Villon à la Pléiade. Peut-on oser dire – tout en saluant hautement cet événement - qu’on pensait que c’était le cas depuis le premier volume de cette prestigieuse collection ? Hors la boutade, il est vrai que c’est avec François Villon que commence la littérature française moderne. Par sa langue – le français francilien qui est la source principale de notre langue nationale. Par ses thèmes, radicalement modernes : la Mort, la Douleur, la Justice, la Pauvreté, la Jouissance. Par sa sensibilité enfin, à fleur de peau, exaltée, rugueuse. Il y a chez Villon quelque chose de pur, de total, de brut - avant le polissage – on pourrait l’écrire « poliçage » - du XVIème siècle. Et c’est cet état originel qui en fait le poète le plus moderne qui soit, le frère en Lettres de Baudelaire par exemple.
La préface passionnante de Jacqueline Cerquiglini-Toulet condense tous les mystères qui entourent Villon – et Dieu sait s’il en est ! Jusqu’à son nom, sa naissance, son enfance, ses méfaits, ses condamnations, sa disparition en 1463 et, bien sûr, sa mort, à jamais d’une opacité parfaite (sauf stupéfiante découverte). Rien n’est sûr autour de Villon quant à sa biographie. Sauf l’essentiel : notre « escholier » fut un jeune homme peu recommandable, probablement assez dangereux à fréquenter.