mais revenons à l’œuvre…

Zaï (4 fois)… Que dire d’un titre pareil ? On dirait un refrain de variété des années soixante ! Non, sérieusement, c’est quoi ce truc ?