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La Une CED

Métaphysique de la poésie - Le Fils de la Montagne froide, de Han Shan, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 04 Novembre 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

à propos de Le Fils de la Montagne froide, de Han Shan, éd. Orphée-La Différence, septembre 2016, trad. Daniel Giraud, Calligraphie de Yu Wang, 128 pages, 8 €

 

Pourquoi lit-on de la poésie ? Sans doute pour y trouver les principes de nos existences prosaïques, et permettre de répondre aux questions essentielles, ainsi que de mesurer en quoi notre angoisse est productive. D’ailleurs cette croyance dans le pouvoir de la poésie répare le lecteur, et est une sorte de passion presque matérielle qui nous rend capables d’accepter le monde. Il en va exactement ainsi avec ce livre que publient les éditions Orphée-La Différence, poésie chinoise sans doute du VIIème siècle, ici présentée sous forme bilingue avec un travail calligraphique régulier, ordonné et rigoureux. On y trouve une expression de la beauté – justement une des raisons pratiques qui réparent notre condition d’homme. Et beau ici au sens strict de Kant, qui prône une beauté perçue universellement sans concept. Le beau permet d’augmenter notre puissance intérieure, et fait le fond métaphysique de cette poésie de la Montagne froide, laquelle revient aux plus simples questions, et pourtant énigmatiques et tant de fois évoquées, comme : où allons-nous, ou qui sommes-nous ?

Arts et traditions de Sumba, Véronique Paccou-Martellière, Thomas H. Hinterseer

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Jeudi, 03 Novembre 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Interrogé en 1965 sur les découvertes des hommes qu’il faudrait léguer à nos successeurs, Lévi-Strauss dit ceci : « Je mettrai dans votre coffre des documents relatifs aux dernières sociétés primitives en voie de disparition, des exemplaires d’espèces végétal et animal proches d’être anéanties par l’homme, des échantillons d’air et d’eau non encore pollués par des déchets industriels, des notices et illustrations sur des sites bientôt saccagés par des installations civiles ou militaires. (…) Mieux vaut donc laisser quelques témoignages que, par notre malfaisance et celle de nos continuateurs, ils n’auront plus le droit de connaître : la pureté des éléments, la diversité des êtres, la grâce de la nature, et la décence des hommes ».

L’ouvrage de Véronique Paccou-Martellière et Thomas H. Hinterseer sur les « Arts et traditions de Sumba » (éditions Le Livre d’Art) évoque un regard, un monde spirituel et matériel, sur une culture qui fut très longtemps ignorée. Entre croyances, traditions et coutumes des Sumbanais, les auteurs, à travers des centaines d’objets sacrés et utilitaires, collectés durant ces vingt dernières années, nous présentent les témoins de cette complexité́ culturelle. Témoignages multiples d’une des 922 îles habitées de l’Indonésie et qui conserve encore de nos jours une partie de ces mystères.

Mère (8), par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 01 Novembre 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

La mort bien avant la vie, n’est-ce pas ?

Ou le contraire ?

Le dernier vêtement.

La dernière chemise.

Tu connais ce film de Powell où l’héroïne récupère les larmes d’un défunt, de son amant qui est entre la vie et la mort. Tu vois, je suis sensible et je me rappelle.

Le Concerto Aranjuez.

Ecoute, je suis ému.

Je ne parle pas sans arrêt de suicide et de mort, cela m’arrive parfois, c’est tout.

Carnets d’un fou, XLIV Septembre 2016, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Lundi, 31 Octobre 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

« L’homme / lentement/ a fait l’homme // Puis / l’homme a fait / l’argent // Puis l’argent / a fait / de l’homme / un jeu // Puis l’argent / a fait / de l’argent / sans homme »

Werner Lambersy, Rubis sur l’ongle, p.76

 

« Il existe une sorte d’homme toujours en avance sur ses excréments »

 

René Char, Fureur et mystère Feuillets d’Hypnos# Vous n’allez pas vous plaindre. Je vous les ai choisis insoupçonnables nos poètes, et même on ne peut plus admis pour le second, l’Héraclite de notre temps, le temps des retours après des rêves de plages et d’îles merveilleuses quoique vues mille fois sur les affiches, les écrans, les cartes postales. Et puis quoi, c’est bien le grand Sigmund qui compara l’argent à de la crotte ! Allez, l’univers tourne rond, la terre est bleue comme une orange, un autre poète l’a certifié au siècle dernier. Que voulez-vous encore ?

Le 2/IX

Un palimpseste pour l’oubli !, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Samedi, 29 Octobre 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

La vie est saturée d’histoires fantasmées, de légendes inventées, de rumeurs infondées. Mais il faut reconnaître que celles qui circulent depuis quelques années sur la Casbah frôlent l’incroyable ; elles dépassent l’entendement ; elles bousculent l’ordre des certitudes ; elles étonnent jusqu’à l’incompréhension ; elles flirtent avec la folie, et parfois, elles transcendent l’irrationnel.

Tout d’abord, il y a ma mère qui excelle dans l’art de narrer des histoires à faire dresser les cheveux sur la tête. A chaque fois que je l’ai au bout du fil ou qu’elle vient me rendre visite à Paris, elle passe le plus clair de son temps à me raconter dans le menu détail le moindre fait divers entendu au sujet de ce quartier où j’ai ouvert les yeux sur la vie, cette grande machine qui fait, défait, contrefait et refait les destinées !

Puis il y a mes copines qui n’y vont pas de main morte. A chaque retour du pays, elles ne ratent pas une seule occasion pour me brosser un tableau des plus sombres de ce quartier populaire qui enchanta tant d’âmes !

Et il y a les journaux qui, faute d’organiser des reportages in situ, se contentent de colporter des histoires inventées de toutes pièces qui inspirent la peur et alimentent la terreur.