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La Une CED

Trois autres poèmes d’Encres de songerie (Editions Unicité, 2018) (par Clément G. Second)

Ecrit par Clément G. Second , le Lundi, 28 Janvier 2019. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Un chat, qu’attendre à vue ténue rapproche,

se coule ici et là, fondu dans sa demi-présence

 

Aux doigts du matin qui s’étire, il allume

sa fourrure grisée de lueurs d’avant-jour

 

La main en l’atteignant le perd, quand elle croit

trouver le vide se surprend

à longer, effleurer son charme qui s’esquive

Œuvres complètes, I et II. Nouvelles et récits, Romans, Franz Kafka en la Pléiade (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 25 Janvier 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Œuvres complètesI et II. Nouvelles et récits, RomansFranz Kafka, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, novembre 2018, trad. allemand (Autriche) Isabelle Kalinowski, Jean-Pierre Lefebvre, Bernard Lortholary, Stéphane Pesnel, édition publiée sous la direction de Jean-Pierre Lefebvre avec la collaboration d’Isabelle Kalinowski, Bernard Lortholary et Stéphane Pesnel, 1408 et 1088 pages, 60 € et 55 € (prix de lancement jusqu’au 31 mars 2019)

 

« Le Voyageur du tramway » (traduction précédemment parue dans la Pléiade) :« Je suis debout sur la plate-forme du tramway et je suis dans une complète incertitude en ce qui concerne ma position dans ce monde, dans cette ville, envers ma famille. Je serais incapable de dire, même de la façon la plus vague, quels droits je pourrais revendiquer à quelque propos ce soir. Je ne suis aucunement justifié de me trouver ici sur cette plate-forme, la main passée dans cette poignée, entraîné par ce tramway, ou que d’autres gens descendent de voiture et s’attardent devant des étalages. Personne, il est vrai, n’exige rien de tel de moi, mais peu importe ».

Ce qui nous revient, Corinne Royer (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 25 Janvier 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Ce qui nous revient, Corinne Royer, Actes Sud, janvier 2019, 272 pages, 21 €

Dans le dernier roman de Corinne Royer, l’énigme du titre Ce qui nous revient est propre à intriguer le lecteur. Un voile se lèvera peu à peu au fil des pages et si la question reste en suspens, ce n’est pas primordial. Souvent, la question est plus importante que la réponse.

Le roman s’ouvre sur un prologue. La scène se passe à Paris, rue de Douai. Une rapide et haletante montée de cinq étages, un bouquet de vingt-et-une tulipes. Ce nombre n’est pas anodin. La clef de ce mystère chiffré se révèlera très vite à nous. Deux femmes se retrouvent après trois mois d’absence.

Toute l’intrigue se noue autour de ces deux femmes, dont au départ les chemins ne devaient pas se croiser. La première, âgée de quatre-vingt-douze ans, c’est Marthe Gautier, pédiatre, cardiologie, chercheuse, technicienne dans un laboratoire de cultures cellulaires, et pionnière dans la découverte de la trisomie vingt-et-un. On fera tout pour l’effacer, l’abolir, la nier. Elle sera « La chercheuse dépossédée » par Jérôme Lejeune, soutenu par les mandarins de la médecine. La deuxième c’est Louisa Gorki, jeune femme de vingt-six ans, qui fait des études de génétique. Elle est en dernière année de médecine à Marseille et tente de finaliser une thèse intitulée justement « De la culture cellulaire à la mise en évidence d’un chromosome surnuméraire dans le syndrome de Down. Découverte de la première aberration chromosomique autosomique (1959) ».

September, September, Shelby Foote (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 24 Janvier 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, USA, Roman

September, September, Shelby Foote, Gallimard, trad. américain Jane Fillion

Décidément, Shelby Foote ne fait rien comme aucun autre écrivain. Dans ce roman, il s’attaque au genre « polar » mais aucun des codes connus de ce genre ne sont ici appliqués. Si bien que, si ce livre est un polar, alors tous les polars n’en sont pas. A travers l’intrigue qui tient September September, Foote va décliner toutes ses obsessions : le Sud bien sûr, son histoire, ses démons, les rapports entre blancs et noirs, la dérive des petits blancs vers le crime, les rapports sulfureux entre hommes et femmes et, toujours, en fond de tableau, l’Histoire des USA, la monographie du Delta, la mythologie sudiste.

On connaissait les polars violents, les polars où l’action tient en haleine, les polars mystérieux, les polars psychologiques. Foote invente un genre unique : le polar au ralenti. L’intrigue est des plus simples, des plus classiques : trois petits malfrats blancs du Delta, deux hommes et une femme, montent un coup. Ils vont enlever le petit garçon d’une famille noire de Memphis pour rançon. Puis ils le séquestrent et négocient avec les parents. On le voit, rien de bien stupéfiant. Ce qui l’est totalement, c’est la narration de Shelby Foote. Les scènes du drame sont en écho permanent. Dans Tourbillon, Foote nous avait déjà esquissé cette structure : une même scène racontée par différents personnages. Ici, c’est la règle.

Voyager dans Gary (2), plaidoyer pour la fiction (par Laurent LD Bonnet)

Ecrit par Laurent LD Bonnet , le Jeudi, 24 Janvier 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques

Mon propos, à travers cette série de trois articles, consiste à interroger le sens de l’œuvre de Romain Gary, essentiellement Gary, à travers trois romans. Un point de vue forcément orienté. Un choix. Pour comprendre qu’un chemin d’auteur se construit au fil des ans. L’appréhender c’est l’illustrer. Voici celui de « mon » Gary.

Les Racines du ciel (Goncourt 1956), fondateur, politique et visionnaire. Les Enchanteurs (1973), l’art l’imaginaire et l’amour salvateurs. Les Cerfs-volants (1980),testamentaire, espérant et humaniste.

 

Les Racines du ciel – 1956 – Gallimard Folio – Préface de 1980.

2018 : Les Racines du ciel, ou la vacance de Monsieur Hulot.

« L’humilité n’est pas la vertu dominante des romanciers. Ils ne craignent pas de prétendre au titre de créateur. Des créateurs ! Les émules de Dieu ! À la vérité ils en sont les singes. Les personnages qu’ils inventent ne sont nullement créés, si la création consiste à faire quelque chose de rien. »