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Français langue morte, suivi de L’Anti-Millet, Richard Millet (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 07 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Français langue morte, suivi de L’Anti-Millet, éditions Les Provinciales, mars 2020, 170 pages, 18 € . Ecrivain(s): Richard Millet

 

« Précarité orthographique, pauvreté lexicale, misère syntaxique, dénuement spirituel… » (Français langue morte).

« Ce n’est pas la langue française qui est ma patrie : ce sont plutôt le silence et la hauteur que j’établis en elle » (Français langue morte).

« Que j’aie été écrivain n’implique pas que je ne le sois plus, de même que la mort médiatique n’empêche pas de vivre dans le plein emploi du silence » (L’Anti-Millet).

Tout bascule en 2012 pour Richard Millet, lors de la publication de Langue fantôme, suivi de Éloge littéraire d’Anders Breivik (1) (Pierre-Guillaume Roux). Le livre suscite une vive polémique dans les colonnes du journal Le Monde, une polémique en forme d’exécution sans procès, avec un écrivain en l’habit de procureur, soutenu par nombre de professionnels de la profession, dont un futur prix Nobel de Littérature. Il est question d’un acte politiquement dangereux, d’une dérive étrange et très inquiétante.

Soixante ans de journalisme littéraire, Tome 2, Les années Lettres Nouvelles, 1952-1965, Maurice Nadeau (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 07 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Editions Maurice Nadeau

Soixante ans de journalisme littéraire, Tome 2, Les années Lettres Nouvelles, 1952-1965, Maurice Nadeau, octobre 2020, 1600 pages, 39 € Edition: Editions Maurice Nadeau


La somme monumentale des travaux, jalonnant l’histoire littéraire française et internationale s’étendant de 1945 à 2013, de Maurice Nadeau, critique littéraire, éditeur, découvreur et promoteur très souvent avant-gardiste d’auteurs et de textes qui se sont inscrits de façon pérenne dans le corpus d’éminence de la littérature contemporaine, méritait bien d’être elle-même rassemblée en plusieurs livres qui sont autant de « monuments » littéraires. C’est ce devoir de « réunir ce qui était épars » que Gilles Nadeau, fils de Maurice, et Laure de Lestrange, se sont donné à cœur et à tâche de mener à bien. L’ensemble de l’édifice comprendra, une fois l’édition complète, trois imposants volumes qui, outre leur puissant intérêt littéraire, traduisent l’évolution de la pensée politique du journaliste.

Stoner, John Williams (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 06 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, J'ai lu (Flammarion)

Stoner, trad. américain, Anna Gavalda, 380 pages, 7,60 € . Ecrivain(s): John Williams Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

William Stoner est une sorte de prototype de l’anti-héros. Sa personnalité réservée, son ambition limitée, sa nature bienveillante et calme en font un personnage romanesque peu propice aux grandes envolées épiques. Et, en effet, ce roman n’a rien de l’épopée : les événements y sont d’une grande banalité, les rencontres peu colorées, les gens n’y sont guère extraordinaires.

Alors la question se pose : pourquoi et comment ce roman devient-il fascinant dans les mains du lecteur ? Parce qu’il ne faut pas s’y tromper : dans cette banalité d’une vie racontée, se niche… quoi ? La littérature. Par deux entrées, l’une est dans le talent narratif de John Williams, l’autre dans le basculement du personnage de Stoner qui – fils de paysans pauvres et petit étudiant en agronomie à l’université de Columbia-Missouri – va un jour, provoqué par un professeur de littérature lors d’un module de lettres – découvrir le dédoublement radical que propose l’œuvre littéraire, une sorte d’évasion de soi, d’élévation puissante qui propulse le brave garçon dans des mondes qu’il ne soupçonnait pas.

La fenêtre au sud, Gyrðir Elíasson (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Mardi, 06 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Pays nordiques, Roman

La fenêtre au sud, Gyrðir Elíasson, La Peuplade, 2020, trad. islandais, Catherine Eyjólfsson, 168 pages, 18 €

 

Deuxième volet d’un triptyque sur la solitude dont le premier est Au bord de la Sandá (La Peuplade, 2019), La fenêtre au sud est le journal d’un écrivain qui peine à écrire – ce dont on ne s’étonne guère en lisant son sujet : « l’histoire d’un couple qui se rend dans un hôtel de montagne à l’étranger pour revigorer son union ». Retiré dans une petite maison au bord de la mer, demeure d’un ami séjournant à l’étranger, il mène une vie solitaire dont il consigne minutieusement les menus faits, sur le ton de l’observation.

Dès la première page, une atmosphère sombre, épaisse et lourde est posée : maisons tassées, ciel couvert, brouillard infini, algues amoncelées… jusqu’au narrateur, qui se couvre de glace comme certaines montagnes. Tout est noir, ou gris, et même les éléments a priori anodins – nuit qui tombe, couvercle de la machine à écrire… – accentuent une sensation d’écrasement qui rappelle, l’angoisse en moins, certain couvercle baudelairien.

À l’ombre du Baobab, Alexandra Fuller (par Laurent LD Bonnet)

Ecrit par Laurent LD Bonnet , le Lundi, 05 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Jean-Claude Lattès

À l’ombre du Baobab, février 2020, trad. anglais, Anne Rabinovitch, 300 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Alexandra Fuller Edition: Jean-Claude Lattès

 

Alexandra Fuller, la vie, quoi d’autre ?

La société humaine a toujours eu besoin d’idoles ; le monde de la littérature française ne fait pas exception à cette règle. Ainsi voit-on, comme en cette rentrée littéraire, une partie de son paysage s’obscurcir des mêmes produits « tête de gondole et leurs clones », commentés à l’infini, prescrits plus que lus par une critique officielle qui devrait les ignorer, mais préfère en organiser un cirque médiatique, le plus souvent surjoué. Et l’on peut, à distance maintenant, se demander si l’apparition en février dernier dans le ciel littéraire de À l’ombre du Baobab, d’Alexandra Fuller, n’a pas établi l’aune d’un idéal vers lequel tendre en matière de récit, rendant aujourd’hui pitoyables de nombrilisme les imitations de la même quête qu’essaient de nous soumettre à travers leurs devoirs d’écoliers surdoués, les sieurs Carrère et Enthoven.