Constellations est l’épopée d’un corps, d’un corps souffrant et bataillant contre mille maux sans désarmer jamais, quoiqu’il soit souvent défait – mais toujours provisoirement. Monoarthrite et hanche en titane et en porcelaine, opérations multiples, césariennes, leucémie, kystes… Que le sous-titre soit Éclats de vie en dit long, même s’il est équivoque et suggère aussi que la vie vole en éclats, sur l’esprit, la vitalité et le courage de l’auteure – on songerait plutôt, à ne considérer que l’inventaire de ces maux, à éclats de mort.
Car Sinéad Gleeson ne nous en épargne aucun, ce qui fait de Constellations un livre âpre, dur et lourd – d’une lourdeur qui n’accable pourtant pas : quels que soient la précision de ses propos, les détails qu’elle livre et l’intensité des souffrances qu’elle exprime sans les atténuer, elle ne geint ni ne se plaint. Il semble plutôt qu’elle prenne acte de toutes les mésaventures qui arrivent à son corps, qu’elle en rende compte comme autant d’expériences, avec un mélange de distance et de proximité : elle raconte au plus proche de son corps, au plus serré de ses pores, de l’intérieur, mais avec une distance d’observatrice d’elle-même, de ses souffrances et de ses réactions.