Identification

La Une Livres

Zé, Gus Sauzay

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 18 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles

Zé, Éditions Trente-trois morceaux, octobre 2017, 72 pages, 12 € . Ecrivain(s): Gus Sauzay

 

Zé a cinquante-deux sœurs, qu’il a le mérite d’assez bien connaître. On ne saura de lui que le destin congru que lui laissent leurs aventures successives.

Voici neuf d’entre elles, pour donner idée du monde (c’est son premier livre) de l’écrivain (36 ans) Gus (Guillaume ?) Sauzay :

« June, la deuxième sœur de Zé, a toujours refusé de devenir majorette, parce que les majorettes finissent toutes sous un tas de bûches ou dans une bétonneuse ».

« Belina, six ans, la sixième sœur de Zé, fait remarquer à sa mère que les oiseaux devraient voler sur le dos sous la pluie, s’ils voulaient se laver sous les bras ».

« La septième sœur de Zé est culturiste. Zé aime les énormes veines qu’elle a aux poignets, comme des racines de banyan sortant de terre ».

La note américaine, David Grann

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 17 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Récits, Globe

La note américaine, mars 2018, trad. américain, Cyril Gay 324 pages, 22 € . Ecrivain(s): David Grann Edition: Globe

 

David Grann persiste, à notre grand bonheur, à réveiller des affaires anciennes, à nous les raconter dans son style simple et fluide, à les autopsier enfin avec minutie. Ce n’est ici ni une fiction, ni une de ces exofictions qui la ramènent avec du fictionnel plaqué sur la réalité historique. Il s’agit d’une enquête d’investigation menée tambour battant, sur un fait divers incroyable survenu en Oklahoma.

Nous sommes dans les années vingt. Si les réserves indiennes d’Amérique végètent dans la quasi misère, celle des Osages, au bout de l’Oklahoma, connaît une prospérité ahurissante. On a trouvé des nappes extraordinaires de pétrole dans les territoires dont ils sont propriétaires et voilà nos Indiens milliardaires, ce qui donne lieu à une incroyable – et souvent cocasse – transformation du paysage traditionnel.

Maudit soit l’espoir, Burhan Sönmez

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 17 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Roman, Gallimard

Maudit soit l’espoir, janvier 2018, trad. turc, Madeleine Zicavo, 288 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Burhan Sönmez Edition: Gallimard

 

Depuis, au moins, Midnight Express (1978), les prisons turques traînent une réputation détestable et justifiée. Il est visible qu’en quarante ans les choses n’ont pas changé, comme s’il s’agissait d’une tradition dont le pays pût se déclarer fier, au même titre que les derviches tourneurs. Notons, sans la dénoncer, évidemment, l’étonnante passivité des organisations qui défendent les droits de l’homme, si chatouilleuses lorsqu’il s’agit d’autres pays de la région.

Au premier abord, le roman de Burhan Sönmez, Maudit soit l’espoir, est un réquisitoire accablant contre le système pénitentiaire turc, où la torture se pratique en dehors de toute extorsion d’aveux, sur des détenus aussi bien politiques que de droit commun, à qui les interrogateurs n’ont guère de questions à poser. La torture semble y être ce que sont les viols dans les prisons de femmes : une façon comme une autre de passer le temps. Burhan Sönmez connaît de première main la police et les geôles turques.

L’inconsolable et autres impromptus, André Comte-Sponville

Ecrit par Arnaud Genon , le Jeudi, 17 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, PUF

L’inconsolable et autres impromptus, mars 2018, 304 pages, 19 € . Ecrivain(s): André Comte-Sponville Edition: PUF

 

André Comte-Sponville est un philosophe à part dans le paysage intellectuel français. Il a su concilier l’exigence d’une véritable réflexion philosophique autour des problématiques qui lui sont chères et qui sont celles qui nourrissent la pensée depuis l’antiquité (le bonheur, la mort, l’amour, la sagesse, la foi et l’athéisme…) et la clarté, la pureté d’une expression qui la rendent non seulement accessible au plus grand nombre, mais surtout savoureuse et nourrissante. En fait, le travail du philosophe constitue une implacable illustration de ce que les mots saveurs et savoirs ont la même étymologie… Dans un entretien avec Sébastien Charles, André Comte-Sponville déclarait à ce propos avoir « voulu renouer avec cette tradition qui me paraît essentielle à la philosophie et de très loin dominante, qui veut que la philosophie s’adresse de droit à tout le monde et de fait au grand public cultivé » (1). En ce sens, il se situe dans la tradition de la philosophie française et de ses grandes figures telles que Montaigne, Pascal ou, plus proche de nous, Alain.

Le Cercle de l’aurore, Sylvie Méheut

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 17 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Le Cercle de l’aurore, Monde en poésie éditions, 2017, 219 pages, 13 € . Ecrivain(s): Sylvie Méheut

 

S’immerger dans la poésie revient ici à confirmer le décloisonnement entre texte poétique et « sciences dures », entre émotion devant le monde et une rationalité capable d’expliquer ce monde. Le poète a ainsi toujours raison, lui qui se surprend à surprendre la réalité dans ce qu’elle a pourtant de plus évident, de plus rationnel. Sylvie Méheut est de ces poètes qui s’émeuvent de tant de beautés naturelles et qui écrit cette émotion avec une précision paradoxale quand elle oscille entre étonnement devant tant de beauté que recèle notre monde et une volonté de s’y intégrer. Elle explore notre incapacité à intégrer ce monde et le sentiment que cette immersion seule peut nous fournir la clé.

Et c’est en tant que spectatrice qu’elle s’émerveille de toute la vie qui foisonne, chacun n’a qu’à prendre ce qui nous tend les bras, la jouissance d’être au monde est offerte à tous.

Et je n’attendais rien

Quand tout me fut offert