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La rentrée littéraire

Comment trouver l'amour à cinquante ans quand on est parisienne (et autres questions capitales), Pascal Morin

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 15 Janvier 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, La Brune (Le Rouergue)

Comment trouver l’amour à cinquante ans quand on est Parisienne (et autres questions capitales), janvier 2013, 192 p. 18 € . Ecrivain(s): Pascal Morin Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

Derrière un titre à rallonge (serait-ce un effet de mode ?), Pascal Morin offre aux lecteurs, dans ce cinquième ouvrage, un conte contemporain résolument optimiste. Inutile de chercher parmi les protagonistes, dont les vies vont s’entrecroiser au fil du récit, un véritable méchant. Tel n’est pas son propos.

Personnage pivot du roman, Catherine Tournant, professeur de français dans le neuf trois, exilée de sa province natale, Parisienne d’adoption, de cœur et de culture, est, sans le vouloir ni le préméditer, au centre d’un petit maelström qui va transformer radicalement la destinée d’une poignée de personnes, sans épargner la sienne.

Choisissant de bâtir son roman autour de clichés de société, Pascal Morin prenait des risques calculés. La façon dont il campe ses principaux personnages est, à ce titre, édifiant :

Natacha Jackowska, 18 ans, jeune lycéenne rebelle et paumée, anorexique parce que orpheline d’une mère émigrée polonaise morte « étouffée par son propre corps devenu difforme », est obsédée par son look.

La tunique de glace, William T. Volmann

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 12 Janvier 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi

La Tunique de glace (The Ice-Shirt), traduit de l’anglais (USA) par Pierre Demarty janvier 2013, 680 p. 22 € . Ecrivain(s): William T. Volmann Edition: Le Cherche-Midi

 

La Tunique de Glace est l’un des « Sept rêves » de William T. Vollmann, une saga monumentale dont, à ce jour, quatre volumes ont été publiés : les volumes 1 (La Tunique de glace), 2 (Fathers and Crows, 1992, inédit en français), 3 (Argall : The True Story of Pocahontas and Captain John smith, 2001, inédit en français) et 6 (Les Fusils, 1994, Le Cherche-Midi, repris en Babel).

Dans ses Sept rêves, William T. Vollmann cherche à créer une « Histoire symbolique » de l’Amérique, c’est-à-dire un récit de ses origines et de ses métamorphoses. Et Vollmann n’est, bien heureusement pour nous, pas un historien ! Avec lui, la vérité n’est pas toujours littérale. Il prend ses aises avec elle. Il mélange les récits, triche sur les emplacements et les descriptions, détourne ses sources (l’auteur nous l’avoue, mais le profane n’y verra sans doute que du feu…).

Pour Vollmann, cette infidélité permet « une appréhension plus profonde de la vérité ». Il dit qu’il fait dans ce Rêve plusieurs choses qui n’ont, à strictement parler, aucune justification, mais à ses yeux, cela signifie qu’elles sont « parfaitement valables ».

Tes yeux dans une ville grise, Martin Mucha

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 08 Janvier 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, Asphalte éditions

Tes yeux dans une ville grise, 10 janvier 2013, 16 €, 192 p . Ecrivain(s): Martin Mucha Edition: Asphalte éditions

 

 

Martin Mucha offre avec ce roman singulier et attachant un panorama kaléidoscopique d’une époque et d’une ville. L’époque est la fin du vingtième siècle, la ville est Lima, une ville qu’il traverse chaque jour et qui lui donne l’occurrence d’une perception plurielle du monde urbain. Si Jeremias, le narrateur, nous fait voyager dans la capitale péruvienne de long en large, Lima est le personnage principal du texte. Deux moyens de transport sont privilégiés en raison de la modicité du coût, le bus et le combi. « A voir les gens derrière les vitres du bus, on dirait qu’ils sont attrapés dans un écran ». Vision du monde urbain qui n’offre aucun attrait, sauf à considérer les populations comme canalisées par une force qui les contraint. Jeremias n’aime pas sa ville, d’autant moins qu’elle sécrète des « prophètes », tel ce « cinglé qui monte dans le bus pour disserter sur la société et la folle religion qui est la sienne ».

Les quatre éborgnés, Alice Massat

Ecrit par Gilles Brancati , le Mardi, 08 Janvier 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Joelle Losfeld

Les quatre éborgnés, sortie : 10 janvier 2013, 160 p. 16,90 € . Ecrivain(s): Alice Massat Edition: Joelle Losfeld

 

Bienvenue chez vous, « frères humains ». Jusqu’à quel degré ressemblons-nous aux personnages du livre. Sommes-nous Lune, Jefferson, Gaspard, Ugolin ou bien plus sûrement un peu tous à la fois au gré des circonstances de nos vies. Par choix ou par nécessité ? Car c’est le propos de ce livre : jusqu’où sommes-nous capables d’aller pour satisfaire nos besoins ? Jusqu’à demander un sac rempli de billets de banque en échange d’une déclaration publique ? S’agit-il d’un « œil pour œil », d’individus en situation d’échanges permanents. Feutrée ou plus violente, la sollicitation des autres et l’ajustement de nos comportements est permanent.

Lune débute un stage dans un journal qui hésite pour sa une entre deux sujets et les traite parallèlement jusqu’au dernier moment. S’ensuivent des rencontres dans un univers beaucoup plus réduit qu’on ne le croit. La « une » la plus probable concerne un écrivain dont Lune est devenue la secrétaire par le hasard d’une rencontre et dont il est le protecteur. Elle n’a pas d’objectif précis, elle est en errance affective et professionnelle et sans les ressources qui lui offriraient une autonomie. Ses choix, comme ceux des autres, sont alors guidés par la nécessité. Elle n’y échappe pas, elle est une héroïne ordinaire.

Loco, Joël Houssin

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 20 Octobre 2012. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, Science-fiction, La Une Livres, Roman

Loco, Ed. Ring, 20 septembre 2012, 240 p. 16 € . Ecrivain(s): Joël Houssin

« La planète n’était plus qu’un gigantesque mausolée à ciel ouvert de cinq milliards de morts ».

« On ne voyait, en guise d’étoiles, que le ciel de cendres qui crachait de temps à autre toute sa merde noire et radioactive sur la terre, ondées infécondes dont il fallait se protéger pour survivre quelques mois de plus… ».

Un programme fou, la Black Box, a déclenché une catastrophe nucléaire. La planète a été ravagée, elle n’est plus qu’une terre gorgée de sang. Désormais, deux mondes cohabitent. D’un côté les rescapés et de l’autre les contaminés. Les premiers errent dans les paysages dévastés, avec une espérance de vie limitée. On n’y rencontre quasiment jamais de vieillards, et les enfants sont plus que rares. Les seconds sont protégés dans leur bulle, à l’abri de l’atmosphère empoisonnée.

Le monde que décrit Joël Houssin pourrait être le monde de demain. C’est peut-être déjà celui que nous connaissons aujourd’hui, dans une métaphore à peine voilée. Deux classes antagonistes, une autre forme d’apartheid. D’un côté les gens en bonne santé, de l’autre les contaminés. Aucun terrain d’entente n’est et ne sera possible. Les uns ne peuvent aller dans le monde des autres sans se faire contaminer. Les autres sont exterminés s’ils tentent de s’infiltrer dans le monde protégé.